Exo "Nuit d'Halloween" : La portée de Poussinette

La première fois, j'avais huit ans, je n'y connaissais rien à cette fête des citrouilles, qu'on allait à la chasse aux bonbecs déguisés comme des monstres, frapper à la porte des voisins, qu'on se marrerait avant même d'y aller : Non, pas lui, c'est un vrai connard, il va nous sortir sa pétoire, tu vas voir... la famille Michel ? pppfffooouuuhhh, c'est chaud là, tu nous embarques dans le train fantôme P'tit Louis ! t'as vu comment la mère a reçu Béa la semaine dernière ? tout ça parce qu'on a chopé Poussinette ? Faut dire qu'on a fait fort ce coup-ci. Le Gros Georges avait eu une envie de feu d'artifice, alors on lui a laissé les manettes, roues libres, vas-y Georges, épate-nous. On se lançait des défis comme on se refile un rhume, c'était à celui qui restait le plus longtemps au lit. On était tous une bande de galopins pourris jusqu'à l'os, on balançait des caillasses dans les vitres des maisons avant de déguerpir comme des lâches, on crevait les pneus des voitures, on faisait la misère aux gamins, à l'école, on était jaloux, on était comme nos parents, jaloux et cons à la fois.
Le Gros Georges avait enfilé un pétard dans l'cul de Poussinette qui s'était mise à courir comme une foldingot. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que le pétard lui rentrerait doucement dans l'fion avant d'exploser et de disperser des bouts de Poussinette partout sur la pelouse du jardin d'la mère Michel.
Toc, toc, toc...
Georges... Georges ! Y'a quelqu'un qui frappe à la porte. Tu vas bouger ton cul ou quoi ?!
J'ai entendu, j'suis pas sourd.
Pppfffooouuuhhh, j'en peux plus, j'en ai marre, de tout. De la vie, de tout, de ce mariage qui ressemble à rien. Putain, mais qu'est-ce j'ai fait de la sauter. M'en souviens, comme si c'était hier. Une fête d'Halloween, chez Béa, ça peut pas se refuser. J'avais enfilé mon costume de vampire, noir, avec mes crocs postiches, un vrai succès. Un vrai échec. J'ai remporté la partie, mais je n'ai pas joué avec le bon partenaire.
Oui, bonsoir, vous voulez des bonbons, c'est ça ?
Non, connard, c'est le retour de Poussinette : Bang !
Arghh, je savais pas qu'elle avait eu une portée...

c'est net, concis, imagé, juste,
la vraie vie comme au cinéma
waouuh

Tu nous as bien eus, avec ton titre !
C'est cru, truculent comme un langage de garnements. C'est rondement mené, efficace, jusqu'à la fin, qui réserve encore un chien de la chienne ( transposer avec chat) au gros con.

Une écriture à la Despente ... j'adore !

Mais ça déménage, dis donc ! T'as un ton, un punch, l'ellipse juste bien, Halloween t'a inspirée, Pussicat, tu devrais exploiter plus souvent cette veine noire ...

La face cachée de Pussicat ... délicieusement horrible :-)

oh oui alors quelle surprise de te découvrir dans ce registre acerbe et mordant ! dis moi, tu portes vraiment bien ce style qui "aboie" !
J'imagine qu'il n'est pas nécessaire de dire que j'ai aimé te lire.

Wouf, ça grogne et ça détonne! Inhabituelle, comme lecture. Pourtant c'est un vrai conte: y a même une morale. Beau bébé!

Bien aimé la phase des galopins que les grands initient, le style, tout. Une fête qui laisse des souvenirs décoiffants!