Il a ri, et puis il est parti

Le fond est si prenant qu'on ne pense plus à la forme. Pourtant, elle est joliment tournée et adaptée. Rien n'est là au hasard. Je note l'alternance pair/impair, c'est vraiment quelque chose qu'il faut manier ainsi, pour que cela reste musical, je pense.

Enfin, d'autres seront plus aptes à en parler, mais je réponds aussi pour que ce beau poème ne descende pas dans la liste.

j'aime bien
(je préviens je ne sais pas commenter la poésie autrement que comme ça, à peu près)

Le titre, surtout

Les marins qui meurent en mer
et que l'on jette au gouffre amer
comme une pieeerrrrre
avec les chrétiens refroidis
ne s'en vont pas au paradis
trouver saint Pieeeerrre

(chanté par Damia)

Ce poème ne peut pas obtenir seulement deux commentaires.

J'ai ai moins besoin de lire son auteur. Et je voudrais que les spécialistes du vers libre en parlent aussi, pour que je saisisse la magie rythmique qui le sous-tend et qui nous emporte dans les rouleaux de l'onde... :-)

On pense immanquablement aux chansons réalistes
Celles qui prennent aux tripes et ne sont plus de saison
Que l'on chante à la fin des repas et font sortir les mouchoirs

En vers libres ça fait tout drôle
Mais c'est encore plus poignant

Dame Mim a écrit:J'ai AU moins besoin de lire son auteur.

Et j'en profite pour ajouter aux mots de Tizef : le vers libre, si bien manié, rend le propos vraiment puissant.

Oui le fond est prenant... Et c'est le cas de le dire.
J'ai aimé

Joliment dit et poignant.
Cependant je remplacerai :

"Elle l'a pris.
Elle ne le lui a pas rendu ."

par un tout simple

"elle le lui a pris"

le "elle ne le lui a pas rendu" sonne un peu lourd et casse la musique je trouve

Bien d'accord avec Rebecca!

Iris, juste te dire combien j'ai aimé ce texte sensible.
Et en particulier le jeu, l'incertitude, le trouble sur les "il" et "elle".
Bravo.

Et aussi que certains aspects de la forme ont commencé par me rappeler le Déjeuner du matin de Prévert

ya de la forme
ya du fond
ya du mystère
ya de l'image
ya de la musique
ya ya ya !!!

su per be !!

je le reçois violemment, parce que c'est vraiment incisif dans le style, et alors je ne parle même pas du fond...ouch...!!
bobo.

Pardonnez-moi, de reposer ici, aujourd'hui, ce petit caillou.
C'est juste pour...
Pour rien. Comme ça.

Tu fais bien Iris.
J'avais été incapable de le commenter la première fois (non qu'il ne m'ait pas touchée, au contraire), et maintenant, je ne suis pas trop inspirée; un texte simple et fort, qui se suffit à lui-même tant le propos est lourd et grave, et les ravages de la violence silencieuse irréversibles.

Il m'avait glissé entre les doigts celui-là !
Je suis de l'avis de Tizef, poignant comme une chanson réaliste qui laisse une drôle de boule dans la gorge chaque fois qu'on l'écoute.
Je me suis repassé le petit coquelicot chanté par Mouloudji ...

Oh, ce poème ! (oui parfois je fais des apparitions sur le forum...)
Quand je l'ai lu je me suis souvenue l'avoir déjà lu avant, je me rappelais bien de ces vers:

"Elle avait des envies de grasse matinée.
Il a ri.
Et puis il est parti."

Cette strophe:

"La mer l'attendait.
Elle était démontée, comme il l'aimait.
Il s'est offert à elle.
Elle l'a accueilli.
Puis elle l'a malmené.
Elle l'a pris.
Elle ne le lui a pas rendu ."

Je l'aime mais en même temps elle me frustre un peu. A cause peut-être de ce "puis" qui ne me semble pas nécessaire. Il est là pour éviter la répétition simple du "elle elle elle" ? Dans ce cas vous auriez pu faire quelque chose du genre "Elle l'a malmené
L'a pris"
Enfin je ne sais pas. Pareil pour la répétition "le premier".... J'ai des doutes sur ce vers. Est-il essentiel ?

Mais "la mer l'attendait" je trouve ça beau et triste
Et puis j'aime cela:
"Elle était démontée, comme il l'aimait.
Il s'est offert à elle."
Si on retire le point après "comme il l'aimait" on a un double sens très beau;
"Elle était démontée, comme il l'aimait."
ou bien
"Elle était démontée ,comme il l'aimait
Il s'est offert à elle"
Comme il l'aimait il s'est offert à elle.
Et cette subtilité (peut-être inconsciente je ne sais point) je la trouve bien riche.

Quant au début, qui fait un peu mélodramatique... Ben j'aime quand même (à part "Il est revenu, tout frais.", ça me semble déplacé)
Elle avait des envies de grasse matinée.
Ils se sont aimés comme on s'aime à vingt ans.
Mieux.
Ils avaient chacun deux fois vingt ans.
Ces vers franchement moi je dis pourquoi pas, c'est beau beau beau.

C'est étrange que cette fameuse nuit où je m'étais mise à lire tous vos poèmes, Iris, je n'aie pas commenté celui-ci.

un poème qui raconte comment un bonheur peut être fragile et éphémère, très bien écrit et qui méritait bien de remonter des profondeurs de VE.
La remarque de Manon sur ce double sens obtenu par la seule suppression d'un point me semble absolument bien vue et démontre s'il le fallait que la poésie est faite d'infimes détails.

le premier jour des vacances
aujourd'hui
iris
ton texte est un beau texte
une vague d'émotion, un fait divers,
fleur de lys
iris