Brooklyn et la famille Lewis
+7
Kilis
Yali
Charles
Zou
Kash Prex
bertrand-môgendre
Orakei
11 participants
Page 1 sur 1
Brooklyn et la famille Lewis
Il a quitté son appartement de Brooklyn vers dix heures, il s'est arrêté chez Benson's où il a commandé un petit-déjeuner composé d'un oeuf sur une tranche de bacon grillé, du pain tendre et un café au lait. Il portait un costume beige, une chemise blanche, des mocassins en daim et un béret marron. Il a mangé, seul. D'une main il tenait la fourchette, de l'autre « Tendre est la Nuit » de F.Scott Fitzgerald. Par deux fois il a levé les yeux vers l'écran de télévision qui diffusait le résumé d'un match de Soft-Ball. Il est resté là pendant trois heures. Quand il est sorti de l' établissement, Madame Lewis a appelé et je lui ai fais très peur. A midi-vingt soit une heure avant l'appel, j'ai noté sur mon calepin « à nos amours mortes », aujourd'hui encore, je me demande pourquoi.
Donc Jeffrey a marché jusqu'au magasin de Tabac, il a porté son poing à sa bouche, puis a craché dans un mouchoir en coton. Il a répété cette action trois fois sur une distance de cinquante mètres. C'est à la première que j'ai décidé de quitter mon véhicule et c'est à la troisième que j'ai pris le Colt dans mes mains, suintantes de bonheur.
Il était gris ce matin-là, la pluie était tombée toute la nuit et les rues sentaient bon la noisette.
Jeffrey Lewis demeurait élégant, svelte, impeccable. Si beau qu'il semblait avoir été imaginé. Si beau que j'en ai pleuré. J'éprouvais de plus en plus de difficulté à regarder mon visage dans une pare-brise, une baie vitrée, un miroir tant je le trouvais hideux. Alors ce type, je le haïssait plus que tous les autres. C'est lui que je voulais tuer et sa mère et son père et sa soeur et son frère aussi. Tous, écrabouillés. Et je me disais qu'après je leur pisserai dessus.
Ca a débuté au Collège quand Janis O'Connell a préféré ses traits cristallins à ma sale gueule de noir. Je l'ai d'abord pris pour du racisme puis je me suis rendu compte qu'il ne s'agissait pas de haine ou de peur mais de dégoût. Étrange sentiment, pur et enfantin. Ce pourquoi ils allaient tous crever. Leur dégoût, leurs maisons blanches, leurs voitures noires, leurs pelouses vertes dont je m'occupe pour 200 dollars par mois.
J'ai donc commencé à suivre Jeffrey, il marchait vite. Il fumait toujours autant. Au lycée, les filles qui lui tournaient autour l'appelaient « Philip Morris ». Je savais tout de lui parce que j'écoutais tout ce qu'elles en disaient à la cantine ces connasses. Il fumait et je serrais le Colt dans la poche de mon veston. Je voulais tirer à chaque instant, je voulais le dégommer, le rayer de la liste et m'occuper de sa mère.
Une heure plus tard, dans un appartement de Regular Street, Madame Lewis criait sous les coups de battes.
Deux hommes vêtus à l'identique battait la mesure sur le corps dénudé de la grosse dame. Ils portaient un costume de velours vert, un chapeau de velours vert, une chemise blanche sous une cravate de velours vert, une bague en argent à chaque doigts, des sandales sous lesquelles se dissimulaient des chaussettes blanches, maculées de sang. Ils avaient beaucoup de classe, je dois dire que c'est pour cette raison que je les avais choisi. Une ballade de Neil Young donnait de la couleur aux murs blancs. Tout était calme et bruit, amour et haine, paix et fureur. Madame Lewis devenait de plus en plus bleue, rouge et se taisait peu à peu. Les messieurs dansaient et chantaient sur la voix de Neil, ils ne souriaient pas, rien sur leurs visages ne prouvait qu'ils étaient heureux. Ils ne semblaient pas prendre plus de plaisir à fracasser le crâne d'un personne âgée qu'à esquisser un pas de danse sur un parquet rouge de sang.
Un des hommes a remarqué la caméra et ses yeux ont croisé mon regard. Il m'a adressé un mouvement de tête respectueux puis a continué de frapper sur le crâne de Madame Lewis. Et moi, dans le fourgon, je jubilait.
Donc Jeffrey a marché jusqu'au magasin de Tabac, il a porté son poing à sa bouche, puis a craché dans un mouchoir en coton. Il a répété cette action trois fois sur une distance de cinquante mètres. C'est à la première que j'ai décidé de quitter mon véhicule et c'est à la troisième que j'ai pris le Colt dans mes mains, suintantes de bonheur.
Il était gris ce matin-là, la pluie était tombée toute la nuit et les rues sentaient bon la noisette.
Jeffrey Lewis demeurait élégant, svelte, impeccable. Si beau qu'il semblait avoir été imaginé. Si beau que j'en ai pleuré. J'éprouvais de plus en plus de difficulté à regarder mon visage dans une pare-brise, une baie vitrée, un miroir tant je le trouvais hideux. Alors ce type, je le haïssait plus que tous les autres. C'est lui que je voulais tuer et sa mère et son père et sa soeur et son frère aussi. Tous, écrabouillés. Et je me disais qu'après je leur pisserai dessus.
Ca a débuté au Collège quand Janis O'Connell a préféré ses traits cristallins à ma sale gueule de noir. Je l'ai d'abord pris pour du racisme puis je me suis rendu compte qu'il ne s'agissait pas de haine ou de peur mais de dégoût. Étrange sentiment, pur et enfantin. Ce pourquoi ils allaient tous crever. Leur dégoût, leurs maisons blanches, leurs voitures noires, leurs pelouses vertes dont je m'occupe pour 200 dollars par mois.
J'ai donc commencé à suivre Jeffrey, il marchait vite. Il fumait toujours autant. Au lycée, les filles qui lui tournaient autour l'appelaient « Philip Morris ». Je savais tout de lui parce que j'écoutais tout ce qu'elles en disaient à la cantine ces connasses. Il fumait et je serrais le Colt dans la poche de mon veston. Je voulais tirer à chaque instant, je voulais le dégommer, le rayer de la liste et m'occuper de sa mère.
Une heure plus tard, dans un appartement de Regular Street, Madame Lewis criait sous les coups de battes.
Deux hommes vêtus à l'identique battait la mesure sur le corps dénudé de la grosse dame. Ils portaient un costume de velours vert, un chapeau de velours vert, une chemise blanche sous une cravate de velours vert, une bague en argent à chaque doigts, des sandales sous lesquelles se dissimulaient des chaussettes blanches, maculées de sang. Ils avaient beaucoup de classe, je dois dire que c'est pour cette raison que je les avais choisi. Une ballade de Neil Young donnait de la couleur aux murs blancs. Tout était calme et bruit, amour et haine, paix et fureur. Madame Lewis devenait de plus en plus bleue, rouge et se taisait peu à peu. Les messieurs dansaient et chantaient sur la voix de Neil, ils ne souriaient pas, rien sur leurs visages ne prouvait qu'ils étaient heureux. Ils ne semblaient pas prendre plus de plaisir à fracasser le crâne d'un personne âgée qu'à esquisser un pas de danse sur un parquet rouge de sang.
Un des hommes a remarqué la caméra et ses yeux ont croisé mon regard. Il m'a adressé un mouvement de tête respectueux puis a continué de frapper sur le crâne de Madame Lewis. Et moi, dans le fourgon, je jubilait.
Re: Brooklyn et la famille Lewis
orakei, tu es atroce.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Brooklyn et la famille Lewis
C'est bien mené, bien décrit, comme souvent. En fait je dirais que tout est "pas mal" mais rien n'est très bon. Je n'ai pas particulièrement été accroché, que ce soit en bon ou en mauvais, à un passage ou à un aspect du texte. Peut-être que tu réserves plus de surprises pour une éventuelle suite, je ne sais pas...
Re: Brooklyn et la famille Lewis
Orakei a écrit:Quand il est sorti de l' établissement, Madame Lewis a appelé et je lui ai fais très peur.
Je ne comprends pas le sens de cette phrase Orakei, sinon pas mal ce texte, visuel, un certaine ambiance mais un brin trop caricatural à mon goût.
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Brooklyn et la famille Lewis
J'ai buté sur la même phrase que Zou, phrase qui m'a un peu troublé car elle a un peu brouillé la chronologie des évènements dans ma tête.
A part ça, je trouve que ton texte peine un peu à démarrer, un léger manque de clarté au début et puis, dès que le narrateur nous dit qu'il veut tuer Jeffrey, il prend son rythme et est ensuite, je crois, très bon.
il m'a fait penser à Reservoir Dogs de Tarantino.
A part ça, je trouve que ton texte peine un peu à démarrer, un léger manque de clarté au début et puis, dès que le narrateur nous dit qu'il veut tuer Jeffrey, il prend son rythme et est ensuite, je crois, très bon.
il m'a fait penser à Reservoir Dogs de Tarantino.
Charles- Nombre de messages : 6288
Age : 48
Localisation : Hte Savoie - tophiv@hotmail.com
Date d'inscription : 13/12/2005
Re: Brooklyn et la famille Lewis
Je rejoins l'avis de mes consœurs et confrères : je bute sur la même phrase et, même si l’ambiance est bien rendue, la narration, bien menée, j’ai cette impression d’avoir déjà lu/vu ça quelque part. Pas l’histoire, parce que dans le fond, il est peu d’histoires et donc, ça se comprend. Mais l’angle de vue, la façon, n’est pas si différent de tous ceux que je connais…
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 59
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Brooklyn et la famille Lewis
Comme déjà dit, je trouve à ton écriture un potentiel énorme.
Peut-être pourrais-tu peaufiner le récit, clarifier le déroulement de l'histoire.
Peut-être aussi abuses-tu de cette volonté d'étonner, de choquer de déstabiliser le lecteur. Tu excelles là dedans, mais à force d'être surpris à chaque phrase, on perd le fil et, au final, plus rien ne surprend.
Je ne sais pas si je me suis exprimée clairement.
Peut-être pourrais-tu peaufiner le récit, clarifier le déroulement de l'histoire.
Peut-être aussi abuses-tu de cette volonté d'étonner, de choquer de déstabiliser le lecteur. Tu excelles là dedans, mais à force d'être surpris à chaque phrase, on perd le fil et, au final, plus rien ne surprend.
Je ne sais pas si je me suis exprimée clairement.
Kilis- Nombre de messages : 6085
Age : 78
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Brooklyn et la famille Lewis
Les petits détails, ça passe ou ça casse.
Dans le cas présent, j'ai beaucoup aimé cette énumération, ces phrases courtes, ce récit quasi minute par minute avec les descriptions et tout cela. De quoi créer tout de suite une ambiance, un personnage, bref quelque chose de palpable qui me donne envie de poursuivre à fond dans le texte.
Et je n'ai pas été déçue, j'ai beaucoup aimé, vraiment! Quelle froideur, quel cynisme... ça, j'aime bien :-)
Dans le cas présent, j'ai beaucoup aimé cette énumération, ces phrases courtes, ce récit quasi minute par minute avec les descriptions et tout cela. De quoi créer tout de suite une ambiance, un personnage, bref quelque chose de palpable qui me donne envie de poursuivre à fond dans le texte.
Et je n'ai pas été déçue, j'ai beaucoup aimé, vraiment! Quelle froideur, quel cynisme... ça, j'aime bien :-)
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Brooklyn et la famille Lewis
J'aime beaucoup ton style d'écriture Orakei ! On se laisse emporter dans l'histoire, c'est facilement compréhensible (sauf la fameuse phrase^^). Peut-être que là tu aurais pu étoffer encore un peu le style, le "travailler" disons, pour donner encore plus de cynisme à la scène !
Cela dit il y a une question que je me pose :
Comment un simple jardinier qui semble assez exclu, qui est encore au lycée peut-il se payer des tueurs à gage ??
Bon, ça c'est un détail, admettons :-)))
Cela dit il y a une question que je me pose :
Comment un simple jardinier qui semble assez exclu, qui est encore au lycée peut-il se payer des tueurs à gage ??
Bon, ça c'est un détail, admettons :-)))
Lifewithwords- Nombre de messages : 785
Age : 32
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 27/08/2007
Re: Brooklyn et la famille Lewis
Il n'est plus au lycée puisqu'il parle du lycée au passé, et du fait de son exclusion sociale il peut consacrer tout son temps et son argent à la mort des gens qu'il hait.
Re: Brooklyn et la famille Lewis
Complètement d'accord.Peut-être aussi abuses-tu de cette volonté d'étonner, de choquer de déstabiliser le lecteur. Tu excelles là dedans, mais à force d'être surpris à chaque phrase, on perd le fil et, au final, plus rien ne surprend.
Re: Brooklyn et la famille Lewis
Orakei a écrit:Il n'est plus au lycée puisqu'il parle du lycée au passé, et du fait de son exclusion sociale il peut consacrer tout son temps et son argent à la mort des gens qu'il hait.
ok je ne l'avais pas compris comme ça dsl !
Lifewithwords- Nombre de messages : 785
Age : 32
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 27/08/2007
Re: Brooklyn et la famille Lewis
Oui, la petite phrase citée plus haut, m'a aussi perturbé 2 secondes.
Ton txte mériterait d'être développé, mais cela n'a rine de nouveau, je te l'ai déjà écrit.
Pour le reste : Bravo. 'aime toujours autant ton style, l'ambiance... Oui...
Ton txte mériterait d'être développé, mais cela n'a rine de nouveau, je te l'ai déjà écrit.
Pour le reste : Bravo. 'aime toujours autant ton style, l'ambiance... Oui...
ninananere- Nombre de messages : 1010
Age : 48
Localisation : A droite en haut des marches
Date d'inscription : 14/03/2007
Re: Brooklyn et la famille Lewis
C'est vrai qu'on s'y perd un peu dans la chronologie, les lieux... La construction bousculée du texte ne m'aurait pas dérangé si tout le reste avait suivi. Je veux dire, si l'aspect désorganisé avait reflété les idées de ton personnage, pourquoi pas, mais là tout est au contraire rationnalisé, expliqué (le lycée, la marginalisation sociale etc...) et du coup ça ne colle pas réellement.
D'autre part, il reste, dans ce texte, quelques maladresses qui laissent penser qu'il a peu être été écrit trop rapidement.
Néanmoins, j'apprécie les risques que tu prends dans l'écriture et cette volonté de ne pas tomber dans la facilité. C'est très prometteur, je trouve.
D'autre part, il reste, dans ce texte, quelques maladresses qui laissent penser qu'il a peu être été écrit trop rapidement.
Néanmoins, j'apprécie les risques que tu prends dans l'écriture et cette volonté de ne pas tomber dans la facilité. C'est très prometteur, je trouve.
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|