Nuits trempées

 
Nuits trempées où mon front aima tout de ton nom
Jusqu'à s'imaginer à l'oreiller l'odeur
De l'absente à l'enivrement d'une absinthe 
Les nuits doubles où je rejetai d'abord ton corps 
A cause du jour qui se faisait jaloux
Le lit comme le sommier inversé
D'un miroir où je me constituai
Prisonnier
La bouche contre mon propre reflet à tenter de le boire
L'esprit vain comme l'ivresse des somnambules
Mon étendue immobile dans ce lit noir
Mon mur psychotique

Ma main qui cherchait une étreinte qui ne venait jamais
Ma divague, ma barque, dans la nuit
Qui s'éloigne et va chercher des désirs
Qu'elle ramène en une petite boîte sculptée
Au matin j'ouvre le calice je regarde les religions de la nuit
Les médailles et les alliances du fond de l'eau
Des songes des paillettes de l'or
Et toi
Ramassés à l'épuisette
Et des espoirs comme les striures d'un coquillage
Sur la grande pierre des amours du monde

Je te retrouve au pied du lit
Je te retrouve dans la poussière
Enlacée à la réalité, tes yeux gris qui me regardent
Les pénétrances de ton univers dans mes sommeils
Je m'assieds sur le sable du réveil
A côté de moi ton corps s'efface lentement
Marquée dans l'épuisement
Emportée par le ressac qui brasse, embrasse
Le rêve de sable
Avant que tout ne se retourne jusqu'à la mer du soir

Je me demande pourquoi te voir fluviale
D'autres furent pour moi le parfum de la terre
Oui les lisères le copeau les résines
Les brindilles mouillées
Ce n'est pas toi fuyante
Qui fut la première à gratter les rochers
Comme une harpe minérale que la marée érode
Mais d'eau et d'os, dos à dos est ton univers

Si tu n'avais pas laissé un peu d'écailles dans le ciel
De ton habit d'amante décrochées
D'amante que seule petite mort me permettra d'aimer
Si à l'aube il avait fait jour, si j'avais pu
Si j'avais pu cessé de faire jouir
Mon cœur de ton corps à l'aurore
Si la dernière note où la raison se brise
Si seulement j'avais pu

Mais toujours le matin pour rappeler le soir
Laisse ce creux mouillé sur le bord de mon lit
Là où les draps ont glissé au sol 
Comme la mer ; dans mon triste naufrage
Cet épuisement où la conscience en plongeant le corps nu
Me permettra encore d'aimer tout à l'heure
Quand je rentrerai
Déshabillés des interdits
Mes mains ma bouche et mon langage
Ces îles que les arlequins fuient 
Attendront jusqu'alors

C'est fini
La fin du jour
Ma permission
Attendre encore
Ton corps

Ouah ! Première impression : c'est assez " pied de plomb " !

Je vais y revenir plus tard car je n'ai pas de critique objective pour l'instant,
juste un ressenti immédiat.

Je ne sais pas quoi dire
(mes com en poésie sont de plus en plus affligeants, je sais)
mais je plonge avec plaisir dans cette spirale
où de temps en temps un objet incongru, un truc (petite boite, épuisette, coquillage, rocher) me ravit totalement

Comme Janis mes coms aussi sont souvent affligeants, c'est pourquoi je dirai que par contre son commentaire me plait beaucoup et que comme elle ce sont ces petites choses qui me ravissent.
Car Marine ELLE, elle sait donner : L'émotion...

Que veut dire "pied de plomb", Pascal ?
C'est négatif, dans le sens trop lourd, ou positif ?

Merci Janis pour ta lecture et ton commentair

Merci Maryse également !