Des cathédrales pour les hommes bâties

Je sais que ce poème est à débroussailler, mais il est encore un peu frais pour que je vois quoi.
Vos commentaires m'aideront sans doute.

Des cathédrales pour les hommes bâties
Et la pierre du bonheur élevée
Je ne veux plus de Dieu ; mais que ces lumières sont belles et ces lieux pleins de quiétude où vient mourir un chant d'espoir
Lieux de lumière et de lyrisme
Dieux grecs qui ne sont que les hommes
Aux pluies bienfaitrices des vitraux verts
Les Dieux qui tombent
Cet océan qui lévite dans le ton des voix chorales
Les hommes s'élèvent d'eux-mêmes, leurs bras levant leurs croix
Majesté de leur bouche, miel de leurs yeux brillants à ces feux que les colonnes et les bougies renversent
Ombres, paix et douceurs inquiètes
Feux qui forment, dans les bras de ce Christ si humain
Feux des mains des hommes
Qu'est-il besoin de Dieu aux visages beaux de ces ébénistes
Ils sont eux-mêmes une souffrance
Et portent les stigmates de leur apaisement
Sur la croix des jours qui passent et se délitent
Ils sont eux mêmes une souffrance pleine d'orgueil
Dans leurs gestes de piété et d'amour
Que besoin de pitié quand leurs corps s'enlacent
Et que leurs yeux se noient aux tendresses
Aux attachements
Que besoin de Dieu pour ce soleil qui brille entre les murs
Que besoin de Dieu pour ces fontaines gothiques
Que besoin de Dieu à ces colonnes qui supportent elles-mêmes la force des hommes
Une seule croyance dans ces bras enroulés
Dans ses lèvres qui se referment sur des mots de gentillesse
Il se crée un artifice au milieu des colonnes
Un soleil animiste
Dans la cire des bougies le visage émacié
De l'homme qui pleure et sur son épaule la main de Dieu
Qui n'est celle que de son cœur meurtri, des cathédrales pour les hommes bâties
Il est une méditation qui ne craint pas de religion

Que besoin de dieu pour porter tes mots au niveau d'un poète.

Du plaisir à le lire, et -un peu- à le commenter.

Je trouve que c'est une langue riche, presque trop pour ma lecture,
qui se voulait un zeste contemplative, et patiente,
entre les colonnes et les statues.

Peut-être une question de lenteur, et d'aération.

Cet océan qui lévite dans le ton des voix chorales,
par exemple, est très recherché, mais s'éloigne un peu de la lévitation.
(en a t-il besoin ?)

J'aime beaucoup les questionnements.

Un petit détail, l’ambiguïté entre dieu et Dieu,
que l'on soit croyant ou non, la distinction est de taille,
si j'ose dire en parlant de pierres.

En tout cas pas trop de débroussaillage, juste quelques coups de ciseaux,
voire un scarificateur.

'lut ....

En fait je verrais bien pour ce poème une forme hybride, c'est à dire un début calme, lent en alexandrins... à la Marine, c'est à dire avec ces petits assonances et cette harmonie à la fois.

Et ensuite des vers libres quand tu commences à parler des hommes...
En tout cas j'aime bien comme ça aussi. Les pluies des vitraux verts, l'océan qui lévite dans le ton des voix chorales...

Je me demande si je n'aurais pas mis de virgules avant bâties et élevée, non pas pour des question de compréhension grammaticale mais tout simplement pour bien marquer le coup et aussi le rythme, insister sur l'important sans pour autant le faire avec des mots. La ponctuation peut-être utile dans ces cas-là.
Sinon, puisqu'on en est aux "chipoteries", je suis un peu gênée par le mais avant que ces lumières. Celles-ci peuvent être belles avec ou sans Dieu et ce mais implique un lien pas forcément établi.
Il y a également, à mes oreilles s'entend, trop de fois le son que/qui dans ce poème; ça alourdit pas mal la sonorité et la fluidité en souffre.
Je pense aussi que tu devrais davantage jouer sur les blancs, les retours à la ligne, les espacements entre les vers, histoire de créer des ruptures qui colleraient mieux au questionnement coeur de ce texte.
Enfin, il y a un petit côté moralisateur dans le poème qui ne dérange en rien mais qui se retrouve un peu pris au piège de tous ces mots et d'un fil conducteur en apparence monotone, car tout se réclame sans qu'il y ait vraiment de cassure. M'est avis que modifier quelque peu le rythme améliorerait grandement ce poème en lui permettant de crier tout ce qu'il a à dire et qui en vaut la peine.

si j'ai bien compris le thème du poème est : la beauté des cathédrales n'a pas besoin de Dieu elle reflète la beauté des hommes, du coup je trouve que l'angle du questionnement aurait été plus intéressant en délaissant ton jugement propre, on sent qu'une cathédrale ne pourrait plus etre construite de nos jours parce que l'homme ne construit plus en envisageant quelque chose qui le dépasse, tu essaies aussi de sauver une forme de mystique il me semble (parler d'animisme pour un temple en pierre me paraît casse gueule) et c'est la-dessus je pense que le poème est intéressant, sur le rapport qu'une cathédrale entretient avec l'inconcevable, avec le scandale de la foi. en fait en un mot j'aurais aimé que ces hommes ces batisseurs tu essaie de les restituer au-dela de tes convictions propres. sinon j'ai bien aimé

Merci Marine pour ce beau thème qui parle à la Rémoise (de naissance seulement, pas d'origine) que je suis.
Il y a là de très belles choses comme entre autres:
"Aux pluies bienfaitrices des vitraux verts
Les Dieux qui tombent
Cet océan qui lévite dans le ton des voix chorales
Les hommes s'élèvent d'eux-mêmes",
et ça et là quelques formulations un peu + maladroites je pense par rapport à ce que tu voulais vraiment exprimer de fort.
"leurs bras levant leurs croix...feux qui forment"
Mais puisque tu dis toi même que c'est "à débroussailler", je suis très curieuse d'en voir le résultat final!!

J'aime cet angle de vue pour lequel tu optes, entre autres: bien qu'athée je connais par coeur cette lumière issue du jeu soleil/vitraux qui est le vecteur parfait de cette potentielle capillarité spirituelle hommes/"Dieu".
Maintenant,
"pour les hommes bâties", je ne sais pas...
ce qui est sûr c'est qu'en tant qu'oeuvre "d'art", (si l'on peut dire, car cela déborde toujours par endroits au delà du monument et de l'artisanat), on a raison de s'approprier les cathédrales, de recevoir et rendre l'écho que cela fait en soi. L'image du profane y est assez souvent incluse pour que tous, croyants ou non, y trouvent leur compte.
Mais il s'agit aussi d'une oeuvre collective au nom de Dieu, pour relancer l'élan religieux. Sans parler d'un point de vue historique de la compétition pour savoir qui a la plus..."haute".
"Pour les hommes bâties" ferait alors référence au chantier qui s'étale parfois sur un siècle, avec cette large dimension à explorer, spirituellement & humainement située dans le collectif, si ce n'est dans la religion...?

une visite guidée poétique en tout cas déjà agréable telle qu'elle, et qui fleure la poussière et l'encens comme en vrai...