Tristesse, comme une assise
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Tristesse, comme une assise
la pluie a cessé mais les routes
brillent comme des rivières,
avec leurs pointillés et leurs signaux.
Entre la plaine et les écroulements des nuages,
les phares allumés des motos,
étrangeté luttant contre le jour.
Je vais bientôt cesser ces allers et retours.
Ce que j’avais saisi entre deux doigts,
et que je relâche,
poussière bleutée, toucher de talc
va de nouveau son chemin
souffrant ou pas dans le jour plein.
……………………………………..
Depuis que je cherche une maison j’en ai vu de nombreuses,
et dans chacune imaginé une tristesse différente.
La beauté de la tristesse me saisit entre deux doigts,
mais je vais toujours vers un autre endroit.
La vie diverse pèse lourd
sur mon corps assis.
……………………………………..
Trouvé hier encore une trace sur la main,
c'est venu
et sans préjudice,
perdu.
Il y avait cette sensation ténue, les ailes
dont la verticalité est saisie entre les doigts
sans volonté de garder.
Cela reprend sa progression hasardeuse
hachée et miroitante
vers le fond du jardin, où on a été invité.
C'est une douceur supérieure à toutes celles qu’on a connues
de la poussière bleu froid entre le pouce et l’index,
il y a ce qui a commandé quand même
ce geste de chasseur.
brillent comme des rivières,
avec leurs pointillés et leurs signaux.
Entre la plaine et les écroulements des nuages,
les phares allumés des motos,
étrangeté luttant contre le jour.
Je vais bientôt cesser ces allers et retours.
Ce que j’avais saisi entre deux doigts,
et que je relâche,
poussière bleutée, toucher de talc
va de nouveau son chemin
souffrant ou pas dans le jour plein.
……………………………………..
Depuis que je cherche une maison j’en ai vu de nombreuses,
et dans chacune imaginé une tristesse différente.
La beauté de la tristesse me saisit entre deux doigts,
mais je vais toujours vers un autre endroit.
La vie diverse pèse lourd
sur mon corps assis.
……………………………………..
Trouvé hier encore une trace sur la main,
c'est venu
et sans préjudice,
perdu.
Il y avait cette sensation ténue, les ailes
dont la verticalité est saisie entre les doigts
sans volonté de garder.
Cela reprend sa progression hasardeuse
hachée et miroitante
vers le fond du jardin, où on a été invité.
C'est une douceur supérieure à toutes celles qu’on a connues
de la poussière bleu froid entre le pouce et l’index,
il y a ce qui a commandé quand même
ce geste de chasseur.
Re: Tristesse, comme une assise
cela aurait pu s'appeler "entre les doigts",
le pouce et l'index, plus précisément...
alors merci pour cette réflexion, sur laquelle je vais revenir.
juste le temps de...
:-)
le pouce et l'index, plus précisément...
alors merci pour cette réflexion, sur laquelle je vais revenir.
juste le temps de...
:-)
Invité- Invité
Re: Tristesse, comme une assise
Beau texte d'impressions diffuses, jouant sur la vue et le toucher.
Un bémol (ou un dièse) peut-être :
"La vie diverse pèse lourd
sur mon corps assis."
C'est vrai que "la vie diverse" c'est un peu lourd.
Un bémol (ou un dièse) peut-être :
"La vie diverse pèse lourd
sur mon corps assis."
C'est vrai que "la vie diverse" c'est un peu lourd.
Invité- Invité
Re: Tristesse, comme une assise
peut-être une tristesse qui assied, sans mettre pour autant à genoux...aseptans ?
je disais entre le pouce et l'index, mais cela pourrait aussi renvoyer quelque part au sable qui coule, s'échappe entre les doigts...enfin je ne sais pas, j'essaie de me représenter.
je disais entre le pouce et l'index, mais cela pourrait aussi renvoyer quelque part au sable qui coule, s'échappe entre les doigts...enfin je ne sais pas, j'essaie de me représenter.
Invité- Invité
Re: Tristesse, comme une assise
Rentrer dans tes textes est une épreuve de patience, de longue haleine.
J'éprouve une impression assez proche de celle qui a suivi la lecture de "Trois échiquiers".
Ce rapport si singulier à l'espace et à la liberté. L'espace, peut-être, comme évidence (heureuse / malheureuse) de discontinuité, de bivouac.
Trouver son lieu.
Ce jeu subtil : saisir / être saisi.
C'est quoi, au fait ? Un papillon ? une coccinelle ?
Il doit être possible de mettre des mots là-dessus.
J'éprouve une impression assez proche de celle qui a suivi la lecture de "Trois échiquiers".
Ce rapport si singulier à l'espace et à la liberté. L'espace, peut-être, comme évidence (heureuse / malheureuse) de discontinuité, de bivouac.
Trouver son lieu.
Ce jeu subtil : saisir / être saisi.
C'est quoi, au fait ? Un papillon ? une coccinelle ?
Il doit être possible de mettre des mots là-dessus.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Tristesse, comme une assise
Je pose, à tout hasard, cette hypothèse de lecture...
Tributaire d'un espace fuyant ("ces allers et retours") dans lequel je peine à trouver mon lieu ("la vie diverse pèse lourd"), je possède toutefois la liberté ("douceur supérieure") de comprendre dans quelle mesure la condition humaine rejoint la condition animale ("sa progression hasardeuse / hachée et miroitante") et de ne pas m'approprier ("volonté de garder") ni détruire ("ce geste de chasseur") le vol du papillon ou de la coccinelle.
Tributaire d'un espace fuyant ("ces allers et retours") dans lequel je peine à trouver mon lieu ("la vie diverse pèse lourd"), je possède toutefois la liberté ("douceur supérieure") de comprendre dans quelle mesure la condition humaine rejoint la condition animale ("sa progression hasardeuse / hachée et miroitante") et de ne pas m'approprier ("volonté de garder") ni détruire ("ce geste de chasseur") le vol du papillon ou de la coccinelle.
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Tristesse, comme une assise
Le thème du voyage, du trajet récurrent chez vous. Et du miroir.
Sinon je n'ai pas tout compris, des pistes, mais je dirais sans doute des bêtises.
Sinon je n'ai pas tout compris, des pistes, mais je dirais sans doute des bêtises.
Invité- Invité
Re: Tristesse, comme une assise
ça part sur les chapeaux de routes, sous la pluie...
le voyage, les impressions, les images, les sensations, le tactile, l'opposition entre mobilité/immobilité, beaucoup de phrases averbales dont certaines me laissent sur le bord de la route... alors que je ne suis pas encore assise sur la moto ?
et puis c'est quoi le prédi-pussi-cat ?
tu évoques "les routes" non pas la route... étrange,
tu proposes "la pluie a cessé"... étrange,
la pluie a cessé mais les routes
brillent comme des rivières,
avec leurs pointillés et leurs signaux.
il ne faut pas prendre cela comme une information météo...
si je te dis que cette cisaille :
Je vais bientôt cesser ces allers et retours.
Ce que j’avais saisi entre deux doigts,
m'a accrochée l'oreille...
et que la suite :
et que je relâche,
poussière bleutée, toucher de talc
va de nouveau son chemin
souffrant ou pas dans le jour plein
je ne comprends pas de quoi tu parles...
et puis que :
Cela reprend sa progression hasardeuse
hachée et miroitante
vers le fond du jardin, où on a été invité.
je trouve l'écriture un peu juste...
tu me diras... je retiens de bons passages,
mais il me manque quelque chose,
je ne sais pas quoi,
un peu de poussière dans la bouche...
j'ai apprécié la lecture,
le voyage, les impressions, les images, les sensations, le tactile, l'opposition entre mobilité/immobilité, beaucoup de phrases averbales dont certaines me laissent sur le bord de la route... alors que je ne suis pas encore assise sur la moto ?
j'aime pas ces "écroulements" de nuages, perso,seyne a écrit:Entre la plaine et les écroulements des nuages,
les phares allumés des motos,
étrangeté luttant contre le jour.
et puis c'est quoi le prédi-pussi-cat ?
tu évoques "les routes" non pas la route... étrange,
tu proposes "la pluie a cessé"... étrange,
la pluie a cessé mais les routes
brillent comme des rivières,
avec leurs pointillés et leurs signaux.
il ne faut pas prendre cela comme une information météo...
si je te dis que cette cisaille :
Je vais bientôt cesser ces allers et retours.
Ce que j’avais saisi entre deux doigts,
m'a accrochée l'oreille...
et que la suite :
et que je relâche,
poussière bleutée, toucher de talc
va de nouveau son chemin
souffrant ou pas dans le jour plein
je ne comprends pas de quoi tu parles...
et puis que :
Cela reprend sa progression hasardeuse
hachée et miroitante
vers le fond du jardin, où on a été invité.
je trouve l'écriture un peu juste...
tu me diras... je retiens de bons passages,
mais il me manque quelque chose,
je ne sais pas quoi,
un peu de poussière dans la bouche...
j'ai apprécié la lecture,
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Tristesse, comme une assise
Merci à tous de l'attention, la patience et la pénétration dont vous avez fait preuve.
En lisant les premiers commentaires, je me suis dit que le poème se complaisait dans la facilité de mes associations, et donc une opacité, que je n'avais pas pris la main du lecteur pour qu'il m'accompagne.
Ensuite, je me suis rendu compte que les uns et les autres vous aviez pourtant parfaitement perçu le sens, les sens qu'il tente de creuser.
Quoiqu'il en soit, voici le contexte de son écriture : pendant l'année 2011, j'ai fait chaque semaine un trajet en TGV du Nord au Sud de la France (exactement Amiens-Toulon et retour). Le projet était celui d'un déménagement définitif, et donc ces trajets très longs, paisibles, portaient l'idée d'un déracinement définitif, d'un adieu.
Les scènes décrites se déroulent au fil d'un déplacement hyper rapide, familier et dépaysant à la fois. Les routes après la pluie, le jardin inconnu au fond duquel se déplaçait un papillon ont donc existé, ainsi que la rêverie sur les futures maisons.
Le poème dérive sur la question d'"aimer", ce qu'elle doit apporter de détachement, de joie (d'assise), de perte et de tristesse, mais aussi sur l'emprise qu'on a du mal à abandonner. Et oui, il s'agit de saisir et d'être saisi.
J'avais écrit : la diversité de la vie pèse sur mon corps assis et c'était encore plus lourd. Peut-être il suffirait : la vie pèse, diverse, sur mon corps assis ?
Je vais le reprendre pour qu'il ne fonctionne pas autant comme une énigme. Déjà, je vais l'intégrer à une série qui s'appelle "TGV" et ça aidera la lecture.
Merci encore à vous tous.
(la lumière des phares de motos est étrange à contre-jour, mais c'est écrit maladroitement.)
En lisant les premiers commentaires, je me suis dit que le poème se complaisait dans la facilité de mes associations, et donc une opacité, que je n'avais pas pris la main du lecteur pour qu'il m'accompagne.
Ensuite, je me suis rendu compte que les uns et les autres vous aviez pourtant parfaitement perçu le sens, les sens qu'il tente de creuser.
Quoiqu'il en soit, voici le contexte de son écriture : pendant l'année 2011, j'ai fait chaque semaine un trajet en TGV du Nord au Sud de la France (exactement Amiens-Toulon et retour). Le projet était celui d'un déménagement définitif, et donc ces trajets très longs, paisibles, portaient l'idée d'un déracinement définitif, d'un adieu.
Les scènes décrites se déroulent au fil d'un déplacement hyper rapide, familier et dépaysant à la fois. Les routes après la pluie, le jardin inconnu au fond duquel se déplaçait un papillon ont donc existé, ainsi que la rêverie sur les futures maisons.
Le poème dérive sur la question d'"aimer", ce qu'elle doit apporter de détachement, de joie (d'assise), de perte et de tristesse, mais aussi sur l'emprise qu'on a du mal à abandonner. Et oui, il s'agit de saisir et d'être saisi.
J'avais écrit : la diversité de la vie pèse sur mon corps assis et c'était encore plus lourd. Peut-être il suffirait : la vie pèse, diverse, sur mon corps assis ?
Je vais le reprendre pour qu'il ne fonctionne pas autant comme une énigme. Déjà, je vais l'intégrer à une série qui s'appelle "TGV" et ça aidera la lecture.
Merci encore à vous tous.
(la lumière des phares de motos est étrange à contre-jour, mais c'est écrit maladroitement.)
Re: Tristesse, comme une assise
c'est un thème qui m'est proche,
peut-être pour ça que ce texte m'a interpellé.
et je suis curieuse de la prochaine refonte, s'il y a...
peut-être pour ça que ce texte m'a interpellé.
et je suis curieuse de la prochaine refonte, s'il y a...
Invité- Invité
TGV : La tristesse, comme une assise.
La pluie a cessé mais les routes
brillent comme des rivières
avec leurs pointillés et leurs signaux
entre la plaine et les écroulements des nuages
les phares allumés des motos
lumière étrange luttant contre le jour.
je vais bientôt cesser ces allers et retours.
tout ce que j’avais saisi entre deux doigts
et que je relâche,
poussière bleutée, toucher de talc,
continue son chemin
vibrant ou souffrant dans le jour, les nuits.
……………………………………..
Depuis que je cherche une maison j’en ai vu de nombreuses
et dans chacune imaginé une tristesse différente.
la beauté de la tristesse me saisit entre deux doigts
mais je vais toujours vers un autre endroit.
la vie pèse, si diverse
sur mon corps assis.
……………………………………..
J’ai trouvé hier encore une trace sur ma main,
c'était venu et - sans préjudice -
perdu.
il y avait cette sensation ténue, les ailes
dont la verticalité est saisie entre les doigts,
sans volonté de garder.
cela reprend sa progression hasardeuse
hachée et miroitante
vers le fond du jardin, où on a été invité.
cette douceur supérieure à toutes celles qu’on a connues,
de la poussière bleu froid entre le pouce et l’index -
il y a ce qui a commandé quand même
ce geste de chasseur.
brillent comme des rivières
avec leurs pointillés et leurs signaux
entre la plaine et les écroulements des nuages
les phares allumés des motos
lumière étrange luttant contre le jour.
je vais bientôt cesser ces allers et retours.
tout ce que j’avais saisi entre deux doigts
et que je relâche,
poussière bleutée, toucher de talc,
continue son chemin
vibrant ou souffrant dans le jour, les nuits.
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Depuis que je cherche une maison j’en ai vu de nombreuses
et dans chacune imaginé une tristesse différente.
la beauté de la tristesse me saisit entre deux doigts
mais je vais toujours vers un autre endroit.
la vie pèse, si diverse
sur mon corps assis.
……………………………………..
J’ai trouvé hier encore une trace sur ma main,
c'était venu et - sans préjudice -
perdu.
il y avait cette sensation ténue, les ailes
dont la verticalité est saisie entre les doigts,
sans volonté de garder.
cela reprend sa progression hasardeuse
hachée et miroitante
vers le fond du jardin, où on a été invité.
cette douceur supérieure à toutes celles qu’on a connues,
de la poussière bleu froid entre le pouce et l’index -
il y a ce qui a commandé quand même
ce geste de chasseur.
Re: Tristesse, comme une assise
Le titre de ce poème résonne mystérieusement... car il se heurte aux divers sens du mot "assise".
- la position de la voyageuse qui regarde défiler le paysage.
- l'idée d'une construction, d'une fondation.
- la joie à laquelle tu fais allusion (sens lié, a priori, à l'image de Saint-François d'Assise).
- la position de la voyageuse qui regarde défiler le paysage.
- l'idée d'une construction, d'une fondation.
- la joie à laquelle tu fais allusion (sens lié, a priori, à l'image de Saint-François d'Assise).
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Tristesse, comme une assise
J'aime bien cet univers, c'est plutôt abstraits mes les mots ont une réelle martière.
"toucher de talc"
"toucher de talc"
Re: Tristesse, comme une assise
Merci Yoni Wolf. Je voudrais que la matière de cette abstraction, ce soit le flux d'une émotion. Celle ressentie devant des choses, des êtres, dont je n'ai gardé que la silhouette. Je repensais aussi à ce mot : le tact.
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