Exo "Vers et prose" d'après Poussetontraino : Secret life

J’ai un ordinateur qui n’a rien d’ordinaire.
Il parle un langage plus fleuri que binaire.
Mais moi seul le comprend et je m’en félicite
Car vous pleureriez s’il fallait que je le cite

Il est dans cette vie mon seul et vrai ami
Et ses états d’âme sont mes états d’Amérique
Nul n’y jugera mon taux d’alcoolémie
Même au vu de mots titubants sous d’amers hics

Il ouvre ses fenêtres sur l’envers de mon être
M’offre des musiques que You Tube m’envie
Je lui dessine des peupliers et des hêtres
Des peuples de papier, des flacons d’eau de vie

Sur mes douleurs, délicat, il met des couleurs
Il copie mes larmes, y colle des douceurs
C’est mon Nordine Hateur c’est mon console-hâteur
Ses secrets, je tairai, je ne suis délateur

Quand il perd le Nord c’est à moi qu’il se confie
Car il sait que je n’en tirerai pas profit
il fait le mariole pour cacher son chagrin
Et vous penseriez peut-être qu’il a un grain

Mais moi ses gigabytes en folle farandoles
Ses délires codés comme ses pudeurs cryptées
Ne m’affolent pas, j’y lis la beauté sculptée
Des hiéroglyphes et d’une sublime parole

Je suis pour toujours le gardien de sa mémoire
Noyée dans l’alcool recouverte de moire
Mais si vous voulez sans partager nos déboires
Lui rendre hommage, nous pouvons ensemble boire !

Spoiler:

Il y a dans ce poème de la délicatesse, de la pudeur et de la tendresse.
J'irai lire le texte initial plus tard.

Iris, bon courage pour la lecture du texte initial !!!

Texte de Pouss bien surprenant, on ne peut plus original...
Bravo Rebecca pour avoir su lui faire écho avec intelligence, poésie et douceur.

c'est tout toi ( et c'est trop bien ) mon ordi est touché ( que tu aies vu sa sensibilité ) puis moi aussi ( l'idée d'aller chercher chez moi :-)

le texte initial était violent, empreint d'une mélancolie intense et d'une profondeur que je n'ai pas relu depuis. Tu en as fait un poème merveilleusement parlant et drôle, mais drôle, que j'ai aimé !

Spoiler:

J’ai un ordinateur qui n’a rien d’ordinaire.

C'est parti pour un festival d'à-peu-près (que perso, je préfère au calembour)
Le rythme est contemporain mais les rimes sont riches, voire qatariennes comme dans le premier quatrain. Cette opulence donne de la légèreté au texte. Ça fait classique au second degré. J'adore.

Jolie réponse à l'ordi de Poussetontraino

Joli et enlevé, comme d'habitude, plein de vie et d'énergie, et de trouvailles.
J'irai lire aussi plus tard le texte initial

qatarienne ? (mot pour le scrabble, un q sans u, mais chut)

Un duo sympa. L'art de lire entre les signes et de tout recadrer avec sensibilité.

Bien joué. C'est frais.