Exo "Péchés capitaux" : Vie de B

B ne fit aucun effort pour naître : il coula de sa génitrice comme d’un pot de confiote. L’accouchement se fit sans douleur, sa mère n’ayant pas même à pousser.
Il passa son enfance à se lécher les doigts qui étaient couverts de confiture justement et de miettes de croissants.
A la puberté il découvrit les joies de la masturbation.
Lorsqu’il atteignit l’âge de 18 ans ses parents moururent dans un accident de voiture (on retrouva de la confiture – encore ! - dans le réservoir à essence). Ils lui laissaient une immense fortune : il prit la décision de se faire rentier.
Attiré par les belles lettres, il entreprit la rédaction d’un roman. Il envoya son manuscrit chez Gallimard, qui fut refusé.
Il plastiqua les locaux de la prestigieuse maison.
Dans un jour de bonté il recueillit un sans-papiers, lui trancha la langue, l’énucléa avec une fourchette à escargots, lui scia les jambes avec une égoïne et le plaça dans une petite voiture électrique en prenant soin de couvrir son absence de guibolles d’un joli plaid rouge, de l’affubler d’une paire de lunettes noires, d’une canne blanche et de pittoresques haillons.
Il lui fit don d’un gobelet en plastique et traça enfin quelques mots bien sentis sur un morceau de carton. Avec un sens du devoir jamais pris en défaut, le comorien muet, aveugle et cul-de-jatte finit non sans peine par maîtriser à la perfection l’art subtil de susciter la compassion de ses congénères.
Certes l’argent ne filait pas entre les doigts de B mais on est jamais trop prudent, n’est-ce pas ?
L’oisiveté ne lui pesant jamais, B profitait du temps qui passe, sortait de son lit douillet pour honorer ses nombreuses maîtresses, faisait d’excellents repas dans les restaurants meilleure qualité-prix de la capitale et récoltait chaque soir l’argent de son comorien qu’il nourrissait de croquettes pour chiens.
Il mourut écrasé par un autobus alors qu’il traversait précipitamment la rue sans regarder pour ramasser une pièce de monnaie.

B comme Bertrand ?
On ne peut que saluer l'esprit d'initiative de ton personnage et le donner en exemple à une jeunesse encombrée de préjugés.
Me suis bien marré; mais ne vais pas te féliciter, ça te rendrait orgueilleux.

J'ai honte, j'ai ri.

Cette fin est terrible et injuste... niarf ! niarf !

Dès les premiers mots, je savais que j'allais me régaler !
Pas déçue !
J'aime beaucoup cet humour à la fois cynique et drôle.

Enfin... c'est assez normal que l'humour soit drôle, Coline Dé ! Faudrait voir à faire attention à ce que t'écris dans le fil de Legone, qui mérite beaucoup mieux que ce commentaire à la mord-moi le neutrino !

je me suis bien marrée aussi, excellent, toutefois, tu ne suis pas à la règle l'exo puisque que tu commences par la gourmandise... me trompe-jeu ?

Un sens de la formule savoureux. Et je ne parle pas de la cruauté tout à fait jouissive.
J'ai beaucoup aimé ce texte.

Ben toi
c'est toujours jubilatoire
et gnac ! et paf !
j'adore, c'est tout
tes personnages masculins devraient rencontrer mes tueuses psychopathes, ça ferait un beau grabuge

Acerbe au possible, humour noir, je n'ai pas ri, je trouve B cruel et suis bien heureuse de sa fin ! Très bien écrit.

une mort un peu trop tendre pour un personnage bien détestable. Dieu qu'il est mauvais ! mais chut, c'était bon !
une écriture percutante, les horreurs s'enchainent avec une étonnante fluidité. Bravo !