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Message  AleK Ven 25 Mai 2012 - 5:45

Je precise que c'est violent avant, j'ai eu la joie de proposer ce texte à une lectrice-correctrice qui se révélait enceinte et qui m'a gentillement fait remarqué que j'attaquais sa santé mentale.
C'est un roman déjà bien avancé, je poste l'intro car c'est le plus important dans un envoi éditeur, je veux que ça scotche.



1
Tess : Ou Comment je suis née, comment je suis morte

C'est drôle le cerveau, il a une furieuse tendance à dissimuler des renseignements très importants à son propriétaire. Il les camoufle sous une couverture de banalités, les dissimule derrière le buisson des souvenirs inutiles.

Tiens, c'est comme la dernière fois que j'ai vu le lustre du salon, vous savez le genre de plafonnier ventilateur à petites pales de bois. Je me suis dit que ma mère avait eu raison de ne pas vouloir l'acheter. Elle prétextait que la vitesse des pales à pleine puissance faisait lever les cheveux et que si une de ces petites vis made in china venait à casser, tout l'ensemble pouvait vous tomber sur le coin du nez ou vous décapiter.

Mais mon père avait tenu bon, il avait réussi à s'imposer ce jour-là, dans le rayon luminaire, au milieu des toutes ces mamies bavant devant des lampes coquillages, et ces papys devant des éclairages télécommandés. Lui qui d'habitude évitait toute joute verbales, manquant systématiquement d'arguments face à ma mère, il avait insisté, sans forcement avancer de raison, juste têtu comme une bourrique. Et il l'a monté ce fichu ventilateur, il l'a renforcé, pour rassurer sa femme. Mais en fin de compte, c'est elle qui a gagné, elle l'a eu à l'usure, jour après jour, éteignant systématiquement ce flux d'air dès qu'elle entrait dans la pièce, même les jours d'été quand les gouttes de sueur perlaient sur nos fronts, quand ma soeur et moi, on devait à regret se lâcher les mains, tellement elles glissaient, cette sensation nous répugnait. Donc le ventilo trônait là, inutile, accroché au plafond, et la dernière fois que je l'ai vu, il supportait un poids supplémentaire. Je me suis demandé pourquoi maman se balance dessous, elle veut vérifier s'il tient toujours ? C'était pas une façon de s'accrocher ! Par le cou, ça peut être dangereux.

C'est à ce moment-là que j'ai entendu la détonation. J'ai compris instantanément la situation, pas parce que je suis étonnamment intelligente, mais, ma soeur jumelle ayant reçu une balle de 9mm parabellum dans l'oeil droit, j'ai ressenti la douleur aussi intensément qu'elle. Enfin je suppose car je n'ai pas eu encore l'occasion de tester ma résistance à la douleur jusqu'à ce point là. J'avais atteint l'entrebâillement de la porte lorsque je les ai vus. Lui se tenait debout, face au fauteuil, droit comme un i, je devinais ses yeux dans le vague. Non, mieux que cela, je les voyais, je les voyais comme je me voyais, une réflexion d'un miroir déformant, j'apercevais mes yeux incroyablement ouverts, une unique larme coulant de mon oeil droit. Et je voyais ma soeur, l'impact l'avait avachie dans le fauteuil, une unique goutte de sang souillait sa joue, elle paraissait tellement vivante si on oubliait le trou béant de son orbite vide. Je voyais par ses yeux comme elle voyait par les miens quelques fois.

Mon cerveaux a voulu repartir sur le chemin du souvenir, je l'ai rattrapé alors qu'il observait calmement les plumes voletant dans l'air, initialement prisonnières du fauteuil et soudainement libérées par le trou qu'avait fait le projectile après avoir transpercé la boite crânienne d'une fillette de 8 ans.

Mes sens avaient été mis à l'épreuve. L'ouïe avait été martyrisée par la déflagration, un 9mm dans un appartement, ce n'est pas le pire. Les oreilles ont une fâcheuse tendance à siffler encore quelque temps après, à l'époque je n'avais pas l'habitude des armes à feu.

Mon père nous avait emmenées une fois au stand de tir, l'année précédente, mais il avait dû se résigner au fait que nous étions des filles, des pures et dures, pas capables d'apprécier l'aspect phallique d'une arme à feu, pas du tout sensibles au recul brutal de cet engin lorsqu'il expulse à 350m/s une petite ogive blindée de quelques grammes qui ira traverser une cible en carton. Ma soeur n'avait jamais été en carton, ou alors on me l'avait bien caché, et pourtant la balle l'avait traversée sans trop de difficulté... Peut être qu'à huit ans on est plus mou qu'à quarante.

L'odeur dans la pièce commençait à me monter à la tête, la poudre évidemment, comme un lendemain de 14 juillet dans la véranda quand les grands font péter des petits pétards en nous interdisant de s'en approcher. Ce n'est que plus tard en couvrant une manifestation violente que j'ai compris le danger, en voyant les effets d'une grenade F.4 dans la main d'un récalcitrant cagoulé.

Sous cette entêtante effluve de souffre, je distinguais l'odeur du sang vaporisé dans l'air.

Celle-ci avait d'ailleurs envahi mes papilles, me privant pour un temps de toute sensation agréable. Je me tenais au chambranle de la porte, pour éviter de vaciller, le bois un peu entaillé frottait sur ma joue. C'était la porte toise. Là où le temps se mesurait en centimètre. On était de vraies jumelles, un trait pour deux, une ligne qui passait exactement au même endroit au-dessus de nos têtes.

Mon père sentit sûrement une présence derrière lui, mais ce fut un homme qui m'était totalement inconnu qui se retourna. Le regard vide, un peu possédé, un peu fou, complètement dangereux. Des veinules rouges bordaient son iris, lui donnant un air de camé dernière génération.

Je ne sais pas si les petites filles craignent souvent leur père, mais je pense que dans certaines occasions c'est le cas. Moi, ce fut la seule fois où il m'a foutu une trouille monstre, en témoigne la flaque qui se formait à mes pieds.

Vu qu'il me faisait presque face, qu'il ne détachait pas ses yeux des miens, il ne pouvait voir le corps de ma soeur. Et je vous jure que ce n'était pas mon imagination quand son visage s'illumina, me souriant franchement, un peu férocement d'ailleurs. Ses lèvres bougèrent, tremblantes. Le son qui me parvint ne passa pas par mes oreilles, mais comme on dit, dans toutes les fibres de mon être.

C'était une douce sensation d'apaisement, pas un de ces chants zen-bouddhistes qui vous font partir dans des transes béates, plus une sérénité imposante et irrésistible. Ma soeur semblait vouloir que je me délivre de la souffrance de la même façon qu'elle avait été créée, dans le sang.

Mon père levait déjà son arme. Elle ne fumait pas comme dans les films après un coup de feu. Je ne sais pas trop combien de temps on s'est fait face, il ne paraissait plus lui même, et moi je n'étais plus toute seule.

Je me souvins, lorsque nous explorions les plages en bas de chez nous, nous nous amusions à faire disparaître des cailloux, des magiciennes pré-pubères et hilares. Le mode d'emploi était simple, nous nous tenions la main, plus par habitude que par réelle nécessité, nous pensions au paysage sans le caillou, et après un clignement d'oeil, il n'était plus là. Du haut de nos sept ans, on a eu la sagesse de ne pas dévoiler ce trait psychique au monde. Mais comme tout enfant, après avoir découvert des choses super cool, on ne pouvait s'empêcher d'expérimenter. Ce furent les assiettes dominicales de chez Mamie, remplies de fagots de haricots verts et de gigot d'agneau. Puis ce furent des farces, des voitures Majorette dans la cour de l'école, des sacs de billes ou des livres de classe. Le jour où nous avons fait disparaître le petit teckel de la voisine, un petit chien gueulard et vicieux, on a vite eu peur que maman l'apprenne et nous gronde, ça a mis un terme aux expérimentations. Cela ne nous avait pas empêchées de pouffer et d'être soulagées de ne pas avoir eu de petit frère qui pleure toute la nuit comme certaines de nos copines.

Une claque mentale me ramena directement à l'action en cours, cette réalité froide et irréversible. Je vis mon père, toujours face à moi, mais pas l'arme qu'il tenait l'instant d'avant. Du coup il m'a fait tout de suite penser à ces zombies décérébrés dans les films, quand un héros leur coupe un bras à coup de tronçonneuse, ils ont ces réactions de poisson rouge comme regarder le moignon sanglant d'un air interrogateur. Mon père ne se décomposait pas encore, il ne voulait visiblement pas me manger le cerveau, mais c'étaient les seules différences notables dans son comportement. Il regarda sa main, joua un peu avec ses doigts, les pliant et les dépliant. Je compris pourquoi ses doigts se rappelaient à lui, moi-même je sentais un fourmillement fort désagréable dans la main, je la montais à mon visage, le champ de vision figé, sur trépied. Il y avait de la lumière entre mes doigts, une lumière liquide, qui gagna rapidement en densité jusqu'à opposer une résistance dans ma main, la lumière devint noire avec des reflets métalliques, j'avais un doigt sur le pontet, la paume bien calée sur la crosse d'un beretta 9mm, en tout point similaire à l'arme de mon père.

Nous n'avions jamais tenté un tel exploit, mais ma soeur me fit comprendre qu'elle avait bien plus de force, libérée de son enveloppe charnelle. Et une fois encore, nous ne fîmes qu'une, une gamine pointant un pistolet semi-automatique vers le visage de son père, un sourire mauvais aux lèvres.

Une réalité otage d'un papier glacé, un instant volé à la subjectivité. C'est ici que je suis née, c'est ici que je suis morte, ma naissance et mon enterrement. Et ce fut au moment où j'explosais le visage de mon géniteur que la porte vola en éclat, libérant un voisin rougeaud, passablement alcoolisé et plutôt ahuri en voyant ce spectacle.

Les adultes de quarante ans sont effectivement moins mous que les fillettes de 8 ans, la balle ne sortit pas, elle a dû ricocher à l'intérieur de la boite crânienne, mixant son contenu. Il resta debout, vacillant, ses yeux se remplirent de rouge, par le haut, comme un rideau signifiant la fin de l'acte.
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Message  Jano Ven 25 Mai 2012 - 8:44

Le style est correct mais je note une tendance à l'exagération :
"tout l'ensemble pouvait vous tomber sur le coin du nez ou vous décapiter."
"toutes ces mamies bavant devant des lampes"
"Je me suis demandé pourquoi maman se balance dessous (le lampadaire !)"


Ici la phrase est surprenante sachant que la soeur vient à l'instant de perdre un oeil :
"Je voyais par ses yeux comme elle voyait par les miens quelques fois."

Plus j'avance dans ma lecture, plus j'ai l'impression que vous faites dans la surenchêre en cherchant à créer une ambiance violente ("les effets d'une grenade F.4 dans la main d'un récalcitrant"). Juste avant vous insistiez encore sur les dégats d'une balle 9 mm dans "la boite crânienne d'une fillette de 8 ans." Ca devient lourd.

La fin du texte est déroutante et je ne suis pas certain d'avoir bien compris. La scène de meurtre bascule dans un registre fantastique, les deux soeurs étaient des sortes de télékinésistes et la survivante en profite pour exploser à son tour la tête de son géniteur.

Tout ceci me semble bien grossier pour que j'adhère à ce récit.
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Message  Invité Ven 25 Mai 2012 - 9:34

Je n'ai pas lu ( et ne commente pas ) dans de bonnes conditions, alors mes impressions valent ce qu'elles valent.
A savoir que je suis assez frappée par le rythme lent du récit, ce qui me semble peut-être en contradiction avec ce qu'il décrit.
Et que je remarque ici comme dans des textes précédents un sens du détail secondaire, j'aime bien ça, c'est ce qui fait vivre un texte, le rend accessible au lecteur, l'implique.

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Message  ubikmagic Ven 25 Mai 2012 - 14:30

Ce texte est émaillé de petites expressions, de tournures, de trouvailles intéressantes. Il est animé d'une foule de détails qui font "vrai" dans le sens de la banalité du quotidien, des choses bien observées, et d'autres qui font "faux" ( j'en parle plus loin ).

Passons sur l’orthographe et les fautes d'accord, puisque apparemment, ça n'a pas d'intérêt pour toi ( si j'ai bien compris ).

Reste que le récit est fluide et... étrange.

Il y a une sorte de détachement dans le ton employé par la narratrice, comme si elle était incapable d'empathie, cynique, décrochée du réel, ou du moins de ses implications psycho affectives.
Il y a par ailleurs des éléments qui semblent irréalistes, comme la mère suspendue au ventilateur. Ou ce père qui tout à coup se met à dégommer tout le monde ( mais pas la mère ? ). Sans parler de la télékinésie / télépathie des jumelles, de ce lien fusionnel qui semble les relier dans la chair ( elle souffre quand sa soeur prend une balle dans l'oeil, détail répugnant ), mais assez peu par l'âme ( elle ne ressent pas de peine ou en tous cas ne l'exprime pas ). Et cette curieuse interrogation sur la compacité présumée des corps humains suivant l'âge. Idée du reste intéressante.

Bref, un ensemble d'éléments qui amène à s'interroger soit sur la véracité des faits ( la narratrice imagine ), soit sur leur interprétation ( et en ce cas, elle distord ). Ce qui me pousse à penser que le titre devrait plutôt être "distorsion", mais de quoi je me mêle...

Cette impossibilité de distinguer le réel du surnaturel est caractéristique, selon Todorov, du genre fantastique. C'est même précisément ce qui le définit. Dès qu'on énonce un phénomène paranormal comme étant vrai, on sort du fantastique pour entrer dans le merveilleux.

Cet étrange statut, qu'on n'arrive pas à définir vraiment, renvoie à une éventuelle scène de rêve, une séquence d'un film surréaliste, quoi qu'un peu trop gore à mon goût, ou quelque création fantastique.

Intéressant, à développer, à approfondir.

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Message  Chako Noir Dim 27 Mai 2012 - 5:37

Il y a un certain malaise qui se dégage. Déjà, le rythme changeant dans la construction des paragraphes, d'abord longs avec foultitude de détails, puis courts comme un halètement, puis une détente lorsque la peur change de camp. Il y a là une tension, qui retarde un peu le moment où je vais pouvoir plonger dans le récit. A vrai dire (je ne sais pas si c'est une intention de l'auteur), avec le tempo lent du début et l'instabilité de la narratrice qui raconte ça assez froidement, est mal assurée et reprend ses phrases (j'imagine qu'elle raconte ça bien longtemps après l'évènement), je suis resté à l'extérieur au récit jusqu'à ce que les deux jumelles se réunissent dans cette eucharistie surnaturelle. Cela dit, arrivé à la fin de l'incipit, j'ai envie de voir la suite.
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Message  Invité Dim 27 Mai 2012 - 17:36

je n'ai pas aimé, et c'est plutôt assez rare pour moi de signaler un texte qui me déplait. C'est probablement ce petit préambule qui me titille. Il n'y a aucun éditeur, malheureusement, qui acceptera ce travail, non pas parce que c'est mauvais ou grossier, mais simplement que le texte ne fonctionne pas. C'est quoi une grenade F4 ? c'est une question typique parmi les deux cents que je me suis posées en lisant. pourquoi-ci, pourquoi-ça, pourquoi cette phrase comme ceci, pourquoi ce mot comme cela. C'est anormal, mon degré de tolérance en lecture est très haut. Ici il est dépassé et de loin.

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Message  Invité Dim 27 Mai 2012 - 17:47

tu devrais lire tes phrases à voix haute;

C'est à ce moment-là que j'ai entendu la détonation. J'ai compris instantanément la situation, pas parce que je suis étonnamment intelligente, mais, ma soeur jumelle ayant reçu une balle de 9mm parabellum dans l'oeil droit, j'ai ressenti la douleur aussi intensément qu'elle.


... même si je voulais aider je ne saurai pas par où commencer.


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