Les quatre éléments : La Terre

Les quatre éléments : Il paraîtrait que certains amateurs en redemandent. J'suis pas contre. Je vous livre donc la fleur de ma jeunesse. Restera plus que le Feu si vous en voulez, mais il faudra qu'on me supplie un tantinet, c'est mon genre cabotin qui veut ça...



LA TERRE

La Terre est Amour
Joseph Staline

Et la moutarde à l’ancienne
Gandhi


Des quatre éléments, la Terre est celui qui a le plus d’embonpoint. En effet, la Terre est plutôt enveloppée. Aristote avait déjà dit qu’elle était un peu ronde tandis que l’opinion générale lui estimait un ventre plat. Les Bordelais, quant à eux, la trouve gironde.

La Terre ne manque jamais de faire son petit tour quotidien pour se dégourdir les jambes en valsant sur l’air du
« Beau Danube bleu ». D’ailleurs elle adore Johann Strauss (nous en parlions encore ensemble pas plus tard qu’hier).

D’aucuns pourraient penser qu’elle ne roule que pour elle mais en fait, elle porte volontiers tout le monde sur son dos et offre des tours de manège sans réclamer le moindre argent.

La Terre possède ce tempérament caractéristique des êtres charismatiques, c’est pourquoi elle exerce une forte attraction sur son entourage. Elle est très possessive ; c’est qu’elle vous ferait tomber si vous la quittez !

La Terre n’a qu’un vice : elle fume des volcans. Si elle en abuse, elle se met à tousser, est prise de nausées et finit par vomir de la lave (beurk !). On se demande même si les volcans ne sont pas des anus, et si finalement quelques flatulences internes ne seraient pas à l’origine de pets violents suivis de diarrhées...

En général la Terre est propre, mais ça dépend des fois ; à certaines périodes, elle n’arrête pas de prendre des douches et à d’autres elle a la flemme de se laver. Elle peut même se montrer assez négligée quand elle se laisse pousser les herbes et les forêts. On a beau la raser, ça repousse tout le temps ! Heureusement le Feu est un bon coiffeur. À part ce dernier, elle ne supporte que l’Eau (d’ailleurs elle ne boit que de l’eau). En effet, l’Air aurait tendance à l’irriter un peu, surtout quand il la décoiffe avec ses tempêtes !…

La Terre n’a peur de presque personne : elle n’est pas impressionnée par l’Eau et ne craint pas la noyade ; le vent ne lui fait ni chaud ni froid ; elle ne redoute pas davantage le Feu, d’autant qu’elle y est parfaitement accoutumée à cause de son centre qui est un enfer intestinal... Seuls les continents la font trembler… Surtout quand ils dérivent.

La Terre a toutes les nationalités : au Portugal, elle est portugaise et très poilue, au Congo elle est congolaise et très noire, au Groenland, elle est Inuit et chauve de la calotte.

Il existe plusieurs formes de Terre :

- Terre glaise
- Terre meuble
- Terre promise
- Terre sainte
- Terre-plein
- Terre minus
- Terre ferme
- Terre/heure (déclinaison terrorisante de km/h)
- Terre cuite
- Terre gale
- Terre mite
- Terre orisée (avec de l’or dedans)
- Terre battue (association loi 1901)
- Terre & Benthine (deux héros ébénistes)
- Pomme de Terre (l’exception qui confirme la règle)


HISTORIQUE
La Terre vient de loin. Elle a erré à travers les ères comme un pauvre hère avec pas de fric, rien, choucroute sur le flouse, pas une thune, que dalle ! Elle a traversé des zones de non-lieu et d’interdiction bancaire, elle a même été à découvert, c’est pour dire ; elle revient de loin. Son origine remonte à la nuit des temps, c’est-à-dire qu’il faisait nuit dans ces temps-là et donc cette nuit était d’un autre temps lui-même perdu dans la nuit… Ce qui s’explique par :

uA = UA V2 Sin ℜ t dont on déduit :
io = UA V2 Sin (Φ t -✄ ) + ♫♪ CQFD

Tout commence donc par l’entrée en scène de l’Univers en soi, de son propre chef sur la scène de son univers perso par l’Univers lui-même, et dont il signa tout seul la mise en scène et la réalisation par ses propres soins (1).

1. Les éclairages sont d’Albert Einstein, les décors sont de Roger Art.

Dans un passé très reculé s’est produit un truc bizarre : Tout est sorti de Rien !… En fait, Tout était déjà Rien avant d’être Tout et vice-versa, et inversement en rétroaction réfléchie, Tout était Tout et Rien était Rien par abstraction du cataplasme spectral et cætera et caca boudin si je puis dire… Ce qui fait qu’on ne sait même pas quelle heure il était à ce moment-là car il n’y avait même pas de moment. Pffff… Continuons. Disons que tout d’un coup, une soupe très chaude est sortie de nulle part, on dit alors que l’Univers a accouché de lui-même, c’était donc un homo sexuel parthénogénétique (2).

2. La parthénogenèse est l’aptitude de certains organismes à l’autoprocréation. Vous auriez pu consulter le dictionnaire, ça m’aurait évité cette note de bas de page !

La Terre était dans la soupe avec les étoiles et ça faisait des yeux dans le bouillon. Mais elle ne ressemblait pas encore à ce qu’elle est aujourd’hui, c’était un bébé informe. Il fallut du temps pour que des particules toutes petites fassent une ronde, et comme elles avaient de plus en plus froid à cause de la soupe qui refroidissait, elles voulurent se réchauffer en se serrant les unes contre les autres ; c’était les sdf de l’époque.

La Terre commença à ressembler à un ballon de plus en plus gros jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de particules sdf autour. Dès lors, tout le monde eut bien chaud et, de surcroît, la Terre se chauffait, tranquille, à proximité de son âtre perso : le Soleil. Ce dernier – Monsieur on l’appelle, Monseigneur parfois, ou Dieu, ça dépend des gens –, lui, n’avait jamais froid. La Terre n’osait pas trop s’en approcher car il brûle le bougre (lui, c’est un mec, y craint pas la chaleur, l’est toujours en sueur… Sueur thermonucléaire, genre…). En réalité, le Soleil voudrait bien consumer la Terre et tout ce qu’il a autour de lui car il aimerait bien manger comme tout le monde tel un macrophage astral ! Il est un peu comme un ogre incinérateur qui cherche à éblouir et attirer son monde. À tous, il promet les étoiles (à défaut de promettre la Lune), mais tous se tiennent à l’écart.

Il faut dire quand même que quelques enfants jouent dans le système solaire, c’est une vraie cour de récréation ; la Terre a des frères et sœurs. Jupiter, c’est la plus grande (elle chausse au moins du 140.000 de diamètre). Quand on la compare à la Terre, on dit que c’est Laurel et Hardy. Quelquefois Saturne, qui n’a pas ses anneaux dans sa poche, titille un peu Jupiter en raillant : « Salut la citrouille, où est ton ver de Terre ? ». Heureusement, Jupiter est sympa, ce n’est pas comme Pluton, ce nabot froid et désagréable. Lui, on ne s’en occupe pas, il est trop loin et en plus il ne fait rien comme les autres, par exemple, il tourne à sa façon, il est très personnel... et par-dessus le marché, ce n’est même pas une planète.

Mais revenons à la Terre. Au début, elle était toute mouillée, aujourd’hui elle l’est un peu moins. Nous savons pourquoi : elle voulait se protéger de l’horrible atmosphère engendrée par le pet de Dieu, elle avait alors revêtu un manteau d’Eau. Elle était très moche à l’époque, noirâtre et lugubre. Heureusement pour elle, le Soleil est un bon frère, il envoya tellement de rayonnement sur l’atmosphère terrestre qu’il transmuta les gaz en un délice de fraîcheur et de bien-être. Il n’en fallait pas plus pour inviter la Vie ; ainsi apparurent les végétaux. La Terre changea de look, elle était devenue toute bleue et très jolie avec sa coiffure et ses continents. Ces derniers partirent bien vite à la dérive dans une euphorie généralisée, mais dans l’ensemble, la Terre se tint bien.

Actuellement, c’est la plus cool de toutes les planètes du système. Elle est tellement sympa qu’elle accueille tout le monde. Elle héberge n’importe qui, c’est pire que l’abbé Pierre et mère Térésa réunis. Elle a même accueilli dernièrement une créature miniature qui ne se prend pas pour n’importe quoi. C’est un truc qui bouge, ça n’a l’air de rien, mais ça met un de ces bordels partout ! c’est pire que des légions de poux et ça fait des ravages… Ça s’appelle l’Homme... Il paraît que c’est à l’image de Dieu... Il faudra que Dieu change d’image...

Intelligent, drôle, une bouffée d'oxygène ! Et pas du tout terre à terre

Dans l’ensemble j’aime plutôt, il y a des trouvailles hilarantes, un certain rythme et un côté léger et je-ne-me-prends-pas-au-sérieux. Beaucoup aimé l’historique par exemple.

Mais je trouve aussi à certains passages un aspect farce appuyée, "c’est là qu’il faut rigoler", ainsi qu’un espèce de tour complet un peu trop poussé, du genre "il fallait que je liste toutes les caractéristiques pour les détourner".
Surtout au début.

Peut-être en taillant un peu dedans pour raccourcir et alléger le tout.
Mais c’est histoire de pas grand-chose pour que ce texte soit jouissif de bout en bout.

C’est élémentaire, mon cher… et pourtant, voilà que l’élément « terre » se confond avec la planète. Celle-ci serait-elle un élément constitutif de toutes choses pour justifier ainsi la confusion ? Il y a un peu de terre partout, jusque dans nos yeux, mais ce n’est pas seulement le globe… terrestre ; il y en aura aussi sur nos têtes, mais trouve-t-on cette terre dans les étoiles, dans le soleil ? J’aimerais pouvoir tenir dans la main un peu de terre solaire… Une terre de feu, argentine sans doute.
Or la terre, cette matière, boue informe, molle, douce et humide, jusqu’au cristal, dur, clair, hyper structuré, est absente, et tout le monde minéral est absent. Même pour rire, dommage !

La terre est ronde, dites-vous, par son embonpoint. Qu’il y ait des terre-pleins invite pourtant à penser une ivresse terrienne responsable de ses pérégrinations soûlographiques autour du soleil.
Qu’elle ait trop bu, cette ivrogne, n’est pas une hypothèse à exclure, alors que votre affirmation : « d’ailleurs elle ne boit que de l’eau » paraît invraisemblable. A moins que l’eau bue soit de l’eau de vie, ce qui semble plus crédible. Que la vie soit apparue sur terre, et non ailleurs, vient d’ailleurs confirmer cette théorie.
Les assertions à propos de l’historique de la terre suscitent, elles aussi, quelques objections.
Si la terre fut « un pauvre hère avec pas de fric », si elle n’eut pas un rond, où a-t-elle trouvé sa forme actuelle, très ronde ? Où a-t-elle pu trouver les moyens de boire tout son soûl ? Et comment expliquer qu’il y ait de riches terres ? Et même une échelle pour les mesurer ? Voilà un argument qui secoue, non ?
Que dire de cette affirmation énorme : « Dans un passé très reculé s’est produit un truc bizarre : Tout est sorti de Rien !… » ? Une création ex-nihilo ! Anaxagore, Lucrèce, Lavoisier oubliés ! Pas rien. Ça change du Tout au Tout.
C’est donc mon com. en terre, très… terre à terre.

J'avais bu "L'eau" sans en prendre une goutte, voici la "Terre" trop cabotine pour moi... elle roule et s'en va de l'autre côté de l'horizon, le soleil s'est couché... une oeuvre de jeunesse dites-vous ?... il y a des tournures sympas, d'autres que je trouve déplacées, mal employées, ou vulgaires, qui ne passent, trop langue parlée : "caca boudin, anus, diarrhées, choucroute sur le flouse, pas une thune, que dalle...." mais en fait, c'est tout votre texte qui est écrit dans cette langue...
dommage, vous auriez traiter ce thème de "La Terre" avec la même dérision foldinguotte mais dans une toute autre langue...
Certains jeux de mots sont trop simplistes et n'apporte rien au texte :

Il existe plusieurs formes de Terre :

- Terre glaise
- Terre meuble
- Terre promise
- Terre sainte

décidément, je reste sur ma faim, en prose comme en poésie...

Beaucoup d'humour et un rythme soutenu pour ce texte. Si d'autres éléments sont disséminés ça et là, il faut que je les découvre. Vite !

Le feu ! Le feu ! Le feu !