Parages (poème)

Désolé de ne pas faire de tour pour regarder les textes et apporter conseils et avis, mais j'étais pressé de poster ce petit nouveau; que j'ai d'ailleurs fait de manière pressée ( 2-3 jours), l'ayant longtemps médité sans les mots.

J'e m'aquitte tout de suite après ça de mon devoir d'entraide sur le forum.


NB: faîtes les liaisons, surtout des "s" (et "x")

le 18 août 2007,



Je connais une rade aux flots très-à-bâbord
De tous les caps humains et ancrages amers;
Après que les mutins eurent laissé mon bord
C'est là-haut que j'échouais mon cadavre des mers.

Au début, fustigé, des bramements des coqs,
Des crêtes de drapeaux et des trente millions
Marins Marchands jetants au travers ma coque
Ainsi des javelots, les hampes des fanions !

Et des ambassadeurs, petits perlaient des fuites,
Pour tirer douze coups de canons au lointain,
Pour que des pieds fouleurs, des fleurons néophytes
Surfassent sur la vague arrondie de leurs fins.

Embouchonnés, leur chute, ornée de reflets jaunes
Des soleils, figurait une peau de panthère
Où les ronds et la rive aux faramineux cônes !
S'eussent trompé de lieux quand ils cataractèrent.

Si hâlé qu'il fût à mes flancs mouillés, l'ébène
Noir ! et marron aussi, sous les Feux Grégeois frais
Des bateaux-feux allants sans ombres et sans Rênes !
C'est qu'ils l'avaient tâché, tant son beige effarait.

Puis je fus démâté par des aras orange
Mêlants aux concertos vrombissants de mes cales,
Des tonneaux enrhumés dans les flaches étranges !
Sans fond leurs mélopées et tempos de chacals !

Comme mon mât choyait au fur des lunaisons :
Poings de chaleur ! sels de rochers ! et polypiers !
Mâtaient, rongeaient, grimpaient ainsi que les saisons,
Invincibles et longs, mon corps depuis les pieds !

Sous mes grilles fermées j'observais des ailleurs;
Et les cieux m'ont paru comme des perroquets :
Orange et pommelés de tiges de couleurs,
Laissant des noix crever mon bord en des hoquets !

Pareil à mes tonneaux j'ai tâté mes abymes
Sombres, où se grisait, de délires et biles !
Mon bois gravé des fous dont les rêves s'abîment
Et s'exposent à moi un voyage immobile.

Je fus las de ma cale et mirais alentour :
Chercheuse d'arcs-en-ciel, mon hurlante lunette
M'étirait sur les yeux des toiles aux contours
Infinis et peuplées de cyclopes pas-nets.

Je me sentais pressé des sables et des cieux,
Vomissant çà et là comme un cactus à sève
Lactescente, mon rhum en zestes silencieux;
Et j'aurais juré voir l'épine qui achève !

Un pirate à foulard, arrimé et reptile
Au mascaret roulant de poupe en proue son blanc,
Venait et barbotait mes eaux si mercantiles
- Et mon mât ivre mort dans ses filets ballants.

Tout à coup ! animés des sèves alcooliques,
Mes planches et mes mâts grinchonneux et burlesques !
Engloutissaient entier le profane et ses cliques;
Dont le savon garda les maux grand-guignolesques.

J'ai su l'heurt des soleils au ciel méridional,
- Formidables Lenteurs gobant l'éther mystique
La marée attendue ainsi qu'un point final
Et les Eternités bleues autant qu'élastiques !

J'ai aimé le quartier dont je fis mon lavage
Orange, le déluge avalant et morose,
Ricocher des marins vers leurs lointains rivages,
Et parfois regretter ces Aux-Loins poignants roses.


CD,


Il faudrait penser à un nouveau format que nous permetteraient si bien nos ordinateurs : plutôt que de servir un texte, servons des déclamations faites par les auteurs (s'agissant des poèmes surtout) !


@+

Wouaou ! On dirait du "néo-bateau ivre" (ce n'est pas du tout péjoratif). Mon écriture est totalement à l'opposé de la tienne, donc mon jugement risque de ne pas être pertinent. J'avoue que j'ai un peu buté par endroits, cependant, j'aime bien le ton : il y a comme une pointe de dandisme, c'est élégant.

Salut Charlie,

J'ai mal aux cheveux, je te commenterai plus tard.
a premiere vue un beau travail.
Il a fiere allure, ton galion.

J'ai su l'heurt des soleils au ciel méridional,

Ca c'est remarquablement bien tourne.

a plus.

PW

Bien aprécié ce long poème baroque et incongru. Tu allies avec talent une grandiloquence passée à une liberté insolente plutôt actuelle.

Je ne me suis pas attachée au sens mais à la saveur des agencements de mots, aux images qu'ils évoquent et à la musique qu'ils font naître.

Ah! ces aras oranges !

(en faisant les liasons d's comme tu le proposes, c'est délicieux.)

PS:
Il est indiqué sous ton avatar que tu as 16 ans. J'ai peine à le croire.

Tu as 16 ans, ton écriture respire l'influence rimbaldienne, tu vas habiter à Douai... N'empêche, je m'en pose des questions ;-)

Charlemagne, t'as pas aussi un peu mal au genou droit non ? ;-)

Merci Kilis.

J'ai essayé d'infuser le sens non pas en truffant le poème d'anecdotes symboliques (comme je l'ai déjà fait...), mais via une synthèse d'images que se fera le lecteur, d'impressions. Et j'ai encor du travail car dans l'analyse très juste que tu fais, il manque cependant un thème important ou deux que je voulais faire passer.

Merci Tristan pour ton commentaire,

Tristan a écrit:Wouaou ! On dirait du "néo-bateau ivre"

J'admets qu'étant novice en matière de batellerie je suis allé pecher quelques termes spécifiques et poétiques; promis, le prochain se déroulera sur terre (ou dans l'air) !

Des liaisons, désolé d'avoir été si impératif, mais c'est que je juxtapose beaucoup de mots finissants en voyelles (suivies de S ou X) et d'autres mots commençants par voyelles également :
"mélopées et tempos" sonne moins bien sans liaison.

@+

mentor a écrit:Charlemagne, t'as pas aussi un peu mal au genou droit non ? ;-)

Tant qu'il a pas un trou rouge au côté droit, ça ira. ;-)

mentor a écrit:Charlemagne, t'as pas aussi un peu mal au genou droit non ? ;-)

Non!

Je me porte bien ! Merci.

Mais un cancer aura ma peau ! ( malbouffe oblige )

Ne t'excuses pas pour les liaisons, Charlemagne, elles ne sont pas dangereuses ;-)

Beau travail en tous cas.

A quand la fugue en Belgique pour retrouver les autres veliens ? ;-)

Je fusse ravi de rencontrer cette fine équipe que je ne pourrais rejoindre que par une fugue...me voyant mal demander à mes parents d'aller manger à 200 km avec des inconnus majeurs.

Non, pas de fugue, mais des escapades nocturnes et à la dérobée dans les parages de notre chère Lorraine !

Ça, Charlemagne, c'est la qualité supérieure, chapeau ! Une découverte sur VE !
Vraiment, c'est du haut de gamme, j'en suis soufflé ! Extraordinairement beau comme poème baroque !

(Qui donc disait qu'un poème ne pouvait parler que de nostalgie et du temps qui passe ! )

Allez ! avec deux trous rouges au côté droit, des liaisons (pas trop) dangereuses, et pourquoi pas : de tes souliers blessés, un pied contre ton cœur, tu as tout du vrai poète ! ;-))
Avec un peu (un peu) de mal-bouffe aussi... ;-))

Tiens ! Que veux-tu dire avec : des déclamations d'auteurs ?

J'attendais qu'on en parle : clamer oralement les poèmes, pour les enregistrer et les écouter sur nos bijoux de technologie.
Je vais tout de suite d'ailleurs
M'atteler à quelques essais !

Merci pour ton commentaire de lecteur soufflé, Saint JB.

Charlemagne, petite question qui n'a rien à voir avec ton texte (je m'en excuse) : tu es de quel coin de la Lorraine exactement ?

Alentours de Thionville, j'allais au lycée Hélène Boucher.

Pourquoi ? Et toi ?

sjb
Tiens ! Que veux-tu dire avec : des déclamations d'auteurs ?

Je n'ai pas compris ta proposition non plus.

PW

Charlemagne a écrit:Alentours de Thionville, j'allais au lycée Hélène Boucher.

Pourquoi ? Et toi ?

Moi j'habite pas loind de Nancy

J'admets que ça fait du bien de lire des poèmes où coeur ne rime pas avec fleur, amour avec toujours etc...
J'admets aussi que le jeu sur les sons est plaisant à l'oreille et que tu manies plutôt bien la versification.
Mais je ne sais pas faire comme Kilis et me dégager du sens, et donc le sens je l'ai cherché sans réussir à le trouver. Même les images sont restées obscures et finalement tout cela m'a un peu agacée.
Et puis tous ces points d'exclamations, ça m'a presque brouillé la vue !