Exo live jeudi 7 février 2013 à 20h30

Si j'ai pris la parole hier devant la haute assemblée de Belgique, c'était pour dire à Monsieur le ministre de l'Industrie, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Mesdames et Messieurs tout court, que je les avais compris. Oui, pour dire à tous mes amis belges que je les avais compris !
En me présentant humblement devant la commission des naturalisations pour obtenir la belge attitude, j'étais dans l'ignorance de la complexité d'une telle procédure. Obtenir le passeport belge m'a semblé relever du parcours du combattant.
Tout d'abord, dans les conditions imposées, il me fallait parler le wallon (de préférence celui de Charleroi), le français (mal était toléré, j'en ai été marri), le flamand (indispensable) et quelques mots de bruxellois afin de comprendre pourquoi vous vous faisiez insulter lorsque vous gariez votre voiture en double file dans les Marolles.
Passées ces subtilités linguistiques, il me fallait de surcroît apprendre non pas le nom des rois du plat pays (c'était trop facile, Léopold 15, Léopold 16, Léopold 17…) mais celui des chanteurs belges ayant gagné le concours Eurovision. Mal m'en avait pris… Devant le jury attentif, j'avais pitoyablement cité Adamo et Johnny Hallyday. Hallyday n'était pas belge, m'avait-il été répondu et Adamo ne s'était jamais présenté au concours. Sandra Kim peut-être, avait timidement osé une petite voix… Las ! Inconnue au bataillon de ma culture musicale. Le drame était joué. Alea jacta est, aurait dit César, qui savait que de tous les peuples de la Gaule, les Belges étaient sans doute les plus près du chapeau. Il en était donc fait de moi.

J'en étais là de mes réflexions lorsque dans la haute assemblée, un téléphone s'était mis à sonner.
- Ja ? (c'était la réalité démographique de ce pays nordique, devais-je vous préciser, chère famille)
- ……
- Naturlijk ! Als Gerard in Wallonië, Armstrong in Vlanderen !
-…………………….
- Zeker ! Noe sneller hoe beter !

J'avais été interrompu par un drôle d'oiseau qui s'était simplement contenté d'un Excuus meneer.
J'allais reprendre le cours de la parole lorsque même téléphone, même homme.
- Ja ? (toujours la même réalité)
-………….
- Russisch ?!
-………….
- Godverdomme !
Excuus, excuus meneer maar…

Voilà, je tenais à vous expliquer pourquoi, plus qu'irrité, j'avais brutalement posé mes feuilles sur la tablette parlementaire et m'étais mis à gesticuler. Je venais de comprendre que je m'étais fait griller par Gérard Depardieu, Belge un jour, Russe toujours et que la nationalité belge n'allait pas m'être accordée par crainte de voir une telle mascarade se répéter.

La vie était décidément bien injuste avec moi, chère famille.
La Burkina Faso, peut-être…

Ô nomme à toper

Exo 07022013

Contraintes :

5 : 21ème Siècle
C : conjugaison au futur

LE DISCOURS QUE VOUS N’ENTENDREZ JAMAIS

(ouf !)

« Françaises et Françaises !

Une ère nouvelle va s’ouvrir pour la France. Votre adhésion massive et enthousiaste pour le seul véritable changement que je représente fera voguer, n’en doutons pas, le fier vaisseau de notre Nation vers les rivages ensoleillés où s’ébattent naïades et sirènes, où princesses et roturières communient dans le même enthousiasme, où jeunes tendrons comme hétaïres épanouies cueillent de concert les fruits de la Passion. Oui, pas moins !

Dès ma prise de fonction, je procéderai avec la fougue que vous me connaissez toutes, aux indispensables réformes qui feront de notre vieux pays, si riche d’Histoire (et d’histoires) un exemple irremplaçable pour toutes celles qui, à travers le monde, aspirent enfin à goûter aux joies simples et naturelles de la volupté et de l’insouciance.

En premier lieu, je ferai voter par la Représentation Nationale un (arrière)train de lois destinées à mettre fin à des siècles d’obscurantisme et de frustration, privant injustement des millions de concitoyennes du droit, pourtant naturel, de disposer à leur guise de leur corps pour assurer leur subsistance. Pour ce faire, je confierai à mon vieil ami Dominique Alderweiler, dont le savoir-faire et l’abnégation dans ce domaine font l’admiration de tous (et en particulier de la Brigade des Mineures) le soin de former le gouvernement destiné à conduire ces mutations avec la célérité qui convient.

En second lieu, je créerai un grand Ministère du Droit à la Volupté, que j’ai l’intention de confier à mon vieux compagnon de réjouissances M. Rocco Siffredi, expert en la matière. Ce Ministère aura pour tâche de dépister, dès le plus jeune âge, celles qui manifestent des capacités évidentes pour la volupté, de leur assurer la formation qu’elles sont en droit d’attendre et enfin de leur proposer tout un éventail d’emplois à la mesure de leurs capacités et de leur désirs.

En troisième lieu, enfin, je mettrai en œuvre les réformes structurelles indispensables pour permettre l’accomplissement de cette noble mission, à savoir :

- abaissement de la minorité sexuelle à 12 ans
- abrogation des lois répressives et rétrogrades relatives aux prétendus abus sexuels
- distribution gratuite et obligatoire de préservatifs et de lubrifiants dernière génération à l’ensemble des citoyens
- incitations financières à la production de gadgets sexuels et de films XXX
- construction de centres de rencontres mixtes financés par les pouvoirs publics et équipés de tout le confort moderne
- dissolution de la brigade des Mœurs
- introduction (c’est le mot) à l’école d’une véritable politique d’initiation et de perfectionnement aux pratiques tantriques

Je ne doute pas qu’avec une telle politique, menée avec la grandeur, la fermeté et l’endurance que vous me connaissez toutes, la France s’engagera, désormais sans risque de débandade ni d’assouvissement précoce, sur le chemin bordé de roses qui mène vers un futur vibrant.

Quant aux menus problèmes sociaux et économiques qui pourraient entraver cette marche triomphale vers le Progrès, je n’ai que trois mots à vous dire :

Confiance
Confiance
Confiance.

Vive Marianne, vive les Françaises. »

D.S.K

Addenda : pour des raisons désormais connues de tous, ce discours n’a malheureusement pas pu être prononcé. Je suis la première à le déplorer. Ou pas ?

A.S.