Blonde

Frankfort, l'aéroport. Au comptoir, elle est assise seule comme une pomme dans une assiette libanaise. Elle s'ennuie, allume une cigarette, regarde de haut. Elle est blonde et tout ce qui s'en suit, son charme est fou. Mais ça change rien : elle s'ennuie. Putain de merde.

Elle porte des baskets. C'est une femme libérée, indépendante. Rapide. Elle a un chignon approximatif. Non, elle n'est pas comme ça, du genre à se détacher les cheveux. La sensualité ce n'est pas son truc. Les hommes, elle en a assez. Un black à la limite, pour changer.

Elle m'ignore en me regardant. Elle s'ennuie. Elle veut plaire. Mais pas trop quand même. Il est encore tôt, même pas huit heures du matin. Ce n'est pas une heure pour draguer, ça, huit heures du matin. Question d'haleine.

C'est à peindre, une blonde qui s'ennuie à 8 heures du matin. Moi je m'occupe de son ennui. Elle allume une deuxième cigarette. Elle mourra un jour.

Ah, la garce, elle me tourne carrément le dos à présent. Je suis sûr qu'elle serait partante pour une bonne partie de jambes en l'air dans les chiottes, comme ça, par défaut. Dans la vie, faut toujours s'occuper, c'est ce qu'ils disent.

Elle est partie.

Furtive rencontre qui ne manque pas d'éveiller l'imagination et les sens du voyageur en transit.

Certaines expressions m'ont amusée, comme "la pomme dans une assiette libanaise". Je ne visualise pas trop, mais j'essaie.

Étrange, un instantané comme je peux les aimer, un personnage vu par le prisme de celui qui l’observe, mais je ne sais pas, quelques digressions que je comprends mal, le "putain de merde par exemple".
Beaucoup aimé l’haleine en revanche, si je puis dire.

Je trouve qu'on peut tout à fait relier ce texte à l'autre, Je m'appelle Paul
deux pièces d'un puzzle qu'on a envie de voir se prolonger

étrange mélange de cruauté, d'amertume, de lucidité ("elle mourra un jour" accolé à la cigarette) - ceci dit tout le monde mourra un jour !

et quelque chose de déchirant, de triste, de pur. Ça en dit plus sur le narrateur que sur la blonde, au fond.

J'aime bien le chignon approximatif

Soit Frankfurt, soit Francfort. Mais pas Frankfort.
Je vais faire le méchant. Tu t’es pas trop foulé. Des blondes qui s’ennuient dans un aéroport, il y doit bien y en avoir quelques milliers de par le monde. Puis, blonde, brune, qu’est-ce que ça change ?
Quelques clichetons aussi du genre Un black à la limite, pour changer, Elle est blonde et tout ce qui s'en suit...
Janis a raison, on en apprend plus sur le narrateur. C’est surtout lui qui a envie de la baiser.
Parce que franchement, tout le monde le sait, la plupart des femmes sont pas du matin…

question d'haleine ...

une femme libérée dans un aéroport, avec un éventuel black pour la sauter
c'est, scènes de la vie ordinaire

quant a l'haleine elle se perdra

un bon dentifrice...

allez j'arrête, sinon ouille les zoweilles

Bon, ça ne vaut pas un carat mais c'est amusant tout de même.