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Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste

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Jano
Ariel
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Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste Empty Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste

Message  Ariel Mer 7 Nov 2012 - 23:40

Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste


Lui ne sait pas depuis quand c’est là.
Avant sa naissance. Ses parents et les parents de ses parents en parlaient déjà. On ne se pose pas cette question, comme de savoir si l’été sera sec ou chaud, ou s’il y aura de la grêle. Non, il le sait là quand il se lève, là quand la nuit tombe, et ça lui est suffisant. Un peu comme le jour : on ne se pose pas cette question. Il est.
Plutôt, il lui parle. De loin. Comme il parle aux siens disant que quelque chose lui manquerait s’il disparaissait, un matin, de la colline en face. Il le dit mal avec des mots, c’est plus simple avec les yeux, le geste interrompu du travail, avec la respiration plus longue qui vient conclure un moment de réflexion, de dialogue silencieux.
Pas trop longtemps, parce que le vin le demande. Le vin n’aime pas la liberté que prend la vigne qui est une affaire courante (il a entendu cette expression, et il pense devoir la comprendre comme ça). Le vin aime l’ordre qu’il met avec ses mains, avec son savoir qui vient de ses parents et des parents de ses parents, avec son application d’aujourd’hui le respect d’hier, et de demain.
Mais il n’a qu’à lever la tête pour le rencontrer. Il ne sait pas que ça a trait à la beauté. Ce serait théoriser au dessus de ce que son esprit est a même de construire. Comme la technique qu’il a fallu acquérir et transmettre pour poser l’une sur l’autre des pierres si grandes, si lourdes. Même ces mots sont trop compliqués. Sauf grand et lourd, ça, il sait, mais c’est si grand et si lourd que ce n’est même pas la peine d’imaginer. C‘est inhumain.
Il ne sait pas, non plus, que le temple n’est pas fini. Que les bossages aux pieds des marches n’ont pas été enlevés, que les colonnes sont encore à l’état brut, et qu’il y aurait eu peut-être encore plus de beauté dans la construction achevée. Qu’essayer de la concevoir serait une source supplémentaire de beauté.
L’appel à son émotion est la beauté, mais il ne le sait pas, ne peut la nommer. Juste, sentir. Ou avoir peur pour le temple, quand il sent la terre trembler sous ses pieds. Ça, il est capable d’en parler, pas qu’avec les yeux ou la grimace qui déforme le visage. Avec des mots précis, les colonnes, le fronton, l’effondrement… Quelque chose des mots de la mort, de l’absence. La peur du lendemain, il sait, il veille.
De l’autre côté du vallon, il voit des visiteurs qui s’arrêtent, repartent. Ils font le tour du site, le front en l’air. Il pourrait lui aussi prendre l’allée de cyprès, traverser le bois de chênes-verts descendre dans l’arroyo, et remonter le ravin par des sentes que lui seul connait. Il pourrait s’il voulait aller toucher les pierres, glisser ses doigts dans les anfractuosités, les fissures. Mais on embrasse mieux de loin. Comme les colonnes auxquelles avec le temps il a appris à donner un nom. Une vie.
Au début c’était les saintes du calendrier, ou des nymphes d’Ovide. Petit, on apprend ces noms. Mais les colonnes n’ont pas d’histoire, juste celle qu’elles ont à porter sur leurs épaules. Et il en viendrait presque à les plaindre, de cette responsabilité immobile, de cette réclusion. Alors il leur a donné des noms de vents. Et quand il en manquait, il les a inventés. C’est facile à nommer, un vent. Il suffit de sentir. Juste, sentir.
La beauté il ne la sait pas, quand inconsciemment il l’apprivoise dans sa mesure de loin ; avec ses combinaisons de deux, de trois, de quatre, une main dont on ne voit ni le début ni la fin.
Tant il n’ignore pas que s’il connait le plan, la proportion, et l’équilibre, il ne connaîtra ni le début, ni la fin. Une idolâtrie comme une image de Dieu qu’il a posée sur la colline d’en face, à qui confier le finalement si peu qu’il a d’amour en lui, le si peu qu’il sait de la beauté. Il le fait avec un instant de violence douce qui corrompt le geste du travail, un peu trop brutal à ce moment-là, un peu trop passionné et qui casse une croûte de terre, ou arrache une tige qui s’éloignait. Le complet désordre des bois, des vignes, de la broussaille, et en face l’impossible alignement des colonnes, ça ne peut être qu’un dieu.
Et il regarde sa main, qui vient de lui rappeler qu’il est de ce côté-ci de l’arroyo.
Ariel
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Message  Jano Jeu 8 Nov 2012 - 11:12

Je ne sais pas trop quoi dire de ce texte qui m'échappe un peu. Je crois en fait que je ne ressens pas grand chose, incapable de me mettre dans la peau de ce vigneron qui contemple un monument antique. À mon avis il manque de l'émotion, le style est un peu plat et des redondances contradictoires rendent le tout assez confus : "Il ne sait pas que ça a trait à la beauté / Qu’essayer de la concevoir serait une source supplémentaire de beauté / L’appel à son émotion est la beauté". On ne comprend plus très bien ce qui anime ce brave homme.
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Message  kwisatz Jeu 8 Nov 2012 - 11:21

J'aime beaucoup les deux thèmes présents à savoir le vin et les colonnes antiques. Les descriptions sont plutôt intéressantes et bien menées. En revanche, j'ai du mal à m'attacher au vigneron. Comme dit précédemment je le trouve un peu contradictoire, au premier abord incapable de percevoir la beauté et puis finalement si. De même, j'ai eu quelques problèmes sur le style. Je n'aime pas trop les phrases sans verbes qui - pour moi, c'est un avis personnel - n'apporte rien de plus au texte.

Pour résumer je dirais que j'ai apprécié le fond, mais pas ou peu la forme.
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Message  Océacide Jeu 8 Nov 2012 - 19:22

Ariel a écrit:Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste


Lui ne sait pas depuis quand c’est là.
Avant sa naissance. Ses parents et les parents de ses parents en parlaient déjà. On ne se pose pas cette question, comme de savoir si l’été sera sec ou chaud, ou s’il y aura de la grêle. Non, il le sait là quand il se lève, là quand la nuit tombe, et ça lui est suffisant. Un peu comme le jour : on ne se pose pas cette question. Il est.
Plutôt, il lui parle. De loin. Comme il parle aux siens disant que quelque chose lui manquerait s’il disparaissait, un matin, de la colline en face. Il le dit mal avec des mots, c’est plus simple avec les yeux, le geste interrompu du travail, avec la respiration plus longue qui vient conclure un moment de réflexion, de dialogue silencieux.
Pas trop longtemps, parce que le vin le demande. Le vin n’aime pas la liberté que prend la vigne qui est une affaire courante (il a entendu cette expression, et il pense devoir la comprendre comme ça). Le vin aime l’ordre qu’il met avec ses mains, avec son savoir qui vient de ses parents et des parents de ses parents, avec son application d’aujourd’hui le respect d’hier, et de demain.
Mais il n’a qu’à lever la tête pour le rencontrer. Il ne sait pas que ça a trait à la beauté. Ce serait théoriser au dessus de ce que son esprit est a même de construire. Comme la technique qu’il a fallu acquérir et transmettre pour poser l’une sur l’autre des pierres si grandes, si lourdes. Même ces mots sont trop compliqués. Sauf grand et lourd, ça, il sait, mais c’est si grand et si lourd que ce n’est même pas la peine d’imaginer. C‘est inhumain.
Il ne sait pas, non plus, que le temple n’est pas fini. Que les bossages aux pieds des marches n’ont pas été enlevés, que les colonnes sont encore à l’état brut, et qu’il y aurait eu peut-être encore plus de beauté dans la construction achevée. Qu’essayer de la concevoir serait une source supplémentaire de beauté.
L’appel à son émotion est la beauté, mais il ne le sait pas, ne peut la nommer. Juste, sentir. Ou avoir peur pour le temple, quand il sent la terre trembler sous ses pieds. Ça, il est capable d’en parler, pas qu’avec les yeux ou la grimace qui déforme le visage. Avec des mots précis, les colonnes, le fronton, l’effondrement… Quelque chose des mots de la mort, de l’absence. La peur du lendemain, il sait, il veille.
De l’autre té du vallon, il voit des visiteurs qui s’arrêtent, repartent. Ils font le tour du site, le front en l’air. Il pourrait lui aussi prendre l’allée de cyprès, traverser le bois de chênes-verts descendre dans l’arroyo, et remonter le ravin par des sentes que lui seul connait. Il pourrait s’il voulait aller toucher les pierres, glisser ses doigts dans les anfractuosités, les fissures. Mais on embrasse mieux de loin. Comme les colonnes auxquelles avec le temps il a appris à donner un nom. Une vie.
Au début c’était les saintes du calendrier, ou des nymphes d’Ovide. Petit, on apprend ces noms. Mais les colonnes n’ont pas d’histoire, juste celle qu’elles ont à porter sur leurs épaules. Et il en viendrait presque à les plaindre, de cette responsabilité immobile, de cette réclusion. Alors il leur a donné des noms de vents. Et quand il en manquait, il les a inventés. C’est facile à nommer, un vent. Il suffit de sentir. Juste, sentir.
La beauté il ne la sait pas, quand inconsciemment il l’apprivoise dans sa mesure de loin ; avec ses combinaisons de deux, de trois, de quatre, une main dont on ne voit ni le début ni la fin.
Tant il n’ignore pas que s’il connait le plan, la proportion, et l’équilibre, il ne connaîtra ni le début, ni la fin. Une idolâtrie comme une image de Dieu qu’il a posée sur la colline d’en face, à qui confier le finalement si peu qu’il a d’amour en lui, le si peu qu’il sait de la beauté. Il le fait avec un instant de violence douce qui corrompt le geste du travail, un peu trop brutal à ce moment-là, un peu trop passionné et qui casse une croûte de terre, ou arrache une tige qui s’éloignait. Le complet désordre des bois, des vignes, de la broussaille, et en face l’impossible alignement des colonnes, ça ne peut être qu’un dieu.
Et il regarde sa main, qui vient de lui rappeler qu’il est de ce côté-ci de l’arroyo.


Trop de QQQ à mon goût empêchant une fluidité du texte et pour le coup, impossible d'y entrer pour moi.

Océacide

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Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste Empty Re: Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste

Message  Invité Lun 4 Mar 2013 - 13:14

J'ai entraperçu le dernier commentaire avant ma lecture, aussi, je les ai un peu remarqués, ces que-qui.
Mais un peu comme ce vigneron, je ne saurai pas dire, juste ... c'est fort !

je regrette un peu la distinction entre prose et poésie sur ce forum, passant à côté de textes comme le vôtre, qui m'enchantent.

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Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste Empty Re: Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste

Message  Ariel Lun 4 Mar 2013 - 21:44

Tu es bien généreuse avec ce texte, à qui je finirai bien un jour par tordre le cou. Écrit une première fois le soir du temple, sur une feuille de brouillon dans une cour de ferme, puis une deuxième, puis une troisième... çavapa çavapa çavapa. Pas tellement les "qu"k"... il y a au moins autant de sss. Non, j'ai toujours la tête entre les colonnes. Il faut dire que ce temple.....

Oui, un jour, peut-être....
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Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste Empty Re: Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste

Message  Ba Jeu 7 Mar 2013 - 10:51

Au moins, ce " temple " aura le mérite de faire couler les mots entre les pierres sans altérer ni les uns, ni les autres ;-)
A suivre ?
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Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste Empty Re: Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste

Message  Invité Jeu 7 Mar 2013 - 23:49

difficile d'apprivoiser le texte ! En revanche, difficile de dissimuler son intérêt, le fond de l'air est frais et épais, pourquoi pas, effectivement, lui tordre le cou et nous raconter ce temple une bonne fois pour toute ? A partir du brouillon.

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Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste Empty Re: Comme chaque jour, le vigneron qui habite en face du temple de Ségeste

Message  Invité Ven 8 Mar 2013 - 9:26

Il suffit de sentir. Juste, sentir.
Beaucoup de sensations éprouvées à la lecture de ce texte. sentir la beauté. heureusement, il n'y a pas que les mots pour l'éprouver. Allez ! Tchin à la beauté et à ce texte très plaisant à lire.

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Message  Sahkti Lun 29 Juil 2013 - 12:18

Pas mal de potentiel dans ce texte qui mériterait certainement d'être quelque peu débroussaillé, à savoir décider sur quoi mettre l'accent. ici, on sent, on voit, on devine, les beautés du temps, du vin ou de l'âme du vigneron qui se cherche mais tout se mélange un peu,faisant qu'au final, le risque existe de ne pas trop savoir où on va. Mais en même temps, est-ce si grave de se perdre un peu ? Non...
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