Une fille en or

Si j'ai moins aimé l'échange en fin de texte, la vision de ce couple, quasi bucolique, m'a vraiment enchanté. C'est comme être allongé dans l'herbe, l'été, et regarder le soleil filtrer ses rayons entre les branches des arbres.

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Une fille en or

Nouveau message coline Dé Hier à 22:41
Elle est à genoux par terre devant lui.
D'un seul geste elle enserre les jambes de Mathieu et pose sa tête, ses longs cheveux cascadent le long des tibias maigres ; elle est si démunie, si enfantine, la main de Mathieu inévitablement lui caresse la tête.
Elle lève les yeux vers lui. Il lui sourit. Elle ferme les yeux. Il attend quelques secondes et se dégage doucement
— Il faut que j'aille faire les courses.
— Non, attend, on est bien...
— Mais ça va fermer, et il n'y a même plus de pain...
— Ca ne fait rien, on ira manger au restaurant.

Il réprime un soupir.
Calcule que le restaurant ce soir et demain … même pas possible de faire des sandwichs, des tartines, puisqu'il n'y a pas de pain.
Il a beau inspecter les placards, rien : un vieux paquet de pâtes où quinze spaghettis s'ennuient, un pot de moutarde, du thé à demi répandu dans les assiettes, des miettes de biscottes, d'autres miettes inidentifiables, de la poussière...
— Mais qu'est-ce que tu as fait toute cette semaine ?
— Je me suis occupée de Raja... et j'ai pensé à toi !
— Et tu n'as pas fait de courses ? Qu'est-ce que tu as mangé ?
Elle s'allonge dans l'herbe.
— Oh, il restait des pommes...
Le soleil descend derrière la montagne, s'attarde sur elle et creuse joliment ses fossettes. "

J'aime bien ce passage très visuel. J'attends la suite en espérant que ce portrait de femme est ironique ? ...

Une fille en or qui dore, adore
endort ?
Celle qui achète une selle avec les sous qu'il n'a pas
peut on lui faire crédit ? Joue-t-elle un double je ?
Miss terre rieuse sous bien des aspects...

Contrairement à Lucy, j'ai apprécié ce mélange entre sentiment et le quotidien matériel prosaïque (la contingence). C'est cet entrelacs qui justement valorise l'intime, évitant l'idéalisme. La découverte des personnages et des situations demande au lecteur peut-être une re-lecture, pour mieux appréhender l'écheveau, mais c'est ainsi, la vie, on ne la saisit pas d'un coup. J'ai pensé à Raymond Carver, et à Annie Saumont en te lisant.

J'ai aimé les multiples passages très visuels, ceux que l'on peut toucher du doigt et s'approprier. C'est marrant, je n'ai pas eu le même sentiment que Lucy, celle d'un couple bucolique. Il me semble justement que le titre est plutôt ironique. Moi aussi j'attends une suite à cette fille mi figue mi raisin.

Elle est d'or, il est de fer et d'airain ; elle est cigale, il est fourmi ;  poète, rêveuse, contemplative, est-elle, quand lui est travailleur, actif, industrieux.

En adoration, "à genoux par terre devant lui" ; devant lui, elle est une enfant, "si démunie, si enfantine, la main de Mathieu inévitablement lui caresse la tête", lui, son protecteur, son père, son idole.
Elle est amoureuse, et ne voudrait vivre que d'amour  et... de pommes, nymphe au jardin des Hespérides.
Elle aime en lui tout ce qu'elle n'est pas.  
Lui, prosaïque, soucieux du quotidien : "il faut que j'aille faire les courses", vit de nourriture toute terrestre, et se désole : "il n' y a même plus de pain". Il court installer des usines partout dans le monde, et quand il retrouve sa maison, c'est pour effectuer des travaux de rénovation ou de construction, toujours actif, constructeur, bâtisseur, et puis économe.
Or, elle est d'or, et n'a nul souci de l'argent. Elle a une passion pour son cheval, Raja, un prince. Sûr, elle aime les chevaux, et Mathieu n'est pas un mauvais cheval. Elle a deux princes, elle a deux amours.
Lui l'adore aussi, il a placé partout des photographies d'elle et de Raja.
Il aime en elle tout ce qu'il n'est pas, tout ce qui lui manque.
Elle n'hésite pas à dépenser l'argent du couple, et le mettre en difficultés financières, pour acquérir une selle, par exemple, plutôt qu'un radiateur. L'amour tient plus chaud. Qu'importe ! Ils sont heureux, puisque chacun aime en l'autre sa part manquante, de rêve ou d'action.

Un doute pourtant est permis dans ce tableau quasi idyllique : l'or de la fille ne serait-il pas du toc ?
Peut-être a-t-elle placé elle-même toutes ces photos sur les murs. Sur tous les murs : Raja et Jenny, et non Jenny et Mathieu. Ne serait-elle pas narcissique ? Ne s'aime-t-elle pas avant tout, elle, son image et son cheval ? Elle ne prépare pas de repas pour Mathieu, mais n'oublie pas le mash pour son cheval. A la question de Mathieu : "Mais qu'est-ce que tu as fait toute cette semaine ?", elle répond :"Je me suis occupée de Raja... et j'ai pensé à toi !", Raja, d'abord, Mathieu ensuite. "j'ai pensé à toi" sonne, de plus, comme une flatterie, sans sincérité.
Oui, l'or de la fille n'est peut-être que du toc.

Bravo Coline.

Une fille qui oscille entre attachement et agacement, une envie de la secouer et en même temps, elle est ainsi, c'est un personnage entier et il le sait, il l'aime, il l'accepte. Est-il faible pour autant ? Difficile à dire avec certitude et au final, on ressent une grande proximité avec ce couple et ses déboires, c'est bien vu, tout en simplicité et efficace.

Une histoire agaçante ; tout est si transparent que j'ai envie de foutre des claques à cette pseudo compagne. Va gagner le pain, bonhomme, loin, et lucratif. je te récompenserai au retour, selon ton mérite. Mais moufte pas trop : n'oublie pas que tu ne vaux pas mon cheval, et même pas sa selle.

Une fille en or, c'est sûr (bien qu'elle ne soit pas au régime sans selle).

— Non, attend, on est bien... là il faut mettre un s ma chérie : attends

D'un seul geste elle enserre les jambes de Mathieu et pose sa tête

Où ça ? On comprend, bien entendu qu’elle pose sa tête sur les jambes de Mathieu (j’espère qu’il n’y a pas qu’un cheveu sur la tête à Mathieu, et qu’il n’a pas qu’une dent, qu’il n’a pas qu’une dent)

Il faudrait que ce soit reformulé autrement ;

Sinon, dans l’ensemble l’histoire est sympa, pas de quoi se rouler par terre quand même, mais le temps présent est en tout cas bienvenu. Félicitations.

Très bien dit et bien vu cette petite tranche d'histoire ! je connais des types comme ça, qui se font bouffer par des nanas comme ça. Ah, l'amour ! C'est vrai que ça peut rendre con .