Exo « Train » : Transportés
+2
obi
bertrand-môgendre
6 participants
Page 1 sur 1
Exo « Train » : Transportés
Transportés.
— Dis-moi que tu m’aimes.
— Oui.
— Mais dis-le moi !
— Mhhh …
— Allez sois sympa… Je vais rester toute seule pendant un mois...
— Tiens regarde, avec toutes tes questions, je vais rater mon train.
— Tu m’appelles quand tu arrives ?
Ils s’embrassent, elle avec fougue, lui avec l’espoir d’être interrompu par le coup de sifflet du chef de gare.
Il est cinq heures du matin.
Son café au lait a du mal à passer. Elle dit que c’est à cause du lait. Lui pense que c’est à cause du moulin à paroles qu'elle active dès le réveil.
Il trouve sa place numérotée dans le compartiment encore vide, pose son sac entre ses jambes, feuillette une revue. Les lumières de la ville commencent à disparaître.
Il s’endort un moment sur un article de politique générale, se réveille à la page sport.
Il replie la revue et s’assoupit pour de bon.
Le train roule à vive allure. Premier arrêt.
À côté de l’homme s’assied une dame qui bavarde sans cesse avec une autre tout aussi respectable. Elles désirent être dans le sens de la marche. La banquette en face d’eux reste vide.
À Saint-Pierre-des-Corps une nouvelle passagère ouvre la porte.
La jeune fille chargée de gros bagages entre dans le compartiment. Le chewing-gum de sa bouche laisse passer un bonjour entre deux bulles. Elle pose son gros sac à dos sur la banquette vide et lance sa valise dans le filet.
L’homme se réveille, somnole, se redresse, vérifie sa montre puis contrôle la présence de son sac.
Il replonge dans sa lecture en gardant un œil sur la nouvelle passagère.
Une grande jeune femme d’une vingtaine d’années environ, les cheveux longs, la tenue négligée, un teeshirt large qu’elle porte sans soutien-gorge.
Sa jupe en jean serrée s'effiloche sur le haut des cuisses.
Elle parcours une revue spécialisée : Archéologie, puis se plonge dans une autre tout aussi spécialisée : Elle, jusqu'à ce qu'une vibration téléphonique la bouscule. Tout le compartiment profite des informations qu'elle divulgue à voix haute. Elle est étudiante en archéologie à Nantes et revient d’un camp d’été dans le sud de la France.
Sa conversation s’achève au moment où elle avoue à son interlocuteur être crevée après la teuf de la veille à l'occasion du départ de l’équipe.
Elle s’allonge sur la banquette, les jambes vers la fenêtre la tête côté couloir.
Elle se lève, tire les rideaux après avoir demandé l’autorisation à son voisinage, muet du bec, poli de la tête.
Elle s’allonge sur la banquette, les jambes côté couloir, la tête vers la fenêtre.
Lui se morfond dans la lecture du dernier Goncourt.
Le contrôleur arrive, contrôle les titres de transport.
Elle s’allonge sur la banquette, les jambes vers la fenêtre, la tête côté couloir.
La jeune fille s’endort aussitôt.
C’est vrai qu’elle est bronzée.
Sa position inconfortable lui fait plier les genoux
La jupe se relève dans son sommeil et ne cache plus, ni ses jambes couleur café au lait, ni ses cuisses bien fermes, ni son string coincé entre ses fesses.
L’homme un peu gêné regarde par la fenêtre. Le rideau occulte le paysage. Les dames parlent tout bas, chuchotent.
Ne sachant plus où poser les yeux, l’homme se lève et pose son journal sur la jeune fille découverte.
Les dames approuvent du regard tout en pensant secrètement aux parties de jambes en l'air qu'elles avaient pu faire dans le foin il y a très, très longtemps.
Le train s’arrête à Tours, les deux retraitées descendent.
Personne d'autre n’entre dans le compartiment.
Au moment du redémarrage, la jeune fille s’étire, s’excuse, trouve et rend le journal.
— Excusez-moi mademoiselle, vous avez un corps superbe, mais le lieu ne se prête guère
au « bronzage ». Je me suis permis de vous couvrir pour éviter les intentions déplacées du voisinage.
Elle cherche du regard les autres voyageurs.
— Mais il n’y a que vous.
— Certes. Mais avouez que ça peut rendre mal à l’aise. Non ?
— Oh ! Je vais remédier tout de suite à votre gêne.
Elle fouille dans son sac, tire un jean délavé et l’enfile sans plus attendre.
Elle se sépare de sa jupe, pour la chiffer dans une poche latérale.
— Voilà. C’est vrai que dans le camp, il faisait si chaud, que personne ne prêtait attention
à la tenue vestimentaire. Revenir à la civilisation, c’est accepter ses règles.
— Vous étiez en vacances ?
— Si on veut, oui. J'ai fouillé pendant deux mois sur un site extraordinaire, en Ardèche. Ah ! Le néolithique ça donne aux fouilles un sacré coup de jeune.
— Vous fouillez, fouillez, mais à fouiller le passé, que cherchez-vous exactement ?
— Je ne sais pas. Comme les autres, on essaie de découvrir la vie des gens, de comprendre leur quotidien, leurs coutumes, d’interpréter leurs sculptures. On essaie de les rapprocher de nous.
Le train ralentit. Puis stoppe au milieu de nulle part, en pleine campagne verdoyante.
— Nous sommes bientôt arrivés ?
— Je ne sais pas encore, je n’ai pas de montre.
En principe, nous devrions être à Nantes à dix-neuf heures, non ?
— Oui, dans une demi-heure.
Un silence s’installe.
La voyageuse regarde par la fenêtre.
Il y a des gens sur la voie.
Peut-être un accident.
— J’adore l’imprévu. Pas vous ?
— …
—J’ai envie de prendre l’air. Vous venez ?
— …
Elle sort laissant la porte ouverte.
— Non… Oui… Pourquoi pas… ?
— Dis-moi que tu m’aimes.
— Oui.
— Mais dis-le moi !
— Mhhh …
— Allez sois sympa… Je vais rester toute seule pendant un mois...
— Tiens regarde, avec toutes tes questions, je vais rater mon train.
— Tu m’appelles quand tu arrives ?
Ils s’embrassent, elle avec fougue, lui avec l’espoir d’être interrompu par le coup de sifflet du chef de gare.
Il est cinq heures du matin.
Son café au lait a du mal à passer. Elle dit que c’est à cause du lait. Lui pense que c’est à cause du moulin à paroles qu'elle active dès le réveil.
Il trouve sa place numérotée dans le compartiment encore vide, pose son sac entre ses jambes, feuillette une revue. Les lumières de la ville commencent à disparaître.
Il s’endort un moment sur un article de politique générale, se réveille à la page sport.
Il replie la revue et s’assoupit pour de bon.
Le train roule à vive allure. Premier arrêt.
À côté de l’homme s’assied une dame qui bavarde sans cesse avec une autre tout aussi respectable. Elles désirent être dans le sens de la marche. La banquette en face d’eux reste vide.
À Saint-Pierre-des-Corps une nouvelle passagère ouvre la porte.
La jeune fille chargée de gros bagages entre dans le compartiment. Le chewing-gum de sa bouche laisse passer un bonjour entre deux bulles. Elle pose son gros sac à dos sur la banquette vide et lance sa valise dans le filet.
L’homme se réveille, somnole, se redresse, vérifie sa montre puis contrôle la présence de son sac.
Il replonge dans sa lecture en gardant un œil sur la nouvelle passagère.
Une grande jeune femme d’une vingtaine d’années environ, les cheveux longs, la tenue négligée, un teeshirt large qu’elle porte sans soutien-gorge.
Sa jupe en jean serrée s'effiloche sur le haut des cuisses.
Elle parcours une revue spécialisée : Archéologie, puis se plonge dans une autre tout aussi spécialisée : Elle, jusqu'à ce qu'une vibration téléphonique la bouscule. Tout le compartiment profite des informations qu'elle divulgue à voix haute. Elle est étudiante en archéologie à Nantes et revient d’un camp d’été dans le sud de la France.
Sa conversation s’achève au moment où elle avoue à son interlocuteur être crevée après la teuf de la veille à l'occasion du départ de l’équipe.
Elle s’allonge sur la banquette, les jambes vers la fenêtre la tête côté couloir.
Elle se lève, tire les rideaux après avoir demandé l’autorisation à son voisinage, muet du bec, poli de la tête.
Elle s’allonge sur la banquette, les jambes côté couloir, la tête vers la fenêtre.
Lui se morfond dans la lecture du dernier Goncourt.
Le contrôleur arrive, contrôle les titres de transport.
Elle s’allonge sur la banquette, les jambes vers la fenêtre, la tête côté couloir.
La jeune fille s’endort aussitôt.
C’est vrai qu’elle est bronzée.
Sa position inconfortable lui fait plier les genoux
La jupe se relève dans son sommeil et ne cache plus, ni ses jambes couleur café au lait, ni ses cuisses bien fermes, ni son string coincé entre ses fesses.
L’homme un peu gêné regarde par la fenêtre. Le rideau occulte le paysage. Les dames parlent tout bas, chuchotent.
Ne sachant plus où poser les yeux, l’homme se lève et pose son journal sur la jeune fille découverte.
Les dames approuvent du regard tout en pensant secrètement aux parties de jambes en l'air qu'elles avaient pu faire dans le foin il y a très, très longtemps.
Le train s’arrête à Tours, les deux retraitées descendent.
Personne d'autre n’entre dans le compartiment.
Au moment du redémarrage, la jeune fille s’étire, s’excuse, trouve et rend le journal.
— Excusez-moi mademoiselle, vous avez un corps superbe, mais le lieu ne se prête guère
au « bronzage ». Je me suis permis de vous couvrir pour éviter les intentions déplacées du voisinage.
Elle cherche du regard les autres voyageurs.
— Mais il n’y a que vous.
— Certes. Mais avouez que ça peut rendre mal à l’aise. Non ?
— Oh ! Je vais remédier tout de suite à votre gêne.
Elle fouille dans son sac, tire un jean délavé et l’enfile sans plus attendre.
Elle se sépare de sa jupe, pour la chiffer dans une poche latérale.
— Voilà. C’est vrai que dans le camp, il faisait si chaud, que personne ne prêtait attention
à la tenue vestimentaire. Revenir à la civilisation, c’est accepter ses règles.
— Vous étiez en vacances ?
— Si on veut, oui. J'ai fouillé pendant deux mois sur un site extraordinaire, en Ardèche. Ah ! Le néolithique ça donne aux fouilles un sacré coup de jeune.
— Vous fouillez, fouillez, mais à fouiller le passé, que cherchez-vous exactement ?
— Je ne sais pas. Comme les autres, on essaie de découvrir la vie des gens, de comprendre leur quotidien, leurs coutumes, d’interpréter leurs sculptures. On essaie de les rapprocher de nous.
Le train ralentit. Puis stoppe au milieu de nulle part, en pleine campagne verdoyante.
— Nous sommes bientôt arrivés ?
— Je ne sais pas encore, je n’ai pas de montre.
En principe, nous devrions être à Nantes à dix-neuf heures, non ?
— Oui, dans une demi-heure.
Un silence s’installe.
La voyageuse regarde par la fenêtre.
Il y a des gens sur la voie.
Peut-être un accident.
— J’adore l’imprévu. Pas vous ?
— …
—J’ai envie de prendre l’air. Vous venez ?
— …
Elle sort laissant la porte ouverte.
— Non… Oui… Pourquoi pas… ?
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Exo « Train » : Transportés
Ce que l'on dit, ce que l'on fait, ce que l'on pense... Très complexe tout cela surtout dans les points de vue croisés des quatre personnages au moins. Une scène bien croquée et qui prend tout son relief par le contre-point du début. Habile et plaisant B.M.!
obi- Nombre de messages : 553
Date d'inscription : 24/02/2013
Re: Exo « Train » : Transportés
Un être en partance, c'est ce qu'on perçoit du personnage, qui semble partir plus qu'en voyage... et une bifurcation sans changer de train, c'est la vie !
Mais on le sent réservé tout de même, il ne saute pas sur l'aventure, ce qui ne le rend que plus sympathique.
Mais on le sent réservé tout de même, il ne saute pas sur l'aventure, ce qui ne le rend que plus sympathique.
Invité- Invité
Re: Exo « Train » : Transportés
*contrepoint en un seul mot!
obi- Nombre de messages : 553
Date d'inscription : 24/02/2013
Re: Exo « Train » : Transportés
Sympathique, mais il me manque un petit quelque chose.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Exo « Train » : Transportés
Coup de coeur, entre autres, pour ceci: "Elle dit que c’est à cause du lait. Lui pense que c’est à cause du moulin à paroles qu'elle active dès le réveil."
Le dialogue à propos des fouilles ne me paraît pas très naturel (ni la vision des fouilles, ni la passion que l'on peut y ressentir; il manque quelque chose dans cet échange).
Ceci mis à part, c'est un voyage plaisant lorsque tu t'attardes aux pensées des uns et des autres, lorsque les états d'âme prennent le dessus; je préfère ces passages aux dialogues.
Le dialogue à propos des fouilles ne me paraît pas très naturel (ni la vision des fouilles, ni la passion que l'on peut y ressentir; il manque quelque chose dans cet échange).
Ceci mis à part, c'est un voyage plaisant lorsque tu t'attardes aux pensées des uns et des autres, lorsque les états d'âme prennent le dessus; je préfère ces passages aux dialogues.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Exo « Train » : Transportés
Il a pris le même train que Gobu ?
Qu'est ce que c'est que toutes ces créatures alanguies sur les banquettes ?
Et Saint-Pierre-des-Corps, ça existe vraiment ?
On reste un peu sur sa faim, à cause de l'hésitation finale peut-être
ce que j'ai préféré c'est l'emmerdeuse du début ! un bon coup de bûche !
Janis- Nombre de messages : 13490
Age : 63
Date d'inscription : 18/09/2011
Re: Exo « Train » : Transportés
Moi, ce qui m'a beaucoup plu bien fait rire, c'est cette phrase :
À côté de l’homme s’assied une dame qui bavarde sans cesse avec une autre tout aussi respectable
Sinon, c'est tellement bien observé, que l'on croirait être dans le même compartiment que le voyageur. Pas dans le rôle de l'archéologue, quand même !
Agréable lecture.
À côté de l’homme s’assied une dame qui bavarde sans cesse avec une autre tout aussi respectable
Sinon, c'est tellement bien observé, que l'on croirait être dans le même compartiment que le voyageur. Pas dans le rôle de l'archéologue, quand même !
Agréable lecture.
Invité- Invité
Re: Exo « Train » : Transportés
ça commence tellement bien pour embarquer dans le train que la fin est un peu décevante, comme toute arrivée en gare parce que c'est la fin du voyage ? Mais entre les deux, une lecture agréable, bien menée. Une scène visuelle.
elea- Nombre de messages : 4894
Age : 51
Localisation : Au bout de mes doigts
Date d'inscription : 09/04/2010
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum