Quelques oiseaux accrochés

Quelques oiseaux accrochés



      Crié.
       Après avoir longtemps crié,
       J'ai appelé...

       
       




        Les choses se sont tues

        Elle est loin l'enfance aux yeux transparents

        Les choses étaient rondes alors et parfumées

        Au lieu que nous voilà durs et enfumés

        L'herbe alors était royaume
        Et nous conquérants

        L'herbe est devenue pelouse
        Et nous l'entretenons

        J'ai eu un rêve à caresser jusqu'à presque maintenant

        Et le monde s'est fait adulte

        Ils sont loin les vingt ans, les gestes confiants

       Mais aux cheminées de très vieilles usines, il reste

       Avec le soir accroché quelques oiseaux rêvant parfois d'anciens étés...

Cette année les hirondelles sont parties sans me dire au revoir...
je te dis ça parce qu'il me semble que c'est un peu pareil...
C'est d'une belle mélancolie.

j'aime la mélancolie, "en général", enfin j'ai appris à l'aimer... parfois on n'a pas le choix...
j'aime ton texte obi,
moins apprécié sa disposition,
ces interlignes...
sont-ils un vide à remplir... ?
un temps...
si c'est cela, la corde est usée.
j'aime :
"les choses se sont tues"
pour l'impersonnel,
on ne sait pas quoi et puis la porte s'ouvre et la lecture commence.
(une réticence sur le titre : "quelques"... petite).

j'entends deux voix entremêlées...
je dis voix, parce que ce texte m'évoque un chant en coeur qui monte, ou des volutes de pensée qui se croisent.

Crié.
      Après avoir longtemps crié,
      J'ai appelé...

aux yeux transparents

       Les choses étaient rondes alors et parfumées
L'herbe alors était royaume
       Et nous conquérants
J'ai eu un rêve à caresser jusqu'à presque maintenant
Mais aux cheminées de très vieilles usines, il reste

      Avec le soir accroché quelques oiseaux rêvant parfois d'anciens étés...

Les choses se sont tues

       Elle est loin l'enfance
Au lieu que nous voilà durs et enfumés
L'herbe est devenue pelouse
       Et nous l'entretenons
Et le monde s'est fait adulte

       Ils sont loin les vingt ans, les gestes confiants

je suis sensible à tes mots

Au vers 4, j'aurais carrément supprimé "au lieu que"
il accroche l'oreille et on peut s'en passer
Sinon, j'aime bien cette petite bouffée de nostalgie

les deux voix dont parlent igloo sont le passé et le présent qui s'entremêlent.
le passé en italique et le présent en écriture "normale", "droite" ;

normale, droite comme la vie au présent qu'on accepte, on y est, on est entré dedans, avec ses petites joies, ses petites peines du quotidien.

et l'écriture en italique qui semble fuir, comme un rêve qui s'enfuit, la "nostalgie" évoquée par Tizef.

Je passe mon tour  : tes oiseaux ne m'ont pas accroché…

La nostalgie est toujours ce qu'elle était... même si elle me touche rarement, mais ici je trouve un charme à ces mots, à ces regrets....
Ce qui me paraît le plus évocateur du passage du temps et de la cruelle transformation des illusions, c'est :
"L'herbe est devenue pelouse
Et nous l'entretenons "

Et puis je suis restée volontiers suspendue à l'image finale des cheminées d'usine - un penchant personnel....

Une poésie inégale. De belles choses et d'autres moins réussies dont cet affreux "Au lieu que nous voilà durs et enfumés". Mais le ton général est plutôt agréable et rend bien compte de la douceur du passé.

Merci à tous pour vos coms!
C'est un très vieux texte que j'ai repris . J'ai travaillé sur les interlignes, Pussicat, les polices, Igloo. Oui, il existe un vide presque tangible à remplir, celui de la vie d'autrefois qui s'est désenchantée et ne reviendra plus (contrairement aux hirondelles Coline!).
Nostalgie, Tizef, Easter, oui, mais il faut accepter la vie comme elle est devenue.
Jano, "Au lieu que nous voilà durs et enfumés" est dur et voulu: sens et sons vont de pair. Le heurt des consonnes traduit la dureté des chocs de la vie.
P.S. Tant pis Narbah! Je crains que nos univers ne soient très différents. Merci en tout cas d'être passé!