Tribu

En sourdine, sur la 3ème symphonie de Henri Gorecki, ses aboutissements.





Tribu





Dans une patience d’automne
Je te parlerai de l’ascèse,
- cette posture,
comme d’une sorte de vertèbre

De la lenteur
son passage improbable
dessinant l’écorce : une ligne de feu sur la pierre
entre la taille et l’abaque
le spectre à peine tremblé d’un froissement

C’est une rumeur.
Un ramassis de sons, de bruits
de cailloux,
de bruissements d’ailes
de voitures sur une route, au loin
d’absence et de nuit tombante,
de soleils éclatés entre les branches les plus basses

Il y a quelque chose de pierreux qui rassemble l’enfance avec la trace de sa mère.
Quelque chose d’ancien, de concret,
de durci, de solide,
d’usure, d’amené à l’impasse

Et d’où que puisse se porter le regard
apparait une lignée rare,
et s’écartant comme l’heure du soir vers sa tanière
dans la même insouciance ronde,
le souvenir de l’œuf,
et le chemin qui s’y éteint vers l’insu


Et je la poursuis comme un horizon

ça, c'est intéressant

... vous permettez, je voyage un tout petit peu à vos côtes...

cette colonne vertébrale de la vie, c'est un os
porteur de chair, en replie
qui ne respire plus
pourtant peut-être vivante
mais déjà fossile
quand restera en dernier
ses yeux qui regardent
malgré tout


Putain qu'elle est belle ! La source qui jaillit
au milieu de notre horizon, et quelle drôle d'idée
de vouloir en esprit seulement l'assécher


.....merci

J'ai beaucoup aimé la sobriété incisive de ce texte.
"Sobriété" car le vocabulaire n'est pas outrageusement marqué.
"Incisive" parce que le texte parait sculpté dans de la pierre.
Le derniers vers serait de trop ?
Je n'ai pas écouté la musique ; j'y trouverai peut-être une autre sensation.
Mais sans musique ça marche bien aussi.

Magnifique. Et je découvre Gorecki. merci

Plusieurs lectures, et la sensation de ne rien pouvoir dire alors que chacune laisse entrer en moi quelque chose de fort, de mystérieux, d'insondable, un fil fragile concentré en un point, une immersion dans un cercle.

C'est beau, Ariel.

Vraiment sublime, j'adore l'image et le texte ensuite, merci beaucoup pour cette lecture Arielle !

Si je peux me permettre une remarque, j'enlèverai le Et du dernier vers qui fait répétition

Je trouve que le mélange des genres que vous nous proposez enrichi la lecture. Un très beau texte. merci.
La peinture est de vous ?

"Il y a quelque chose de pierreux qui rassemble l’enfance avec la trace de sa mère.
Quelque chose d’ancien, de concret,
de durci, de solide,
d’usure, d’amené à l’impasse

Et d’où que puisse se porter le regard
apparait une lignée rare,
et s’écartant comme l’heure du soir vers sa tanière
dans la même insouciance ronde,
le souvenir de l’œuf,
et le chemin qui s’y éteint vers l’insu


Et je la poursuis comme un horizon"

un joyau, ce poème dont les lignes ci dessus m'ont particulièrement touchée.
d'une beauté brute qui émerge, dépouillée et juste.
ces mots résonnent leur profondeur,
merci pour votre classe.

Grand merci pour vos passages.

L'image est une photographie,
qui m'a demandé un peu de patience, pour monter à la chapelle d'Arnave,
et pour attendre l'éclairage tangentiel du soleil couchant par le vitrail sur les arcs surbaissés.

Je vois a posteriori, la trace de la mère et du fils,
comme d'une espèce en voie de disparition.

Des fois, je n'y vois pas très clair...

Très belle sobriété, JF ! Bravo !
Je n'aurais pas écrit le dernier vers... il casse l'envol du lecteur... enfin, il a cassé ma rêverie

C'est superbe. Merci Oriel.

Tu fais assurément partie du haut du panier. Une sacrée maîtrise. Du tact. Et des images.

pareil. Touchée coulée.
Une belle justesse, une belle posture, une belle assise, un horizon magnifique, un voyage sensible...

a partir de c'est une rumeur, c'est a proprement parler extraordinaire; cela correspond a une sensibilité qui me hante

je vais poster un texte qui réveille en moi, une nouvelle fois la même impression que j'ai eu à l'issue de son écriture



Merci pour cette grâce un peu grave

loic

Oh mais décidément, j'en ai laissé passer, des textes magnifiques!
Ce "Tribu", -merci Loïc-, va rejoindre ma collection de préférés...

Incapable de te reprocher ton "empilage sédimentaire des Et.", ni quoi que ce soit d'autre, j'écoute émue, sourdre le chant de l'écorce, murmures telluriques aux éclats de dents de lait.
Merci pour ce partage.

Bonjour,

merci à vos passages d'avoir ré-activé mon assiduité envers Vos Ecrits,
j'aimerais dire quelque chose d'intelligent pour répondre,
mais voilà....

J'ai toujours du mal à terminer ce que je mets en chantier.
Tribu a peut-être eu la chance d'un peu de continuité, de linéarité dans mes reprises de notes
(mes textes seraient comme des chaussettes ?)
d'où un traitement un peu de faveur, on dirait,
pour quelque chose de plus lisible, moins abstrait
- mais aussi sincère

Bon, je ferais mieux de commenter....

Je découvre à mon tour

wahou !

mais pourquoi vouloir continuer ?

ça m'a l'air complet !

vraiment vraiment superbe