La Vie Intérieure
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Lucy
Sahkti
Marine
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La Vie Intérieure
LA VIE INTERIEURE
La mer est glauque et sombre où les marins se mirent,
Où les vaisseaux de l'âme et du sang se répondent,
Car au sommet du corps comme un grand mat s'admire
La tête et sa pensée dont la peau couve l'onde.
Minuit ; la boussole à la conscience s'unit
Ce sont les mains chercheuses à sonder demain
Tissant au drap d'hier de leurs petits doigts fins
Un fanal de mémoire : il explore aujourd'hui.
Alors on se sent seul dans une mer d'angoisse
Salée d'incertitude. Un mouvement de froisse ;
L'instant terrible et dur du sommeil à venir
Certains marins de l'âme au violent du soupir,
Penchés en proue d'étoile au sommet de leurs peurs,
L'appellent le crieur ou la Vie Intérieure.
La mer est glauque et sombre où les marins se mirent,
Où les vaisseaux de l'âme et du sang se répondent,
Car au sommet du corps comme un grand mat s'admire
La tête et sa pensée dont la peau couve l'onde.
Minuit ; la boussole à la conscience s'unit
Ce sont les mains chercheuses à sonder demain
Tissant au drap d'hier de leurs petits doigts fins
Un fanal de mémoire : il explore aujourd'hui.
Alors on se sent seul dans une mer d'angoisse
Salée d'incertitude. Un mouvement de froisse ;
L'instant terrible et dur du sommeil à venir
Certains marins de l'âme au violent du soupir,
Penchés en proue d'étoile au sommet de leurs peurs,
L'appellent le crieur ou la Vie Intérieure.
Re: La Vie Intérieure
Je l'ai déjà lu, relu, tant j'aime l'évocation de la mer. Et lorsqu'elle devient intérieure, j'apprécie.
ce qui me gêne :
"
Car au sommet du corps comme un grand mat s'admire
La tête et sa pensée dont la peau couve l'onde.
"
"Car ...corps comme" -> pas très heureux
et je me demande si c'est le grand mât qui "s'admire la tête" ou sinon, pourquoi y a-t-il le mot "dont" un peu plus loin, ou alors la phrase ne semble pas achevée, il y a pourtant un point après onde.
(Je ne sais pas si je m'explique bien, pas spécialiste du classique, ni de la grammaire)
j'aime tout le reste !
ce qui me gêne :
"
Car au sommet du corps comme un grand mat s'admire
La tête et sa pensée dont la peau couve l'onde.
"
"Car ...corps comme" -> pas très heureux
et je me demande si c'est le grand mât qui "s'admire la tête" ou sinon, pourquoi y a-t-il le mot "dont" un peu plus loin, ou alors la phrase ne semble pas achevée, il y a pourtant un point après onde.
(Je ne sais pas si je m'explique bien, pas spécialiste du classique, ni de la grammaire)
j'aime tout le reste !
Invité- Invité
Re: La Vie Intérieure
Que c'est beau !
Lu et relu, à haute voix pour mieux apprécier encore l'ampleur de l'ensemble, sa grâce aussi, pour déclamer la profondeur de cette peur qui sourd et se réveille une fois la nuit venue. Tout cela est écrit avec soin et élégance, j'aime beaucoup. Le ton me paraît en parfaite adéquation avec le drame qui pourrait se jouer, la mer étant maîtresse d'elle-même envers et contre tout.
Lu et relu, à haute voix pour mieux apprécier encore l'ampleur de l'ensemble, sa grâce aussi, pour déclamer la profondeur de cette peur qui sourd et se réveille une fois la nuit venue. Tout cela est écrit avec soin et élégance, j'aime beaucoup. Le ton me paraît en parfaite adéquation avec le drame qui pourrait se jouer, la mer étant maîtresse d'elle-même envers et contre tout.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: La Vie Intérieure
éclaircie :
"et je me demande si c'est le grand mât qui "s'admire la tête" ou sinon, pourquoi y a-t-il le mot "dont" un peu plus loin, ou alors la phrase ne semble pas achevée, il y a pourtant un point après onde."
En fait je me rends compte que j'aurais dû mettre -ent à "s'admire"
Je remets tout dans le bon sens -style langage quotidien- pour que tu comprennes :
"Car au sommet du corps comme un grand mat s'admire
La tête et sa pensée dont la peau couve l'onde."
La tête et sa pensée, comme s'ils étaient des grands mats, s'admirent au sommet du corps
Ça désigne le retour sur soi de la conscience, l'homme en train de penser qu'il est en train de penser, si tu préfères
C'est un mouvement réflexif : la pensée admire et explore son contenu
Merci de vos deux commentaires !
Re: La Vie Intérieure
De très belles choses ici, entre autres "Un mouvement de froisse" et " au violent du soupir".
Classique, ample, je ne suis pas (plus) outrageusement fan du genre mais apprécie de temps en temps et surtout, je suis admirative du travail fourni et du résultat qui en découle.
Classique, ample, je ne suis pas (plus) outrageusement fan du genre mais apprécie de temps en temps et surtout, je suis admirative du travail fourni et du résultat qui en découle.
Invité- Invité
Re: La Vie Intérieure
Gros coup de cœur pour les trois derniers vers ! Joli !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: La Vie Intérieure
" Un mouvement de froisse" : excellente trouvaille, fin bruitage soyeux...
Moins heureux le "Alors on se sent seul"
Moins heureux le "Alors on se sent seul"
Re: La Vie Intérieure
J'ai peut-être oublié de dire que j'aime bien ce texte à la prosodie heureuse et qui dégage une réelle force malgré son caractère crépusculaire (je suis moins porté de ce côté).
Si je souris à "la mer d'angoisse" (où j'essaierais d'escamoter le D) je trouve en revanche très beau et très force XIXè siècle le dernier tercet:
Certains marins de l'âme au violent du soupir,
Penchés en proue d'étoile au sommet de leurs peurs,
L'appellent le crieur ou la Vie Intérieure.
J'ai la flemme de chercher mais je me demande si Le crieur / la Vie Intérieure n'est pas une citation ou une allusion à un texte. Dans le cas contraire c'est encore mieux si c'est 100% du Marine.
Si je souris à "la mer d'angoisse" (où j'essaierais d'escamoter le D) je trouve en revanche très beau et très force XIXè siècle le dernier tercet:
Certains marins de l'âme au violent du soupir,
Penchés en proue d'étoile au sommet de leurs peurs,
L'appellent le crieur ou la Vie Intérieure.
J'ai la flemme de chercher mais je me demande si Le crieur / la Vie Intérieure n'est pas une citation ou une allusion à un texte. Dans le cas contraire c'est encore mieux si c'est 100% du Marine.
Re: La Vie Intérieure
J'aime bien...
Le premier vers a attiré mon attention, il est en effet trop calqué sur le vers d'Apollinaire :
"Le Rhin Le Rhin est ivre où les vignes se mirent" de Nuit Rhénane selon moi...
Peut-être que ce n'est pas le cas, et que ce n'est qu'une coïncidence... Si ce n'est pas le cas, c'est trop servile pour moi.
Le premier vers a attiré mon attention, il est en effet trop calqué sur le vers d'Apollinaire :
"Le Rhin Le Rhin est ivre où les vignes se mirent" de Nuit Rhénane selon moi...
Peut-être que ce n'est pas le cas, et que ce n'est qu'une coïncidence... Si ce n'est pas le cas, c'est trop servile pour moi.
Jean Ahlmas- Nombre de messages : 21
Age : 28
Date d'inscription : 17/10/2012
Re: La Vie Intérieure
je suis restée bloquée d'entrée sur ces deux vers que je ne pige pas
et loin de m'éclairer, tes explications ajoutent de la brume à mon brouillard... pas grave
ou alors un manque de ponctuation ?
je trouve que des répétitions de sons alourdissent la barque, comme ici :
Ce sont les mains chercheuses à sonder demain 7 / 5
ou là encore avec le son "r" suivi de "dur du" vraiment dur dur !
L'instant terrible et dur du sommeil à venir
j'aime l'ensemble, sinon ces petites échardes...
Marine a écrit:Car au sommet du corps comme un grand mat s'admire
La tête et sa pensée dont la peau couve l'onde.
et loin de m'éclairer, tes explications ajoutent de la brume à mon brouillard... pas grave
ou alors un manque de ponctuation ?
je trouve que des répétitions de sons alourdissent la barque, comme ici :
Ce sont les mains chercheuses à sonder demain 7 / 5
ou là encore avec le son "r" suivi de "dur du" vraiment dur dur !
L'instant terrible et dur du sommeil à venir
j'aime l'ensemble, sinon ces petites échardes...
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: La Vie Intérieure
Je reviens parce qu'avec tes productions, rien n'est simple... tes poèmes possèdent une force attraction puissante, je me jette dessus dès que tu en publies un, mais il faut toujours que je cherche la petite bête : centrage, ponctuation... alors que j'aime ce que tu fais, comme ce poème que je viens de lire et relire... (même si je ne renie pas mes commentaires sur deux ou trois étrangetés qui ne sont que des impressions de lecteurs et qui ne valent que pour moi, encore une fois...).
Donc, je répète : c'est du très bon Marine !
Donc, je répète : c'est du très bon Marine !
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: La Vie Intérieure
Un style coulant, on lit le texte tout seul, c'est super. Une simplicité de lecture, qui, de plus, n'enlève en rien à sa profondeur...
Graphiphora- Nombre de messages : 2
Age : 30
Date d'inscription : 17/03/2013
Re: La Vie Intérieure
Mais la vie de l'intérieur de la mer n'est pas comme celle du marin , il y a pourtant une marge entre la matrice maritime et la matière grise , et puisque la mer n'est que grise là où un bateau s'échoue les rameurs du port de la cyber-bleue seront à nouveau vivifiés par le flux et le reflux .
Invité- Invité
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