Pygmalion

Pygmalion

Des écorces de robes tirées d'un frêne clair
La couleur de ses yeux comme la seule lumière
De cette orfèvrerie où elle naissait de toi
Des jupons de résine et sa hanche de bois

Longtemps dans les branches ballottait ton cœur doux
Avant que de choisir ce fin rameau de houx
Qui dessinerait ses bras, parfumerait son cou
Offrirait de ses nœuds la forme des genoux

L'amour dont sans savoir tu adornais ses doigts
En leur tirant l'écharde et les tessons de bois
S'est taillé à ses veines où s'écoule une sève
Sculptée par ta phalange, accouchée de tes rêves

Le soir en bleu cyan, tes yeux qui se fermaient
Le soir, son tabouret, son nom qui a gravé
Son essence en encens juste au creux de sa joue
Le soir, inanimée, mais à ton songe, debout

Elle est née du scalpel et du coffre nocturne
De la toile d'un grand sac a vu l'oiseau diurne
Se coucher dans les saules ; l'heure jaune, le temps
Où tes jouets respirent dans les mains des enfants

Au matin ses cheveux se sont dorés de vent
Dans le nid de ton corps, à ton pas d'artisan
Elle s'éveille ; une brindille dans de la soie
A toi, Léon de chair, une Mélia de bois.

De la porte des rêves ont jailli les échardes
Qui d'amour et de songe ont lié ces deux âmes
Et au jour et au chant le rêve palpitant
Avait même couleur, à leurs archers amants.