Oui j'ai bien vu le sens profond de vivre (mais il m'a échappé)

I.

Scarifier l'univers d'un geste résigné
Sera toujours
Ce chant rauque de larmes offertes
Au bourreau

II.

C'est un collier brisé
Que je te laisse
Et avec lui mes orbites d'aveugle:
Ces pans de poèmes vierges comme des forêts qui
Ah !
Étouffent l'éclat
Du mendiant.

*

Mademoiselle Mademoiselle Mademoiselle
Pardon C'est embarrassant J'ai
Le souffle malade
Pardonnez-moi les murs
D'infini sont durs à défoncer
Pardon
Je n'ai plus d'or à vous offrir
Seulement
Et c'est trop peu pour l'avouer
Une épaule déboîtée
Ou un baiser
D'indifférence

III.

ET QUAND ON DEPOUILLERA TOUTE LA RICHESSE DES VERS
Je n'aurais pour amante
Que le rire métal des bijoux dérobés

Alors.

Alors le monde sera ce noeud à l'estomac
L'amour une lame de guillotine à lâcher sur les vers
Et l'ivresse la cocarde de ma gorge

Crachons des caillots d'étoiles
Et l'on trinquera SANTE!
Aux tempêtes de poèmes

ça a de la gueule, ça sonne, c'est rentre dedans

Sans beaucoup de ponctuation, le poème laisse le lecteur reprendre son souffle où le désire. Et j'aime beaucoup cet exercice.

L'ensemble me ravit, vraiment, le titre déjà évoque le contraste entre les certitudes et le questionnement. Ces thèmes sont abordés avec finesse, brio.
Merci.

J'ai surtout apprécié le 2ème passage du II (Mademoiselle, mademoiselle, etc...) en particulier avec le retour obsessionnel de "pardon". Convaincant et d'un lyrisme désabusé qui me plaît. J'aime assez aussi les trois derniers vers (je suis toujours partant pour trinquer SANTE)

Je crois décèler un manque de cohésion dans cette juxtaposition de textes dont chacun pourrait se suffire à lui-même. Je suppose qu'il y a un lien qui fait sens pour l'auteur, mais je dois être passé à côté.

ah oui, ya quelque chose, je guetterai

Vraiment rien à redire. C'est que du bon. Pas de mots en trop pour le coup :-). Je suis curieuse de lire d'autres textes de toi de cet ordre.

Ecrire pour témoigner de son impuissance, de l'impuissance des mots a appréhender le réel, exercice paradoxal quand il est réussi. Comme ici.

Joli collier de larmes poétiques qui se termine en apothéose par le cou tranché. Chaque strophe est une lame de rasoir ajoutée. Ô le collier ! La maladie et le désenchantement semblent servir le poète. Alors il peut les bénir ; je crois qu'il n'est pas réellement malheureux. Le malheur est ici une raison de s'épancher, de se pencher sur soi avec une certaine tendresse, et de vivre puisqu'on ne guillotine délectablement que les mots.

Et qu'avec ces mots de sang tranchés l'on enfante de beaux textes...