Etre veuve ou poète, il faut choisir
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Etre veuve ou poète, il faut choisir
Etre veuve ou poète, il faut choisir.
Nous sommes à peu de choses près comme ces veuves sans visage qui blessent les collines basses à chaque crépuscule. Lents faucons, nous arpentons l'amont et l'aval du relief, verdures gibbeuses et humides, forêts épaisses et hêtraies décoiffées par l'automne, nous traînons nos chevilles en file indienne sous les ronces griffues ou les orties, et c'est dans la douleur qu'on peigne nos fantômes. Si nos voiles noirs sont jetés au vent de l'altitude, c'est pour souffler notre deuil au-delà du monde et retrouver nos amours perdus car nous aspirons toujours, même voisins de la mort, au sublime. Ainsi, ni l'orgueil de la veuve ni le mien n'échappent au secret désir d'infini. Et c'est comme au goulot d'une bouteille de whisky s'hydrater à l'oasis de Dieu. Mais où la veuve assoiffée, traversant des déserts, cherche ce qu'elle ne saurait retrouver, où celle-ci prend conscience que la lisière de l'infini n'ouvre d'horizon que sur sa vanité ; moi, je brise perpétuellement, dans un éternel retour sur moi-même et sur la nudité étrange du monde, ce qui fut autrefois brisé ; et l'espace-temps que je foule dans cet être brisé, je l'inspire et le noie infiniment dans l'encrier noir de ma vie. Je ne connais rien de la vanité de la veuve, car l'infini n'est pas chez moi une perspective vers laquelle je dois aller. Il règle au contraire chaque pas de ma marche, chacun de mes gestes et chacune de mes lassitudes. Il est le nom que je donne aux sacrifices faits pour voir en moi-même quels chaos réordonner, à quelles falaises prêter mes sauts, à quels saluts joindre ma foi. Il est l'autre face du malaise.
Nous sommes à peu de choses près comme ces veuves sans visage qui blessent les collines basses à chaque crépuscule. Lents faucons, nous arpentons l'amont et l'aval du relief, verdures gibbeuses et humides, forêts épaisses et hêtraies décoiffées par l'automne, nous traînons nos chevilles en file indienne sous les ronces griffues ou les orties, et c'est dans la douleur qu'on peigne nos fantômes. Si nos voiles noirs sont jetés au vent de l'altitude, c'est pour souffler notre deuil au-delà du monde et retrouver nos amours perdus car nous aspirons toujours, même voisins de la mort, au sublime. Ainsi, ni l'orgueil de la veuve ni le mien n'échappent au secret désir d'infini. Et c'est comme au goulot d'une bouteille de whisky s'hydrater à l'oasis de Dieu. Mais où la veuve assoiffée, traversant des déserts, cherche ce qu'elle ne saurait retrouver, où celle-ci prend conscience que la lisière de l'infini n'ouvre d'horizon que sur sa vanité ; moi, je brise perpétuellement, dans un éternel retour sur moi-même et sur la nudité étrange du monde, ce qui fut autrefois brisé ; et l'espace-temps que je foule dans cet être brisé, je l'inspire et le noie infiniment dans l'encrier noir de ma vie. Je ne connais rien de la vanité de la veuve, car l'infini n'est pas chez moi une perspective vers laquelle je dois aller. Il règle au contraire chaque pas de ma marche, chacun de mes gestes et chacune de mes lassitudes. Il est le nom que je donne aux sacrifices faits pour voir en moi-même quels chaos réordonner, à quelles falaises prêter mes sauts, à quels saluts joindre ma foi. Il est l'autre face du malaise.
Art. Ri- Nombre de messages : 314
Age : 26
Date d'inscription : 28/10/2010
Re: Etre veuve ou poète, il faut choisir
Le titre est fascinant.
Le texte aussi. C'est de la poésie en prose, et de la superbe. Le genre de truc qu'on aimerait pouvoir écrire un jour. Un mélange subtil de lyrisme et d'humour noir.
Pardon pour la métaphore, mais je trouve cette prose poétique de très haut niveau.
Le texte aussi. C'est de la poésie en prose, et de la superbe. Le genre de truc qu'on aimerait pouvoir écrire un jour. Un mélange subtil de lyrisme et d'humour noir.
Pardon pour la métaphore, mais je trouve cette prose poétique de très haut niveau.
Invité- Invité
Re: Etre veuve ou poète, il faut choisir
Comme à chaque fois que je te lis, je suis muette d'admiration. L'univers que tu décris n'est pas celui que l'on peut voir, pas une donnée, mais une pure création de poète, à mi chemin entre l'intime et l'universel.
Invité- Invité
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