Le sens de la vie pour écrire
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Le sens de la vie pour écrire
C'est nous qui donnons du sens aux choses. Ecrire contribue à créer du sens. Le lecteur apprécie le texte d'un auteur qui renouvelle le sens à travers des histoires ou un poème. Quand ce texte ne répond pas à cette attente, le lecteur est dérouté, frustré, déçu. Mon dernier texte édité sur le site cette semaine, intitulé "C'est comme ça" procure peut-être cette déception. En effet, puisque j'y mentionne seulement des fragments de vie. il n'y a pas de sens premier ou majeur. Simplement le montage, l'association de ces fragments par échos, connotations, peut produire un sens mouvant, selon le bon-vouloir du lecteur. J'ai essayé d'écouter le disparate de la vie, sa dislocation, des "signifiants" sans signifié. Ne plus être démiurge. Bien sûr, pour certains, le recours à une croyance divine peut résoudre ce non-sens. (Je constate d'ailleurs et découvre que mon avatar ci-contre représente un ange errant sur terre ou un homme se prenant pour un ange...) Reste évidemment notre corps, souffrant, jouissant, ressentant. C'est lui notre premier et dernier et unique rapport avec le monde. L'écriture, c'est notre corps transcrit en signes. Donc une émotion que peut reconnaître tous lecteurs.
Si vous voulez poursuivre cette conversation, ça m'éclairerait. On peut amener un coup à boire et à manger, ce sera plus sympa ! .
Raoulraoul
Si vous voulez poursuivre cette conversation, ça m'éclairerait. On peut amener un coup à boire et à manger, ce sera plus sympa ! .
Raoulraoul
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Le sens de la vie pour écrire
Peux partager un jus de canneberges au splenda avec du pain et un peu de baconnaise, si ça vous tente. Je sais pas si ce que j'écris fait du sens pour quelqu'un d'autre que moi... Mouais ! Ce qui compte, si je prends un point de vue de lecteur, c'est de pouvoir s'approprier un texte. Grossièrement, de rentrer dedans. J'aime laisser le flou des personnages : si toi, tu penses que "je" est une fille, alors que dans ma tête, c'était un type, c'est correct. Il faut que le texte laisse une certaine liberté au lecteur et, aussi, plusieurs degrés de lectures.
Après, faudrait voir ce qui nous touche, regrouper les démarches creatives qui se dégagent de tout ça et... Ouais, intéressant tout ça. Après, les textes les plus chiants que j'ai torchés sont ceux où j'ai voulu être "sincère". Lourds en mautadit !
Et désolée pour les accents manquants, la tablette les donne pas à tous les coups...
Après, faudrait voir ce qui nous touche, regrouper les démarches creatives qui se dégagent de tout ça et... Ouais, intéressant tout ça. Après, les textes les plus chiants que j'ai torchés sont ceux où j'ai voulu être "sincère". Lourds en mautadit !
Et désolée pour les accents manquants, la tablette les donne pas à tous les coups...
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Le sens de la vie pour écrire
Je me souviens de mes débuts de comédienne, où j'étais persuadée que ma sincérité me vaudrait une reconnaissance unanime... et où je me suis rendu compte que la sincérité pouvait être inaudible ! C'est, je crois un peu pareil en écriture. Tout peut faire sens... mais pas au même moment pour tout le monde. Quand tu lis un truc, tu as des attentes explicites ( selon l'auteur, le genre littéraire, le format du livre etc...) Si l'auteur répond à ces attentes explicites, tu es content. Sur le moment. Mais pour être vraiment heureux, il faudrait qu'il réponde à des attentes que tu ne savais pas avoir...
Enfin, c'est comme ça pour moi.
Enfin, c'est comme ça pour moi.
Invité- Invité
Re: Le sens de la vie pour écrire
Et quand ce que tu lis ne répond pas à tes attentes explicites...
Soit tu es très " square" et tu refuses, soit tu te laisses aller pour voir si ça va répondre à de l'implicite. Mais ça ne marche pas toujours.
L'idéal, c'est bien sûr quand les deux marchent ensemble.
Soit tu es très " square" et tu refuses, soit tu te laisses aller pour voir si ça va répondre à de l'implicite. Mais ça ne marche pas toujours.
L'idéal, c'est bien sûr quand les deux marchent ensemble.
Invité- Invité
Re: Le sens de la vie pour écrire
RaoulRaoul,
J'ai lu hier ton texte "c'est comme ça" sans le commenter. Parce que j'estimais qu'il méritait mieux que quelques mots d'appréciation comme "j'aime beaucoup" et que je n'avais guère le temps. Il illustre bien en effet ton propos de ce jour : je l'ai lu un peu comme un texte-kaléidoscope où les images tournent, s'entrecroisent, se prolongent parfois... Et, oui, le lecteur y trouve, y place, selon sa lecture, un sens qui lui est propre. J'aime en effet en tant que lectrice, qu'on me laisse un espace pour m'approprier le texte, le laisser me dire des choses que l'auteur n'avait pas forcément songé y placer (ça, ça me rappelle ton texte) ou songé qu'on y lirait.
C'est une démarche que je tente aussi parfois d'appliquer à mon écriture (avec plus ou moins de bonheur) et l'ellipse peut parfois laisser ouvert cet espace. Le texte doit d'une certaine manière, à mon sens, échapper à son auteur comme un tableau le fait pour un peintre, parce que les mots peuvent sans qu'on s'y attende faire résonner certaines cordes chez le lecteur et que c'est une force de l'écriture. Le corps "ressentant" peut en effet surgir à travers les mots et suggérer, créer un état dans lequel le lecteur, plongé par leur intermédiaire dans une émotion particulière, percevra, ressentira et trouvera à son tour un sens nouveau à l'écriture à travers laquelle il regarde le monde.
A partager : un morceau de chocolat noir dont la surface a fondu au contact du café brûlant...
J'ai lu hier ton texte "c'est comme ça" sans le commenter. Parce que j'estimais qu'il méritait mieux que quelques mots d'appréciation comme "j'aime beaucoup" et que je n'avais guère le temps. Il illustre bien en effet ton propos de ce jour : je l'ai lu un peu comme un texte-kaléidoscope où les images tournent, s'entrecroisent, se prolongent parfois... Et, oui, le lecteur y trouve, y place, selon sa lecture, un sens qui lui est propre. J'aime en effet en tant que lectrice, qu'on me laisse un espace pour m'approprier le texte, le laisser me dire des choses que l'auteur n'avait pas forcément songé y placer (ça, ça me rappelle ton texte) ou songé qu'on y lirait.
C'est une démarche que je tente aussi parfois d'appliquer à mon écriture (avec plus ou moins de bonheur) et l'ellipse peut parfois laisser ouvert cet espace. Le texte doit d'une certaine manière, à mon sens, échapper à son auteur comme un tableau le fait pour un peintre, parce que les mots peuvent sans qu'on s'y attende faire résonner certaines cordes chez le lecteur et que c'est une force de l'écriture. Le corps "ressentant" peut en effet surgir à travers les mots et suggérer, créer un état dans lequel le lecteur, plongé par leur intermédiaire dans une émotion particulière, percevra, ressentira et trouvera à son tour un sens nouveau à l'écriture à travers laquelle il regarde le monde.
A partager : un morceau de chocolat noir dont la surface a fondu au contact du café brûlant...
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 63
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: Le sens de la vie pour écrire
Ah ! Qui a dit du chocolat tout fondu ?
:-)
Là, maintenant, il faudrait que je lise ton texte, Raoul-Raoul. Peut-être que ça serait nécessaire pour mieux répondre à ta question.
:-)
Là, maintenant, il faudrait que je lise ton texte, Raoul-Raoul. Peut-être que ça serait nécessaire pour mieux répondre à ta question.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Le sens de la vie pour écrire
Je ne sais pas si je réponds (et quelle est la question ?)
Mais pour moi et depuis longtemps-longtemps, écrire c'est (re)construire le monde, le comprendre mieux, m'y trouver une place, exister
Si ce n'est pas écrit (par moi, quelquefois par d'autres), ça n'existe pas, c'est perdu. Ça va de l'agenda, aux petits carnets, aux textes courts, aux textes longs, tout
et ce que j'aime c'est quand je me retrouve dans les mots des autres, quand j'y retrouve une part de moi-même. C'est très je/je tout ça, mais c'est bien ainsi que ça marche pour moi.
Et oui, pour que ça existe, il faut un autre, un lecteur.
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Le sens de la vie pour écrire
Ecrire pour moi , c'est se donner la possibilité d'avoir une autre vie, cent autres vies, mille autres vies. Lire c'est du pareil au même à cela près que la trame nous est fournie.
Lire, écrire, c'est raccorder tous les univers que nous nous sommes donnés, que nous avons reçus, pour en créer encore un nouveau. Nouvelles ramifications, mises en abymes, interconnections ...
l'écriture est un feu de braises, qu'alimentent nos vies, réelles ou inventées, elle est la somme de toutes ses cendres et le phénix qui en renait :-)))
ce que j'aime quand j'écris ou quand je lis c'est découvrir ce à quoi je pense et aussi ce à quoi je ne pense pas, ouvrir des fenêtres, aérer le moisi d'une pensée rabougrie, la parer de nouvelles ailes
Lire, écrire, c'est raccorder tous les univers que nous nous sommes donnés, que nous avons reçus, pour en créer encore un nouveau. Nouvelles ramifications, mises en abymes, interconnections ...
l'écriture est un feu de braises, qu'alimentent nos vies, réelles ou inventées, elle est la somme de toutes ses cendres et le phénix qui en renait :-)))
ce que j'aime quand j'écris ou quand je lis c'est découvrir ce à quoi je pense et aussi ce à quoi je ne pense pas, ouvrir des fenêtres, aérer le moisi d'une pensée rabougrie, la parer de nouvelles ailes
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
re : Mes réponses sur le sens de la vie
Merci pour vos commentaires passionnants auxquels je voudrais réagir.
A Lucy : oui la sincérité peut être chiante si elle ne prend pas une "forme". Des formes multiples. C'est une des fonctions de la littérature. Ecrire pourrait être la recherche des "masques" pour transmettre au mieux notre vérité-sincérité. Se dire : se mécrire a dit Mathieu Bénezet.
A Coline Dé : au théâtre aussi, il me semble que la sincérité de l'acteur passe par des formes, styles de jeu, artifices, distance (Le Paradoxe du comédien). J'aime la nuance que tu fais , s'agissant du lecteur, entre ses attentes explicites et implicites. Les "implicites" ne seraient-elles pas aussi de susciter une demande que le lecteur n'avait pas prévue, soulever des lièvres, ouvrir des champs insoupconnées jusque là ?... Mais n'est-ce pas vanité de ma part ?
A Demi-lune : le texte échappe à son auteur. Certes. C'est aussi une autre manière de répondre à Coline Dé. La suggestion de l'ellipse ? Trop en dire ou pas assez. C'est une question permanente en écrivant.
A Janis : écrire pour re-construire le monde etc... le comprendre, trouver sa place, exister. Oui, mais hélas il y a toujours cet écart entre le fait de vivre (d'être) et l'écriture qui est du signe, du symbolique. Kafka disait "Ecrire c'est vivre deux fois" ?!... Tu dis aussi merveilleusement "si ce n'est pas écrit, c'est perdu". Je partage cette impression. Pourtant je pense qu'on écrit pour rien, seul finalement reste le bonheur (la jouissance) de l'acte d'écrire. Plus loin tu évoques le "reconnaisance" l'identification du lecteur avec sa lecture. En somme on apprécierait que ce qu'on "reconnaît", c'est-à-dire ce que l'on connaît déjà ? N'est-ce pas un peu regrettable ?
A Rebecca : écrire, pour moi, c'est toujours (hélas) de la fiction. Même si j'écris du réel. La réalité et le produit écrit ne sont pas de même nature. L'écrit est un leurre et le savoir (ou croire ou penser) constitue en partie notre "chagrin", cette frustration constante qui pourtant nous redonne envie à nouveau d'écrire pour combler un vide métaphysique (mythe de Sisyphe...). Par contre j'applaudis "écrire c'est découvrir ce que je pense et aussi ce à quoi je ne pense pas" ; tu prolonges l'idée de Janis. L'écriture comme acte de connaissance. Formidable.
Voilà, les "idées" que vous m'inspirez sur un sujet qui m'intéresse. C'est chouette de vous avoir retrouvé sur ce fil. Il peut se poursuivre. Avis aux nouveaux funambules. Où serait le risque ?
A Lucy : oui la sincérité peut être chiante si elle ne prend pas une "forme". Des formes multiples. C'est une des fonctions de la littérature. Ecrire pourrait être la recherche des "masques" pour transmettre au mieux notre vérité-sincérité. Se dire : se mécrire a dit Mathieu Bénezet.
A Coline Dé : au théâtre aussi, il me semble que la sincérité de l'acteur passe par des formes, styles de jeu, artifices, distance (Le Paradoxe du comédien). J'aime la nuance que tu fais , s'agissant du lecteur, entre ses attentes explicites et implicites. Les "implicites" ne seraient-elles pas aussi de susciter une demande que le lecteur n'avait pas prévue, soulever des lièvres, ouvrir des champs insoupconnées jusque là ?... Mais n'est-ce pas vanité de ma part ?
A Demi-lune : le texte échappe à son auteur. Certes. C'est aussi une autre manière de répondre à Coline Dé. La suggestion de l'ellipse ? Trop en dire ou pas assez. C'est une question permanente en écrivant.
A Janis : écrire pour re-construire le monde etc... le comprendre, trouver sa place, exister. Oui, mais hélas il y a toujours cet écart entre le fait de vivre (d'être) et l'écriture qui est du signe, du symbolique. Kafka disait "Ecrire c'est vivre deux fois" ?!... Tu dis aussi merveilleusement "si ce n'est pas écrit, c'est perdu". Je partage cette impression. Pourtant je pense qu'on écrit pour rien, seul finalement reste le bonheur (la jouissance) de l'acte d'écrire. Plus loin tu évoques le "reconnaisance" l'identification du lecteur avec sa lecture. En somme on apprécierait que ce qu'on "reconnaît", c'est-à-dire ce que l'on connaît déjà ? N'est-ce pas un peu regrettable ?
A Rebecca : écrire, pour moi, c'est toujours (hélas) de la fiction. Même si j'écris du réel. La réalité et le produit écrit ne sont pas de même nature. L'écrit est un leurre et le savoir (ou croire ou penser) constitue en partie notre "chagrin", cette frustration constante qui pourtant nous redonne envie à nouveau d'écrire pour combler un vide métaphysique (mythe de Sisyphe...). Par contre j'applaudis "écrire c'est découvrir ce que je pense et aussi ce à quoi je ne pense pas" ; tu prolonges l'idée de Janis. L'écriture comme acte de connaissance. Formidable.
Voilà, les "idées" que vous m'inspirez sur un sujet qui m'intéresse. C'est chouette de vous avoir retrouvé sur ce fil. Il peut se poursuivre. Avis aux nouveaux funambules. Où serait le risque ?
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Le sens de la vie pour écrire
je te lis et je réfléchis
c'est déjà bien !
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Le sens de la vie pour écrire
Non, je ne crois pas que la vanité entre là-dedans : l'auteur ne peut rien savoir des attentes implicites du lecteur puisque le lecteur lui-même ne savait pas les avoir !Raoulraoul a écrit:
A Coline Dé :. J'aime la nuance que tu fais , s'agissant du lecteur, entre ses attentes explicites et implicites. Les "implicites" ne seraient-elles pas aussi de susciter une demande que le lecteur n'avait pas prévue, soulever des lièvres, ouvrir des champs insoupconnées jusque là ?... Mais n'est-ce pas vanité de ma part ?
Oui, c'est exactement ça : se reconnaitre là où on ne savait pas être !, C'est pour ça que j'attache tant d'importance à l'ambivalence, la dualité, toute les actions et attitudes non univoques : parce que ça permet de découvrir en soi des facettes complètement méconnues, que seul l'autre peut vous révéler, même si on pense bien se connaitre : tout le monde connait ton dos mieux que toi !
T'as drôlement bien fait de lancer cette discussion, Raoulraoul !
Invité- Invité
Re: Le sens de la vie pour écrire
Écrire c'est partager un peu de route, un peu de doute... faire chanter ou déchanter sa langue... apprendre à développer sa démarche et dérouler son pas.
Invité- Invité
Re: Le sens de la vie pour écrire
Au bout d'un moment, il devient impératif de me débarrasser de l'histoire que j'ai en tête et de ses protagonistes. Leurs assassinats m'évite la schizophrénie, c'est ce que nous faisions enfants, nous prenant pour des pirates.
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 59
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Le sens de la vie pour écrire
Je rebondis sur ce que Yali a écrit : tuer mes personnages, surtout sur le long format type longue nouvelle ou roman, c'est comme une nécessité. Est-ce un "pouvoir" créateur ou bien un acte libérateur un peu extrême ? D'aucun se contenterait d'un baptême. La possibilité de mort est là, latente et nécessaire, quand bien même elle peut n'être que symbolique... rarement, en y réfléchissant.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Le sens de la vie pour écrire
Tiens, c'est peutêtre pour ça que j'ai du mal à écrire long : je ne peux pas tuer !
Invité- Invité
Re: Le sens de la vie pour écrire
Mais que c'est drôle , je relisais Maurice Blanchot cet après-midi, et ce soir je tombe sur cet échange passionnant.
(Vous connaissez? http://narratologie.revues.org/6572 )
Vu de ma souillarde, je dirais pour ma part qu'écrire augmente le réel, alors que le lire le creuse, l'approfondit.
Ecrire enrichit le réel de possibilités dédaignées, non advenues.
(Vous connaissez? http://narratologie.revues.org/6572 )
Vu de ma souillarde, je dirais pour ma part qu'écrire augmente le réel, alors que le lire le creuse, l'approfondit.
Ecrire enrichit le réel de possibilités dédaignées, non advenues.
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
re : Le sens de la vie pour écrire
Merci Polixène de nous rediriger vers ces textes de Blanchot. Je les avais complètement oubliés.
A lire, relire, méditer, et à oublier... J'y cours.
A lire, relire, méditer, et à oublier... J'y cours.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Le sens de la vie pour écrire
Entièrement d'accord avec le point de vue de Polixène sur l'écriture et la lecture.
Sinon, je reviens ici après réflexion, "digestion" du sujet.
J'avais envie d'évoquer plus particulièrement la poésie qui me semble aussi un moyen privilégié de renouveler l'écriture parce que les mots "changent" alors. Ils peuvent être utilisés parfois un peu indépendamment de leur sens pour coller plus étroitement à l'expression d'un ressenti, d'une émotion (être en phase) , à cause de leur "couleur" (j'ai pas mal de synesthésies !! ;-) ), de leur "texture" ou sonorité, leur "personnalité". Ils deviennent un matériau malléable qui va permettre de tenter de partager un sentiment, une perception (tout en sachant que très probablement, si le lecteur y est sensible, il y trouvera tout autre chose, il "verra" et percevra un autre univers dans le poème (ça m'arrive souvent à la lecture de certains poèmes qui me font voir et éprouver autre chose que ce dont parle le poème au sens objectif des mots.
Sinon, je reviens ici après réflexion, "digestion" du sujet.
J'avais envie d'évoquer plus particulièrement la poésie qui me semble aussi un moyen privilégié de renouveler l'écriture parce que les mots "changent" alors. Ils peuvent être utilisés parfois un peu indépendamment de leur sens pour coller plus étroitement à l'expression d'un ressenti, d'une émotion (être en phase) , à cause de leur "couleur" (j'ai pas mal de synesthésies !! ;-) ), de leur "texture" ou sonorité, leur "personnalité". Ils deviennent un matériau malléable qui va permettre de tenter de partager un sentiment, une perception (tout en sachant que très probablement, si le lecteur y est sensible, il y trouvera tout autre chose, il "verra" et percevra un autre univers dans le poème (ça m'arrive souvent à la lecture de certains poèmes qui me font voir et éprouver autre chose que ce dont parle le poème au sens objectif des mots.
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 63
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: Le sens de la vie pour écrire
Je pense aussi à ce sujet aux travaux et à la démarche surréaliste...
demi-lune- Nombre de messages : 795
Age : 63
Localisation : Tarn
Date d'inscription : 07/11/2009
Re: Le sens de la vie pour écrire
Le sens de la vie pour écrire... j'ai dans mon sac, un stylo et un carnet, toujours... il m'arrive de lire le journal, Le Canard enchaîné : là où je bosse, ils sont abonnés à tous les quotidiens et hebdos sauf au volatile... au début je les lisais tous frénétiquement pour faire comme si, pour faire : j'm'intéresse au monde comme il tourne... et puis j'ai lu en diagonale, j'ai fait le clown, la trapéziste, j'ai lu les gros titres, les éditos, maintenant je feuillette, je surfe, je clique, je zappe...
Le matin je prends un livre que j'ai choisi la veille - ou à la va-vite parce que retard - pour le voyage-en-bus-en-train mais pas seulement... je commence à lire et je m'arrête, je prends mon carnet, mon stylo encre noire, toujours encre noire, et je regarde par la fenêtre le paysage qui défile... je ne sais pas s'il défile, c'est le train qui roule, le paysage est fixe... et je reprends ma lecture... il y a un mois, c'était Mallarmé... aujourd'hui, Serge Gainsbourg... ou le Canard enchaîné : je m'amuse dans la rubrique des petites perles et me perds dans l'Album de la Comtesse... après avoir lu la page 2, toujours.
Il y a six ans de cela, j'ai envoyé une nouvelle à une amie auteure qui a créé sa société d'édition, elle débutait dans la profession, moi c'était la première fois que je donnais quelque chose à lire à quelqu'un : c'était pour le fun, savoir ce qu'elle en pensait.
Ses retours - avec annotations - sont à peu de choses près ce que je peux lire aujourd'hui des commentaires de mes textes postés.
- Comment ? Désolée, je suis occupée, j'ai du travail, au revoir...
Le matin je prends un livre que j'ai choisi la veille - ou à la va-vite parce que retard - pour le voyage-en-bus-en-train mais pas seulement... je commence à lire et je m'arrête, je prends mon carnet, mon stylo encre noire, toujours encre noire, et je regarde par la fenêtre le paysage qui défile... je ne sais pas s'il défile, c'est le train qui roule, le paysage est fixe... et je reprends ma lecture... il y a un mois, c'était Mallarmé... aujourd'hui, Serge Gainsbourg... ou le Canard enchaîné : je m'amuse dans la rubrique des petites perles et me perds dans l'Album de la Comtesse... après avoir lu la page 2, toujours.
Il y a six ans de cela, j'ai envoyé une nouvelle à une amie auteure qui a créé sa société d'édition, elle débutait dans la profession, moi c'était la première fois que je donnais quelque chose à lire à quelqu'un : c'était pour le fun, savoir ce qu'elle en pensait.
Ses retours - avec annotations - sont à peu de choses près ce que je peux lire aujourd'hui des commentaires de mes textes postés.
- Comment ? Désolée, je suis occupée, j'ai du travail, au revoir...
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Le sens de la vie pour écrire
coline Dé a écrit:Je me souviens de mes débuts de comédienne, où j'étais persuadée que ma sincérité me vaudrait une reconnaissance unanime... et où je me suis rendu compte que la sincérité pouvait être inaudible ! C'est, je crois un peu pareil en écriture. Tout peut faire sens... mais pas au même moment pour tout le monde. Quand tu lis un truc, tu as des attentes explicites ( selon l'auteur, le genre littéraire, le format du livre etc...) Si l'auteur répond à ces attentes explicites, tu es content. Sur le moment. Mais pour être vraiment heureux, il faudrait qu'il réponde à des attentes que tu ne savais pas avoir...
Enfin, c'est comme ça pour moi.
Je lis à l'instant le ci-dessus...
c'est exactement ce que je n'arrivais pas à expliquer à mon fils.
re : Le sens de la vie pour écrire
Dans un texte on pourrait dire que...
"Les contenus s’évident peu à peu pour laisser résonner dans leur nudité les formes et apparences qui les portent : l’énonciation, le dire, l’acte de penser, d’oublier ce qui ou d’attendre sont les seuls événements que le récit peut prendre en charge... " C'est un extrait de Maurice Blanchot. Beaucoup de ces mots m'interrogent.
- Les contenus "s'évident"; le contenu d'un texte se creuse, se dérobe, nous échappe ??
- Laisser résonner la nudité des formes et des "apparences" ; qu'est-ce qu'il y a derrière la forme des apparences ? Une réalité-vérité de l'auteur ?... Cela résonne pour qui ? Raisonnement ?
- "L'acte de penser" ; essentiel pour moi. La pensée est un acte, vivant, physique, sensible.
- "Oublier ou attendre" ; oublier ou attendre sont des événements. Et entre les deux qui y a-t-il ? Des historiettes, des anecdotes, une intrigue, du remplissage, des mots des mots ?... Nous sommes dans le désir d'oubli pour attendre l'événement qui donnera raison à notre envie d'oublier. Une utopie, un espoir, dont la puérilité nous ferait honte, mais c'est cela en partie qui fonderait la pulsion d'écrire... ...
Merci à vous tous qui creusez avec tant de passion cette conversation sur le sujet.
"Les contenus s’évident peu à peu pour laisser résonner dans leur nudité les formes et apparences qui les portent : l’énonciation, le dire, l’acte de penser, d’oublier ce qui ou d’attendre sont les seuls événements que le récit peut prendre en charge... " C'est un extrait de Maurice Blanchot. Beaucoup de ces mots m'interrogent.
- Les contenus "s'évident"; le contenu d'un texte se creuse, se dérobe, nous échappe ??
- Laisser résonner la nudité des formes et des "apparences" ; qu'est-ce qu'il y a derrière la forme des apparences ? Une réalité-vérité de l'auteur ?... Cela résonne pour qui ? Raisonnement ?
- "L'acte de penser" ; essentiel pour moi. La pensée est un acte, vivant, physique, sensible.
- "Oublier ou attendre" ; oublier ou attendre sont des événements. Et entre les deux qui y a-t-il ? Des historiettes, des anecdotes, une intrigue, du remplissage, des mots des mots ?... Nous sommes dans le désir d'oubli pour attendre l'événement qui donnera raison à notre envie d'oublier. Une utopie, un espoir, dont la puérilité nous ferait honte, mais c'est cela en partie qui fonderait la pulsion d'écrire... ...
Merci à vous tous qui creusez avec tant de passion cette conversation sur le sujet.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Le sens de la vie pour écrire
On écrit pour boucher des trous que l'on aurait soi-même creusé ?Polixène a écrit:Mais que c'est drôle , je relisais Maurice Blanchot cet après-midi, et ce soir je tombe sur cet échange passionnant.
(Vous connaissez? http://narratologie.revues.org/6572 )
Vu de ma souillarde, je dirais pour ma part qu'écrire augmente le réel, alors que le lire le creuse, l'approfondit.
Ecrire enrichit le réel de possibilités dédaignées, non advenues.
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
re : Ecrire a-t-il un sens ?
Voici encore quelques phrases de Maxime Decout, à propos de Maurice Blanchot :
"Traquer l’impensé qui se love au creux de nos systèmes de pensée institués.
« Qu’est-ce qu’un récit ? Cette chose qu’on appelle récit ? A-t-elle lieu ? Où et quand ? Quel serait l’avoir-lieu ou l’événement d’un récit ? » Interroger les liens entre le récit et l’événement, questionner le récit comme pensée de l’événement, et même plus, inquièter l’événement du récit en lui-même. L'évidemment du réel... La pensée, la parole, l’être, en tant que tels, sont les objets d’une quête. Tout le problème de la littérature réside ainsi dans la découverte des moyens de cette quête.Utiliser comme moyen d’appréhension (et d'écriture) la matière même de ce que l’on cherche à approcher semble confiner l’écrivain dans une tautologie inexorable où le dire et le dit se constitueraient comme la tragique confirmation de ce qui est, et non comme son exploration.
Refusant de la sorte l’illusion d’une consistance du réel ou de l’événement, c’est leur forme et leur apparence telles qu’elles surgissent que le récit doit viser. Ainsi conçue, la pratique narrative tend à s’apparenter à une étrange phénoménologie romanesque où les substances et les contenus s’évident au profit des formes qui les portent..."
- Ceci en réponse à Pussicat, au sujet des trous qu'on se creuse... Merci une fois encore à Polixène pour ses références du site sur Blanchot.
"Traquer l’impensé qui se love au creux de nos systèmes de pensée institués.
« Qu’est-ce qu’un récit ? Cette chose qu’on appelle récit ? A-t-elle lieu ? Où et quand ? Quel serait l’avoir-lieu ou l’événement d’un récit ? » Interroger les liens entre le récit et l’événement, questionner le récit comme pensée de l’événement, et même plus, inquièter l’événement du récit en lui-même. L'évidemment du réel... La pensée, la parole, l’être, en tant que tels, sont les objets d’une quête. Tout le problème de la littérature réside ainsi dans la découverte des moyens de cette quête.Utiliser comme moyen d’appréhension (et d'écriture) la matière même de ce que l’on cherche à approcher semble confiner l’écrivain dans une tautologie inexorable où le dire et le dit se constitueraient comme la tragique confirmation de ce qui est, et non comme son exploration.
Refusant de la sorte l’illusion d’une consistance du réel ou de l’événement, c’est leur forme et leur apparence telles qu’elles surgissent que le récit doit viser. Ainsi conçue, la pratique narrative tend à s’apparenter à une étrange phénoménologie romanesque où les substances et les contenus s’évident au profit des formes qui les portent..."
- Ceci en réponse à Pussicat, au sujet des trous qu'on se creuse... Merci une fois encore à Polixène pour ses références du site sur Blanchot.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
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Date d'inscription : 24/06/2011
Ecrire n'a pas de sens
Là où l'on voit que Maurice Blanchot parle dans le désert... (de la modernité) !
Depuis le dimanche 10 février...
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Raoulraoul- Nombre de messages : 607
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