Terrassée je reste

Tu es debout dans la cuisine. Je voudrais figer ça pour des décennies. Rester assise et regarder ton corps prendre l'espace, le sculpter. Le renverser : c'est comme si : un jour toi, et la matière qui a proliféré autour. C'est comme si ta nuque qui palpite : osciller l'air, propager les ondes. Magnétique je t'ai, et par à-coups je te et tu me... propagée, soutirée par la vague, électrisée.


Tu te sers un verre d'eau. Tes micro-gestes : la chose la plus exaltante
naturelle
déroutante :

Tu fais corps avec tout.






Courant d'air
................. (comme un)
Courant
Je frôle tes yeux


....................... : terrassée.



Tu remontes les escaliers.



Terrassée. Et terrassante cette façon de
.................................. ................... (j'envie les surfaces froides)
.............................................................................................. toucher .............................................................................................. .......... fissurer le monde.

Je n'aime pas trop le" comme si ta nuque qui palpite" ça ne me satisfait pas, la syntaxe est étrange . Les phrases non finies, pas fan non plus. Par contre j'aime bien cette idée de l'amoureux qui fait corps avec l'espace, naturellement. Tu dois être très amoureuse :o) Et le "j'envie les surfaces froides" est très beau et fait sourire aussi.

Je suis, comme toujours, complètement dedans !
Un bémol, toutefois, sur la ponctuation que je ne trouve pas juste ( et pourtant, moi, la ponctuation d'habitude...!)

Rester assise et regarder ton corps prendre l'espace, le sculpter. Le renverser : c'est comme si : un jour toi, et la matière qui a proliféré autour.

Je verrai plutôt : Rester assise et regarder ton corps prendre l'espace, le sculpter, le renverser. Comme si, un jour : toi, et la matière qui a proliféré autour.
Le "c'est comme si" n'est pas joli.
Pour tout le reste : quel bijou !

Je verrais au conditionnel !!!

J'aime croire que tu parles de ta maman. Oui, oui j'aime ton texte.

Il est rare que je ne parvienne pas à entrer dans tes textes, Lyra, qui me demandent souvent plusieurs lectures espacées dans le temps. C'est ce que j'ai fait ici, et j'y reviens bien après mes trois premières, mais je n'y arrive toujours pas.

C'est trop découpé, haché, je ne comprends pas la présence des deux points (:), les phrases non finies et les espacements me gênent, je cherche la matière et ne la trouve pas. C'est un comble j'imagine que je dise cela alors que le texte tourne autour du corps.

Cela dit, j'aime cette première partie : Tu es debout dans la cuisine. Je voudrais figer ça pour des décennies. Rester assise et regarder ton corps prendre l'espace, le sculpter. Le renverser

Et j'aime beaucoup ceci "Et terrassante cette façon de fissurer le monde", même si je n'arrive pas à le rattacher à ce qui précède.

Encore une fois un plaisir de lecture...
Je ne vais pas entrer dans des analyses, c'est vain.
Je prends mon plaisir de lectrice et basta !

Je relève des beautés d'écriture, comme des souvenirs qui me frappent :
Je voudrais figer ça pour des décennies.
Rester assise et regarder ton corps prendre l'espace, le sculpter. Le renverser : c'est comme si : un jour toi, et la matière qui a proliféré autour. ça c'est d'une beauté...
et la suite, merde, c'est un fantôme qui apparaît et brasse l'air, pour moi, pour moi seule !
C'est comme si ta nuque qui palpite : osciller l'air, propager les ondes.
Tu fais corps avec tout. et voilà, et c'est tout !
Je frôle tes yeux... ça c'est terrassant !
et la fin en escalier...
et je ne parle pas des espaces qui nous mangent nous perdent nous laissent perplexes

Des constructions de phrases, une mise en page, des phrases ébauchées laissant place à la réflexion du lecteur, de la sensibilité... autant d'éléments qui font ta propre signature.

Très maîtrisé et très poétique je trouve
J'aime beaucoup ce genre d'ovni qui sort un peu du lot

Cette écriture un peu déstructurée est très intéressante. Ce rythme fracturé, "comme si" les mots manquaient ou étaient inutiles et ça m'a plu !
J'imagine bien (je m'imagine bien) dire le texte à voix haute, lente et hésitante, puis plus ferme...

(merci beaucoup pour vos commentaires!)

C'est terrible parce que depuis que j'ai détourné en prose un de tes poèmes, ça le fait à chaque fois et je suis morte de rire ! (là je vois un couple qui s'aimengueule dans la cuisine, dan sun dialogue de sourds, et si j'ajoute le grille-pain de pouss, c'est mortel)

Donc je vais attendre pour le relire sérieusement, mais quand?

Trois fois que je lis ce texte, qui remonte à la surface. Sûrement pas un hasard.
Et le même plaisir, de l'inattendu. Même après le déjà-lu.
Je ne sais pas ce qui tient du très spontané, ou du très travaillé
je ne sais pas non plus si c'est plus le personnage, ou bien sa trace écrite,
mais c'est fascinant (je pèse ce mot!!!)

j'ai eu beaucoup de mal à entrer cette fois
et comme je n'ai pas compris pourquoi, j'y suis revenue à maintes reprises
et puis, finalement...oui!
comme quoi, parfois cela dépend des jours

il y a juste une chose qui me chiffonne: la répétition de "c'est comme si"
la deuxième fois, "comme si" suffirait il me semble

igloo a écrit:il y a juste une chose qui me chiffonne: la répétition de "c'est comme si"
la deuxième fois, "comme si" suffirait il me semble

"c'est comme si" j'avais eu beaucoup de mal à entrer, et puis j'ai appuyé sur la touche "repeat after me" : "c'est comme si"... "c'est comme si"..."c'est comme si"...

J'arrive toujours sans préjugés dans tes textes, et, souvent, je me dis que je n'aurais pas forcément écrit comme ça mais fiou, ça me fait toujours de l'effet !
Il y a une sensualité dans ce texte je trouve !
Et j'adore toujours autant ton côté plasticienne, qui parle de l'espace, du corps, et de l'humain là d'dans.
Merci

ps : Tu m'manques : )

Ahah ! Il va falloir y remédier alors :0)


Et merci d'être passé !

Et merci pour les derniers commentaires aussi.


(Janis, ça me va si c'est drôle ;0)

Un texte qui sait faire résonner l'urgence par le jeu déroutant de la ponctuation, de la déstructuration syntaxique, de l'éparpillement visuel. On a l'impression, devant cette construction assez radicale, d'être confronté à la mise en ondes d'un poème.

jfmoods, ta remarque m'a scotchée...
j'ai relu ce poème et suis restée moi même restée terrassée.

très fort!

Je découvre ce texte. Terrassant! Oui, c'est l'urgence qui ressort, le besoin de dire, immédiatement ce qui aplatit, liquéfie l'être, l'évidence d'une charge qui ravit mais écrase, stupéfie.
Je suis assez peu sensible à la disposition; à moins qu'elle ne soit justement le témoignage de l'effort du" je" pour échapper à cet écrasement ou ce débordement qui par sa force, peut l'effrayer.
Bravo Lyra!

Ai oublié une virgule après "qui!" C'est la stupéfaction, assurément!