Est-ce que le ventre vide

............................... - Est-ce que tu veux du café ?


Oui je veux
me réveiller


............................... - Une tartine ?



Et mourir de faim
me laisser.





............................... - U-ne tar-tine ?



La radio de froid grésille
Un homme enfermé dedans y tremble de nouvelles




............................... - Tu ne prends pas le couteau ?



Je ne sais pas.




La pièce vibre nouvellement. Froid. Un air démarre.
Un air de rien petite boite petit quotidien



(On tourne en rond
...........................mais avec entrain.)






.................................... - Tu as oublié ta serviette



sur mes genoux dépliée



« Autant mourir avec grâce ! »
Je me dis.


Blanche
Sur mes genoux des plis



..................................- Et du sucre, tu en veux ?




Non. Oui. Je ne sais pas.
Je veux que tu reprennes tes mots qui
.......... - Je ne sais pas -
depuis des heures
..............................fon-dent


...............................................sur ma langue.





...............................- Alors, tu sais ou tu ne sais pas
.................................si du sucre
..........................................................tu en veux ?



.................................... - Je ne sais pas je ne sais pas je ne sais pas mais





Oui
Après tout



Autant ne pas partir







................................ le ventre vide.

Beaucoup d'émotions, mine de rien dans ce texte qui retourne , ne serait-ce que pour cet homme qui tremble de nouvelle.. et puis le reste....

Toujours cette distance prise par rapport à l'émotion, cette incertitude, ce tremblé, cette sensibilité de sensitive "ne me touchez pas" j'essaie de ne pas vous toucher ou pas trop ou à mots couverts, parfois à mots couvercle pour gens-pot-au feu qui ont les yeux dans le bouillon, Lyra, j'aime vraiment beaucoup ce que tu écris , ça me fait penser à des collages de Max Ernst, à certains tableaux de Magritte, à Hopper et à La Lecture de Verlinde.... ( et je m'aperçois que c'est toujours à des peintres que je me réferre en ce qui te concerne !Pas un hasard ! )

D'abord, j'aime bien qu'un texte me laisse respirer. Plus encore, qu'il m'autorise des pauses pour la réflexion (qui correspondent évidemment au rythme du narrateur). Et que, ces quelques mots tout ordinaires pèsent lourd et en disent tant, une histoire empreinte de gravité, avec une tristesse sous-jacente parfaitement perceptible. J'aime bien aussi me retrouver différente en fin de lecture, et tant pis si cela signifie être mal à l'aise.

J'aime surtout :
- Tu as oublié ta serviette



sur mes genoux dépliée



« Autant mourir avec grâce ! »
Je me dis.

et


Oui
Après tout



Autant ne pas partir







le ventre vide.

Et je rejoins Coline sur l'aspect "collages", oui.

j'ai bien aimé ces degrés de lecture multiples.

au début je me suis dit
...ca y est ... encore un germinal... au bon pays d'abondance....

et puis
j'ai lu jusqu'au bout
et le texte m'a ouvert sa fenêtre
de poésie

merci

(je remonte le forum et les écrits du week-end, et pour l'instant, vous êtes ma lecture préférée)

pas mal ce texte. ça m'a un peu rappelé Valérie Rouzeau, je ne saurais pas dire pourquoi

moi ça m'a rappelé lyra !
et ça m'a fait plaisir
touchée coulée aussi, la forme, le fond, la place, vraiment vraiment bien

J'ai de la chance ce soir, je ne lis que de belles choses !

Tout en retenue, en silences. C'est bien balancé, équilibré, et le fond... le fond est là, cette banalité terrible du petit déjeuner, seule contre le monde en marche. Seule avec sa tartine. Merci !

sublime

"- Et du sucre, tu en veux ?"

Je trouve que toutes ces répliques ressemblent furieusement à un dialogue de Godard ^^
et j'aime ça.

Un texte qui laisse respirer, oui, vraiment bon