Exo « J'invente des mots » : En Ruth

Ruth Tabaga était une jolie môme, dont la tiffure, mordorée, à souhait ondulait jusqu’à l’aube de la fessure. Munie de son blaze choc et d’un blazer chic, elle allait dans la cité, spiralant de la lune sans complexes, tel un torticolis ambulant, munie de ses talons seringues, de ses talents meringues, et de ses bas résilience.

Elle faisait sensation dans notre quartier d’Orange tout fantômeux et blêmatique, et ses pulpeuses cirquévolutions et éculuvibrations pepsitaient et empétillaient les qui-dames autant que les qui-d’hommes qu’elle croisait, pas pour les mêmes déraisons cependant. Nos si peu sexygénaires , mais tellement septuagénaires et octogénaires avaient l’habitude de croiser péripathétiquement leurs boules sur le parvis de la mairie, c’était d’un triste !!!
Alors en la regardant passer ils avaient le plipotant régénéré, le vestibule réhabilité et les capsules exorbitées. Ils la buvaient à la louche, montaient sur leurs ergots et s’enlubriquaient à tire l’haricot en matant le lingot !

Ruth Tabaga les estomaquait autant qu’elle les cardiopatait tandis qu’elle crispaturait notoirement les visages défaits et parfois refaits de leurs régulières, aux langues vipérines, ananacondesques, crotallines ou boatiques, desquelles s’échappaient alors quelques « Pute vierge » vengeresques à l’intention de celle qui ressuscitait les occis-morts sans avoir à dévaliser en Viagra les officines du coin.

Toujours précédée de ses deux gardes du corps, Robert and Robert, en fait deux obus montés sur un canon, elle n’avait pas la cachette facile, or quand elle bombait le torse, la ville toute entière se sentait visée, et se redressait attirée à bouts portant par l’égérie érigeante, dérangeante, et on voyait Place de la Mairie et partout alentour se défaire, lente, l’œuvre de toute une vie, se décorseter l’ami donesque , et se froissiturer fiévreusement la moralité.
Dans toute la ville, on s’envaporait, on s’encavernait, on s’envoluptait, c’étaient sauts d’hommes et go mort à qui mieux mieux et c’était tout le monde au pieu.

Bon , j’extripature un peu. C’est que je m’ennouille, je crevouille moi sur mon banc, trop vieux pour jouer à la pétanque avec les autres, ça me fout les boules ! Alors tant qu’à être là pour personne, j’aime bien me raconter des contes et légendes où c’est qu’il y a des mots qui me sourient et des belles plantes à écrire et pis de l’aventure à la devanture , et puis de la tagliatelle et de la bagatelle.

« T’es qu’un vieux en rut » qu’elle dit régulièrement ma régulière, que j’ai surnommée Frigide Bargeot entre nous soit dit, et là j'invente rien, mais depuis que je l’ai imagée, inventoriée et créaturée de toutes pièces, grâce à elle qui m’en a donné l’idée, elle se doute pas à quel point moi j’adore être un vieux en Ruth !

Oh ! Que c'est bon, quand tu extripatures !
On en lirait bien davantage ! C'est super !
Je voudrais bien relever quelques perles, mais alors, il faudrait faire un copié/collé de tout le texte.

Aaaaah! du Rebec pur jus!
Force farces vocabulines nous prouvent ,si besoin était, que tu n'as pas forci du neurone ,même si tu as forcé sur le kawa!
bon, j'adopte le pliplotant, et deux-trois verbes pour ma collec, dont le fameux "cardiopater".

plipotant, d'ailleurs.

Savoureux, inventif, délirant, un mot : rebequien
Les mozinventés se pointent à bon escient. Le plus souvent ils sont plus appropriés que leurs synonymes dictionnairement corrects.
Le top à coup sûr dans cet exo papikédévers qui fera date acoussure.
Chapeau Rebecca

Du GRAND, GRAND Rebecca ! Rien ne manque, ah, je l'aime le p'tit vieux qui se voit en Ruth ! Une sacré drôlesse !

C'est Ruth... la drôlesse, pas le p'tit vieux hein...

Ah zut j'étais en train de laisser un message mais y'a eut télescopage. Je disais donc être très admirative de ce style foisonnant, de cette capacité à inventer. J'ai adoré les talons seringue et puis tout le reste. Merci pour cette lecture.

Ah ! Ah ! On la sent vraiment à son aise notre Ruth Rebaga spiralant de la lune sur ses talons seringues. Un plaisir communicatif où tu sembles te lâcher vraiment sans contraintes ... plaisir partagé !

j'ai aimé bien sûr et même plus... il faudrait inventer un mot rien que pour cela, rien que pour toi...
les mots inventés s'emboitent tellement bien, coulent si bien, donnant corps et vie et chair à ce texte qu'il me semble avoir toujours existé, qu'ils sont bien présents quelque part dans un dictionnaire que j'aurais déjà feuilleté, un jour, me rappelle plus quand mais j'en suis sûre et certaine... ce n'est pas possible autrement, c'est diabolique cette histoire, diablesque... comment tu fais ?

Tu as un style et un charme indéfinissable Rebecca, c'est beau simplement,

Je viens de relire, juste pour le plaisir (non je suis pas une copine d'herbert leonard !), t'as vraiment inventé un style, un langage nouveau, encore une fois bravo !

Cet exo me semblait fait pour toi et j'attendais ta contribution avec une certaine impatience, voilà que je la lis et je ne suis pas déçue, c'est savoureux à souhait et on reprendrait volontiers une part tellement c'est bon. On te sent à l'aise dans ce type d'exercice, les circonvolutions du langage n'ont pas de secret pour toi et tu en joues avec brio. Me suis régalée !!
Les mots inventés pointent le bout du nez avec grandeur tout en se mariant bien avec le reste, c'est harmonieux, vif, plein de répartie... du tout bon Reb', bravo !

(et je ne vais pas relever tout ce que j'aime bien, je recopierais le texte :-)
Quel personnage cette Ruth Tabaga ! Je comprends qu'elle cardiopate à souhait en talents meringues et ses bas résilience.

je remonte ce texte que j’avais oublié de commenter.

(Rebecca, "irrespiculer" veut dire ne pas respecter…je te laisse avec ça (Cf. L'Arche :-)

dans ton texte, j’ai apprécié particulièrement:
les élicuvibrations,
péripathétiquement,
s’enlubriquaient,
les langues vipérines, ananacondesques, crotallines ou boatiques vengeresses,
extripaturer,
et le vieux en Ruth.

sinon, chouette lecture, qui dépeint comme dans la vraie vie des scènes qu’on peut croiser, oui.
la pétanque, presque les cigales, l’été…pas meurtrier ici mais disons débonique.
dommage qu’on en sache si peu sur cette Ruth, qui reste ici l’objet muet de convoitises et controverses.
mais c’est logique, puisque tout se passe du point de vue du très vieux papi assis sur son banc.

élicuvibrations

* éculuvibrations

une petite précision: on en sait beaucoup sur la plastique de Ruth, mais rien sur qui elle est vraiment, c'est ce que je voulais dire.
ce personnage me fait penser à Jessica la rousse, dans Roger Rabbit.

Un des rares textes qui m'ont parlé, dès la première lecture, balayant les préventions que j'avais a priori contre l'invention de nouveaux mots. C'est probablement parce que la situation est tellement convenue, habituelle et attendue  qu'on peut tout comprendre et s'abandonner aux charmes de la description.
Bravo à Robert et Robert!
Quel beau morceau cette Ruth!