Exo "Nuit d'Halloween" : Wouaaaah hahaha !

Chaque année à la même date, et à partir d'une certaine heure, je m'astreins à me barricader derrière volets et porte close, à débrancher ma sonnette et à vivre en taupe, éclairage tamisé.De la même façon, si j'écoute de la musique ou regarde la télé, ce n'est jamais qu'un casque sur les oreilles.
Le signal pour mettre en oeuvre cette stratégie, ce sont ces rumeurs au fond du quartier. Puis les manifestations de joyeuseté approchent et l'on entend alors distinctement des rires idiots, des hurlements tout droits sortis de quelque film d'épouvante, et des cavalcades qui laissent imaginer une armée de pieds plats battant la semelle sur le goudron de la rue.

Et pour quoi, toute cette comédie ? Pour récolter quelques bonbons et autres sucreries contre la promesse de nous épargner toutes sortes de malheurs épouvantables. Du racket, ou je ne m'y connais pas.
Ce n'est pas que je sois pingre. Et par amour des enfants des autres, je déverserais bien des quintaux de malabars sur leurs têtes.
Mais je n'aime pas ces coutumes que l'on entend nous faire adopter. Et je n'aime pas qu'on les adopte sans même savoir ce qu'elles représentent.

Ce soir-là, j'étais parée pour échapper à l'hystérie collective des garnements du quartier. Et pour me mettre en condition de zénitude complète, je m'étais même réfugiée dans un bain au lait d'ânesse, puis avais pris soin de mon corps, à coup de gommage et de masque revitalisant à la courge. Le pied !
J'avais également parfait mes soins en appliquant sur ma chevelure hérissée une teinture dans les roux, en parfaite harmonie avec la couleur courge.

Malencontreusement, j'avais omis de débrancher ma sonnette.
Un coup d’œil sur la rue, par un vasistas, me fit découvrir de bien gentils monstres et sorcières se réjouissant de la peur qu'ils allaient me faire, en s'essayant à des onomatopées :

-Wouaaaaaah Hahahaha !

Une fois n'est pas coutume, je décidai de leur ouvrir ma porte.
Interloqués, sidérés, pétrifiés sur place pour certains, et pour tout dire horrifiés à ma vue, ceux qui pouvaient encore se servir de leurs jambes les prirent à leur cou pour déguerpir, perdant dans leur fuite effrénée leur petit panier de bonbons.

Je ne tardai pas à recevoir de la part de parents outrés des coups de fil dénonçant ma méchanceté.
Eh bien je peux l'assurer. L'année prochaine, je resterai dans mon lait d'ânesse et profiterai plus longtemps de mon masque à la courge.

Je le savais qu'entre peur et rire il n'y avait pas à choisir.

Trés bon premier texte Iris.

elle risque d'aimer ça ta tatie Danielle coquette, la prochaine fois, je gage qu'elle se tartinera la hure des sueurs froides des marmots et s'en tamponnera l'excédent avec les lettres d'insultes des parents.
Joli texte Iris !

Belle réactivité !
Dans l'exo : tu as battu tout le monde au sprint.
Et dans la vie. Du moins si cette savoureuse histoire est autobiographique.
:o))

Je ris encore. C'est du bon texte Iris.
Bien fait pour ces sales mômes !

Un texte alerte, une Tatie croustillante. Les petits diables n'ont qu'à aller se rhabiller!

Ah oui, en effet, c'est légèrement plus soft :o) que mon machin.

Pas si courge que cela...;-)

"Mais je n'aime pas ces coutumes que l'on entend nous faire adopter. Et je n'aime pas qu'on les adopte sans même savoir ce qu'elles représentent."

Entièrement d'accord avec vous. Halloween n'est qu'une intrusion de plus de la culture anglo-saxonne dans nos chaumières, savamment relayée par l'industrie du jouet. Mais comment résister quand nos chères têtes blondes veulent à tout prix rejoindre la masse ?

Sinon un texte plutôt comique, j'imagine bien la scène en effet.

Un petit texte réjouissant qui joue sur le principe de l'arroseur arrosé avec peps ! Bravo Iris, je t'encourage à étendre ce genre de réception à d'autres catégories ( démarcheurs, famille éloignée qui passe pour les vacances, collègues de travail, pétitionnaires, voire progéniture venue vous taper, fouineuse voisine obligeante ou même , avec un peu de chance : huissier !) ... mais à condition bien sûr de nous décrire la scène !

très bon aussi

-Mouaaaaaah Hahahaha !
c'était mentor, donc ?