Ce vieillard de vingt ans

On m'a tâché à la naissance d'une douleur transparente :
VIVRE
Sentir en soi l'esprit mourir contre le cœur
Et le cœur battre tristement de vivre encore Pourtant...

Il est temps d'attendre le matin et ses cargaisons de soleil
Passer des heures
A ne rien dire
Dans sa chambre à ne dire
Qu'anneries
Sur l'existence Il est temps
De broyer jeunesse dans le poing
De ses vingt ans
Contre le reflet
De la fenêtre
Briser les carreaux de son âge
Sentir le vent la nuit et l'incendie s'engouffrer dans les narines
Dans les pores
Et les naufrages s'emparer de nous
Piocher dans les étoiles
Un sentiment profond : L'enfance

Mais que ne puis-je lire dans les étoiles
Le sens de la lumière qui troue le ciel Que ne puis-je
Aimer les promenades
De songe avec toi le long des rives pâles
Des insomnies
Visiter comme asile de liberté
Les robes d'azur des filles
Et des ports quand le soleil crie :
"A l'abordage !"
Et tombe en sang dans l'eau du crépuscule

Crier le fil ténu de ses pensées De sa folie tenir
un ver comme au lassot le Minotaure
Tenir l'amour en bride comme un char de tempête

Que ne puis-je si simplement dire...

Il est temps - Où aller?
Par quel chemin par quelle
Ivresse crier adieu à tous les temps

Temps dans le sable humide d'aimer enfin...
Rougir avec le ciel Prendre du crépuscule
Main dans la main
Ce qu'on ne veut quitter pour rien au monde
Jamais.

"Contre le reflet
De la fenêtre
Briser les carreaux de son âge"

Il en est peut-être temps, pour ce vieillard de vingt ans ! Mais c'est plus simple à dire qu'à faire et je conçois aisément q'on puisse éprouver une certaine complaisance à savourer le spleen de cet âge qui s'arrache à l'enfance et à ses verts paradis avec plus ou moins d'aisance (d'inconscience ?)

J'ai bien aimé ce mélange d'angoisses et de désirs qui semblent condamnés au néant à peine ébauchés :
"Visiter comme asile de liberté
Les robes d'azur des filles
Et des ports quand le soleil crie :
"A l'abordage !"
Et tombe en sang dans l'eau du crépuscule"

J'ai moins aimé la façon de découper certains vers qui me paraît un peu aléatoire alors que des majuscules laisseraient plutôt penser à un retour de ligne :
... Que ne puis-je
Aimer les promenades

... De sa folie tenir
un ver comme au lassot le Minotaure
au passage : ver ou vers ? Lasso sans t

J'ai très envie de le voir grandir ce vieillard, de lui voir prendre de l'ampleur, je trouve qu'il est plein de promesses.

Moi je prends tout de cet excellent texte. Et j'adore (pourtant je n'aime guère les innovations ou tics typographiques lorsqu'ils font "voyez, je suis dans la recherche littéraire...") les départs de phrases placés en rejet (ou enjambement : je ne sais jamais) avec leur majuscule sans point. Tel ce "de vivre encore Pourtant..."

Simple beauté ce :
[i]Visiter comme asile de liberté
Les robes d'azur des filles
Et des ports quand le soleil crie :
"A l'abordage !"
Et tombe en sang dans l'eau du crépuscule[/i]

Votre spleen a du bleu et du style. Merci.

J'allais dire "c'est bien pour 18 balais" (vieux con que je suis) ; c'est vraiment bien ; ce n'est pas prétentieux et ça coule doucement.

Mais quand on prend Tristan Tzara comme avatar, et "Arthur Machin" (qui a arrêté à 17) comme pseudo, on n'est pas un vieillard de vingt ans, non d'une couille farcie !

Soyons DADA DADA DADA jusqu'à DA ;-)

Merci à vous !




< Si c'est juste pour remercier, merci de le faire ICI, histoire d'éviter de faire remonter vous-même votre texte en haut de page au détriment des textes des autres auteurs.
Ce n'est pas la première fois que cette remarque vous est faite, merci de vous y conformer.
La Modération >
.

Mon plaisir aurait été plus complet avec de la ponctuation et sans ces enjambements trop... audacieux, comme le fait également remarquer Arielle.

Mais c'est bien. Continue

Très émouvant pour moi, ample et large. C'est beau .