après-midi

tu t’en vas dans l’intervalle
où errent les faunes
bruns, assoiffés
chevelures mêlées de terre
flûtes désaccordées.

tu vois leurs yeux presque fermés,
leurs grands corps au repos
dans les arbres
attention toujours dardée
vers le bruit des feuilles et des herbes
semi-sourires.

tu saisis comme ils te comprennent
- t’attendent même -
frères de lait
accorde-leur, tigrés d’ombre
toute une après-midi d’été

laisse-toi toucher.

Vois, de ta solitude,
la longueur de leurs trajets
et quand ils s’endorment dans l’herbe
les mouvements nés de leurs rêves
flottant sur leurs corps repliés.

difficile, impossible d'éviter Mallarmé... je reviendrai...
"où errent" me gêne l'oreille, mais... prononcé vitement donne "Where" !

Bien sûr avec l'après-midi, tu nous tends la perche vers Mallarmé et Debussy.
J'y entends aussi l'écho des mythes grecs - présents dans mon espace-temps.

Ton texte est magnifique, cette scrupuleuse limpidité, cette précision légère, qui fait sa place à la part d'ombre de chacun :
"de ta solitude".

Et je me fais l'effet d'être un gros bourrin, à passer là.

Tant de subtilité m'émeut et m'enchante.

Merci de vos commentaires élogieux autour d'un texte dont je me demande quand même s'il ne porte pas sa dose de poussière.
Il y a quelque chose de la sauvagerie et même de la dangerosité qui lui manque. Un peu trop art déco, il irait besoin d'une bonne giclée de venin, je crois.

Tu exagères !
Si nous sommes d'accord sur ceci que la poésie n'est ni du pathos, ni de la déco, on ne va pas pour autant s'interdire la beauté !

Car la virulence subtile
qui paraît sans détériorer
exige un travail difficile
pour un poème amélioré.

:-)

Je vais essayer de le pervertir, qu'on ait un peu peur, et un peu plus envie.... là ils sont trop gentils, on dirait des chats :-)