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Exo live mercredi 30 avril 2014 à 20h30

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Message  Sahkti Jeu 1 Mai 2014 - 10:17

Consignes:
- Grand théâtre de Bordeaux
- SA
- exactement
- 37 et 2 ans


Sur le mur de la cellule 12, un poster défraîchi, le coin gauche manquant, les couleurs envolées. L'immeuble est à peine reconnaissable et pourtant, c'est exactement ainsi qu'il se souvient de ce bâtiment. Et de toute cette histoire.
Deux ans déjà à croupir ici…

Tout lui avait paru si simple. Il suffisait d'assister à la représentation d'Aïda, de se placer dans la loge n°4, rang 2, juste derrière elle et de lui souffler à l'oreille les mots qui le faisaient tant souffrir depuis des mois.

Sacha, elle s'appelait Sacha.

Sacha, comme sa charmante mère.
Celle qui l'avait abandonnée 37 ans plus tôt. A force de recherches et d'obstination, il avait fini par mettre la main sur elle. Enfin, la main, façon de parler. Une image plutôt, volée subrepticement à la sortie de l'opéra. La photo avait longtemps trôné au-dessus de son lit, au point de hanter ses nuits, puis ses jours, au point de le pousser à se rendre chaque mois devant cet immeuble situé à Bordeaux, Place de la Comédie. Drôle de comédie qui consistait à se poster des heures durant, dans l'espoir de voler quelques fragments d'un invisible visage, face à cet immeuble froid, dégorgeant de dames rieuses et d'hommes faisant bonne figure.
Sa mère ne souriait jamais, elle affichait plutôt un air profondément ennuyé.
Il avait essayé de capturer ses pensées, de lire à travers ce regard désert de toute vie.
Sans succès.

Un jour, déambulant dans les rues proches, son attention avait été attirée par un tableau dans la vitrine d'un brocanteur. C'était l'opéra, peint sous le soleil couchant. En bas de l'escalier, un couple se tournant le dos. La dame lui rappelait sa mère. Sans doute à cause de la robe rouge, la même que celle que portait Sacha quand, enfin, il l'avait retrouvée sans oser l'aborder.
La peinture prit place sur un mur du studio, cristallisant ses rêves les plus fous.
La revoir, lui parler, la prendre dans ses bras, lui dire combien elle lui avait manqué.
C'était comme dans les films. Beau.
Ça ne pouvait être que comme dans les films.

Sauf que dans les films, il y a un metteur en scène. Quelqu'un qui vous dit comment vous poser, comment ouvrir les bras, comment regarder ou comment embrasser.
Là, il n'y avait eu personne.
Et il l'avait abordée, lui avait dit qui il était. Elle était surprise, avait reculé, il avait voulu la toucher, l'effleurer.
Elle l'avait giflé.
Puis elle était partie.

Un mois plus tard, il s'était glissé dans la loge n°4, au deuxième rang.
Il s'était approché de son oreille, il voulait lui dire les mots qui… mais il avait simplement posé les mains sur son cou. Ou plutôt autour.

C'était il y a deux ans maintenant.
Le poster défraîchi, au coin gauche manquant, lui rappelait chaque jour ce soir-là, ce bâtiment, l'opéra, Aïda.
Et aussi sa mère.
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Message  Sahkti Jeu 1 Mai 2014 - 10:17

(désolée du retard et merci pour l'exo, Isa! )
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Message  Pussicat Jeu 1 Mai 2014 - 22:30

je ne sais pas si je vais être au rendez-vous... journée difficile... j'essaierai,
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Message  Polixène Ven 2 Mai 2014 - 9:56

Sahkti, tu tapes fort!
Le texte fonctionne, même si il m'a fallu plusieurs lectures pour bien comprendre quelle femme était retrouvée puis étranglée.
Juste un détail, qui ne peut faire sursauter que les Bordelais/es comme moi : pas une seule boutique de brocante à des lieues autour du Grand Théâtre à Bordeaux! (c'est le quartier chicos)
Et les contraintes sont bien cachées!
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Message  Polixène Ven 2 Mai 2014 - 10:10

Alice

Ce n'est pas que tu aies manqué d'inspiration, car l'idée est riche, mais plutôt de temps pour l'occasion; j'aurais bien aimé des approfondissements pour que le texte ait plus de tenue.
Celui-ci est un peu expédié -défi oblige!- et si bien sûr, le lecteur a largement la place d'inventer ce qui lui manque, il lui faut aussi un peu de consistance!
Il suffirait de peu...
J'ai bien aimé marcescent!

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Message  Polixène Ven 2 Mai 2014 - 10:25

Rebecca, en effet, ton texte n'est pas rigolo, mais il a la légèreté et l'humour nécessaires pour traiter de sujets denses, comme celui des promesses, des rêves de jeunesse, etc! Sinon on tomberait dans le pathos...
C'est vrai que la contrainte des nombres a induit des complications inutiles, mais, à cela près, il tient la route hors contexte exo.
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Message  Polixène Ven 2 Mai 2014 - 10:35

Gobu, extra, tu te joues des consignes comme un jazzman du tempo.
Et la contrainte "temps" va bien à ton teint de centenaire.
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Message  Polixène Ven 2 Mai 2014 - 10:43

En ce qui me concerne, je n'avais pas compris qu'il fallait partir d' une représentation du monument imposé, j'ai donc travaillé autour de peintures dans le monument (en l'occurrence, des fresques pour le Panthéon)
Comme d'habitude, j'ai zappé une consigne :celle de taille du texte! J'essaierai d'y remédier si j'en ai l'occasion
En tous cas, merci Isa d'avoir fait le job!
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Message  Pussicat Ven 2 Mai 2014 - 22:31

Désolée isa,
pour moije - comme dirai... - un exo live c'est le jour J, et je n'étais pas en état de répondre à l'intention.
Je lirai les textes,
puis-je poster des commentaires ?
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Message  AliceAlasmartise. Sam 3 Mai 2014 - 14:20

Moi aussi j'avais zappé la limite de 3000 tiens :-))
Bon, déjà pour le texte j'étais rouillée, alors pour les commentaires, euh... à va pas voler haut, j'vous préviens... mais je passe deux heures sur chaque commentaire, foparigoler

Gobu, je n'ai vraiment compris l'histoire qu'à la deuxième lecture (peut-être à cause de ce Que faisait Lulu le Chinois... , yo pas compris qu'il parlait de lui-même, la première fois), et pour chipoter, à moins que je ne l'aie mal comprise, cette phrase qui commence par En exhalait le parfum du santal (enfin, cette partie de la phrase) m'a semblé lourde. Mais j'aime toujours autant l'ambiance que tu mets dans tes textes, celui-ci est réussi je trouve, tout est bien dosé.

Rebec', ah bon, trois mille caractères ? où ça ? :-)
J'ai adoré ton texte, et comme dit Polixène, on voit à peine les contraintes de l'exercice.
(juste tu m’y donnais rendez vous : donnas, non ?)

Polixène, tu racontes bien, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Une sacrée histoire en plus !

Sahkti, quel plaisir de revenir au début du texte une fois qu'on l'a fini. Tout est ficelé minutieusement, des espoirs jusqu’à l'inévitable chute. tu vas pas nous dire c'est quoi les mots qui... ? hihi


On remet ça quand ? :-)
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Exo live mercredi 30 avril 2014 à 20h30 - Page 4 Empty A Alice, Gobu, isa...shame on you!

Message  obi Dim 4 Mai 2014 - 15:43

Je hais la tour Eiffel, je m'étais choisi un autre bâtiment pour moi!!
Languissamment n'est pas un adverbe de temps sieur Gobu, vous aviez bu??
il y avait LI 1,9, 24 je crois je ne sais plus. M'en fous! Tant pis pour vous ;-)))!



        Elles


         Y rêver, l'évoquer - même s'il ne la nommait plus depuis presque trois quarts de siècle - en grimper les marches ferrées une à une dans un brouillard humide qui enveloppait d'étrangeté chacun de ses jours ; presque chaque nuit chuter infiniment, se réveiller le cœur cognant, calmer l'angoisse à petits souffles, pleurer , y remonter, dormir un peu quelquefois et toujours, avant le matin, toujours, retomber dans l'aube frissonnante de Tokyo aux si rares klaxons, ça avait été bien plus de la moitié de sa vie. Et devant le monstre femelle aux rivets inplacables, à la carcasse ricanante qui perçait depuis plus d'un siècle le ciel de Paris, devant ce cauchemar qui résonnait à l'infini dans le désert de ses nuits, Elle, languissamment étendue sur le vieux canapé défoncé, froissant le drap bleu violet, sa parure tombée, magnifique jonchée de trous, Elle, nue devant la fenêtre ouverte de mai aux glycines, Elle, les yeux à demi clos, lui souriait...
             Il y a des êtres, des choses impossibles à gommer d'une mémoire. Ils demeurent fichés en soi tels de hautes tours où l'on monte parfois guetter avec appréhension sa vie, ce qui reste à vivre. « Que l'existence est ridicule ! Que je suis sot ! »c'est ce qu'avait brusquement pensé Akemi  Shihuto l'avant-veille de son quatre vingt dixième anniversaire. Il se savait physiquement solide, capable d'atteindre la centaine d'années sans grand problème .Mais après tout ce silence, cette patience infinie et inutile, il avait brusquement décidé qu'il n'en ferait rien.  Il s'octroyait dix ans pour lui, égoïstement, et un brusque apitoiement lui mouilla les paupières. Quatre vingt dix ans étaient suffisants ! Il avait sa dignité tout de même !Enfin, quatre vingt dix ans moins un jour parce qu'ils avaient plaisanté juste avant la guerre, devant la fenêtre ouverte, sur la butte, tandis que des pétales du vent de mai se posaient sur la poitrine qu'il peignait. Dans la candeur de leur jeunesse et riant à pleines dents ils s'étaient promis de mourir vieux, très vieux, quelque part sur la terre ou ailleurs, main dans la main, quand ils l'auraient décidé, eux qui étaient nés la même année à deux jours d'intervalle . Cent ans? Elle avait éclaté de rire, incrédule. Cent ans, mais oui !Cent ans comme on lance un siècle de défi à la face du monde ! Et pourquoi pas ?
               « Un défi ? Non,oh non...chuchota le vieil homme en levant péniblement le cou vers l'extrémité de la Tokyo Tower qu'il apercevait de sa fenêtre. »Non, pas un défi, juste une vie d'enlisement vain, stérile pour tout autre que lui. Et même pour lui ? Il regarda avec effroi et dégoût ses mains que l'arthrose avait tordues, ses doigts réduits à des insectes contournés, incapables de tenir un pinceau depuis si longtemps déjà, de caresser   une glycine, d'effleurer un sein, petits crochets douloureux et ridicules. « Eh bien non … lança-t-il à la tour à treillis rouge et blanche qui le narguait depuis toutes ces années, pas un jour de plus ! » Il revoyait l'adorable moue, le sourire de caprice découvrant la canine. « Lâche tes pinceaux , je n'en peux plus ! Non, je ne poserai pas un jour de plus, pas une minute ! » Derrière elle, la glycine murmurait dans le jour descendant . Au loin, l'autre, immobile les regardait, ne fatiguait jamais. « Je ne suis pas ton esclave, avait-il précisé, taquin, devant la fenêtre de Montmartre, sous les toits où couraient les matous les nuits de lune. » Il n'était pas son esclave. Il l'avait pourtant installée comme la femme du déjeuner sur l'herbe et peint à ses pieds des nymphéas parce qu'elle aimait Monet autant que Manet. Les deux M « Parce que je t'aime, chuchotait-il, vaincu, taché des couleurs qu'il étendait sur la toile.Elle plaisantait, le chatouillait reniflant la térébenthine sur lui et l'outre -ciel. « Nous sommes deux, les deux aiment, n'est-ce pas, petit homme ? » Et elle lapait sur son front la sueur concentrée, le renversant, mystérieuse, tordue au-dessus de lui soudain, dans un rêve bleuté, déroulant ses bras de lierre flexible, détaché maintenant mais qui suçait encore sa vie, sa sève depuis toutes ces années...
            Shibuko n'avait plus la force  de recommencer – de commencer, prononça-t-il – ma vie et il s'entendit enfin, pour la première fois. « Ma vie, répéta-t-il, ébahi par sa découverte. » Cette fois, c'était décidé, il y mettrait fin. Il irait le dire aux fleurs gigantesques d'Ueno, qui le chuchoteraient à celles de Giverny. Il ouvrit sa fenêtre dans les hauteurs de Tokyo, et défiant toute sa vie, se mit à réciter dans un transport de rage soudain, les seuls mots de français qui lui restaient d'Elle après tout ce temps, non, d'Elles, des mots dessins, les mots de Guillaume, le fou d'amour, qu'il avait modifiés, dressés contre eux tous, contre Elles, tout à fait contre elle, à jamais. Les mots pour rester debout, ici, lui, à Tokyo, un petit homme mais debout :



                                      S
                                      A
                                    LUT
                                     M
                                   O N
                                   D E
                                DONT
                            JE       SUIS
                               LA LAN
                              GUE   E
                             LOQUEN
                          TE QUE MA
                      BOUCHE O PARIS
                   TIRE      ET    TIRERA
                  T O U T           J O U R
                A        U           DES    TIN
               C   O   N          T R A I R E

Et au-delà du souvenir, du regret de son cœur déchiré, telles deux piliers le soutenant, elles se rejoignaient en lui, pleines de l'amour jaloux qu'elles lui inspiraient encore tant d'années plus tard.. Akemi avait vingt ans ! Avant l'éther, la piqûre qu'il s'était promise, il s'habilla pour aller saluer une dernière fois les nénuphars d'Ueto. Il lui restait vint-quatre heures. Seul. Sa dernière équipée ! Alors qu'il ouvrait sa porte, le paquet était arrivé Juste ce jour-là ! Cette toile abandonnée avec elle en France lorsqu'il avait pris le bateau pour les Etats-Unis. Elle devait l'y retrouver après un passage chez de la famille, en zone libre. Il avait attendu. N'était pas venue.Pas pu ? Pas voulu ? Les lettres qu'il lui avait écrites de New York , bien plus tard de Tokyo, étaient restées sans réponse. Cette cicatrice faisait toujours mal. Il n'avait jamais rien su ; rien de sa vie à elle.Le cœur du vieux monsieur avait tenu, pas ses jambes. Affalé derrière la porte repoussée, il avait déchiré le papier de France soigneusement scotché mais maladroitement ficelé, dont il ne reconnaissait pas l'écriture. Secoué de frissons glacés, il avait retrouvé, accueilli sa jeunesse perdue, sa belle  folie, son égarée adorable dégringolant les glycines de Montmartre.
                    Avant sa dernière opération, ma grand-mère m'a donné votre adresse. Je ne sais si ce tableau, qu'elle vous lègue, peut avoir une valeur pour un collectionneur aussi prestigieux que vous. Il n'est pas signé. Ce sont ses dernières volontés.

Les vieilles paupières rougies, sans cils, de Shibuko, gonflées de lassitude, s'étaient  distendues. Dans le paquet, un petit mot cacheté, d'une écriture tremblée, violette, appliquée appliquée, disait :  « Je ne peux plus attendre. J'aurais voulu. Pour nous, le feras-tu ? De ma fenêtre d'hôpital je la vois qui veille. Je te l'envoie. » Akemi Shihuto avait passé des mois, des années, presque dix, à traduire, retraduire ces quelques mots avec un dictionnaire français des années trente. Sur la page de garde, une femme aux longs cheveux y proclamait,  dans le sixième arrondissement : Je sème à tout vent . Elle regardait une fleur.Ce n'était pas une glycine. Mais monsieur Shihuto, les yeux à demi clos, continuait à rêver.
                                                        ***

 Sa petite-fille a trouvé M. Shihuto mort la veille de son centième anniversaire dans son appartement de Kyoto devant une toile mystérieuse, de style impressionniste, dont on ignorait l'existence. Elle représente une femme nue devant une fenêtre ouverte sur un paysage parisien. Enroulé dans un drap bleu-violet semblable à celui du tableau, le célèbre collectionneur souriait. « Il allait voir une fois l'an les nénuphars géants au parc d'Ueno . C'était sa seule distraction. Je ne sais s'il l'a fait cette année mais je crois qu'il est mort en paix, nous a confié sa petite-fille. » Voilà qui restera un mystère de plus dans l'existence extraordinaire de ce mécène mondialement connu, à la vie si discrète. Réfugié un temps en Amérique après un bref passage à Paris avant la dernière guerre mondiale, Monsieur Shihuto était rentré à Tokyo dans les années cinquante. Dès la construction, en 1958, de la Tokyo Tower, il avait manifesté une prédilection pour les gratte-ciels et y possédait plusieurs appartements d'où l'on voyait cet édifice. Deux d'entre eux étaient consacrés à sa collection de tableaux 'impressionnistes . Il aimait également la  poésie française du début du XX°siècle, particulièrement Apollinaire dont il avait acquis plusieurs calligrammes originaux.

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Message  Sahkti Lun 5 Mai 2014 - 9:43

Je commente tardivement, désolée.

ALICE : il me semble que les limites du principe de l'exo en direct se font ici sentir. Tu crées une ambiance mais sans la possibilité de l'approfondir, tu disposes d'un potentiel que tu ne peux pas réellement exploiter, tant dans l'histoire elle-même que dans l'analyse des personnages. Cela vaudrait la peine de le retravailler à tête reposée pour en faire quelque chose de plus consistant car la base est intéressante.

GOBU : Waow, quel travail. Une fois encore, j'apprécie cette harmonie entre le côté sérieux de l'histoire et les pointes d'humour que tu distilles de ci de là. L'atmosphère, teintée de nostalgie, est agréable, tout comme le contenu même du récit, c'est une histoire qui se tient bien.

REBECCA : J'aime bien ce texte, il parle vrai je trouve, avec de réels accents de sensibilité que les touches d'humour n'arrivent pas à masquer (et c'est bien).

POLIXENE : Peut-être un brin trop explicatif par moments mais cela mis à part, j'aime assez cette frénésie qui se dégage de l'ensemble, tant dans l'écriture que dans l'étalage de ces souvenirs. Une belle tranche de vie, palpitante.

OBI : Quel bel univers dis donc ! Un texte fluide et agréable, empreint de douceur et de nostalgie.
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Message  Gobu Lun 5 Mai 2014 - 18:22

Corrigé Exo 30042014

ALICEALASMARTIES :

Franchement on ne comprend pas bien qui (ou quoi ?) est cette femme N° 2 avec qui le narrateur essaye d’oublier l’être cher (et pas chère, Alice, steuplaît). Phantasme ? Poupée gonflable ? Le récit manque de repères concrets pour se faire une idée. Reste une histoire assez poignante écrite avec des mots forts, qui mériterait un traitement plus approprié…

A propos de ma phrase lourdingue, tu as raison. J’aurais dû écrire « S’en exhalaient etc… » C’eût été plus correct…

REBECCA :

Cette histoire d’amour contrarié entre un cinéaste célèbre et une femme de lettres prend le temps de prendre son temps. C’est bien construit et la mise en abyme fonctionne grâce à de nombreux détails gigognes et quelques répétitions bienvenues pour donner un côté lancinant au récit. Hélas, la chute, assez mièvre, tombe à l’eau. Si je puis dire…

POLIXENE :

Falsifier l’Histoire pour prolonger une relation sentimentale, c’est tordu. Dommage que l’on n’ait pas assez de détails sur la supercherie. Cela enlève de la force au récit, on aimerait en savoir plus. Le passage évoquant sa rupture avec son sulfureux mari et la réinsertion professionnelle de la narratrice arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et ressemble à une maladroite autojustification. En dépit de ces faiblesses, cela se lit agréablement et la chute en forme de clin d’œil est bienvenue.

SAHKTI :

Les histoires d’amour finissent mal, en général. Surtout lorsqu’elles sont à sens unique. Dans ce cas, cela s’appelle l’érotomanie et relève de la psychiatrie, même si ça ne se finit pas toujours en cellule. Une histoire bien cadrée autour d’un décor de théâtre et assez théâtrale aussi. Petite remarque pour le cachet d’authenticité. Dans les prisons françaises, les numéros de cellule sont généralement à trois chiffres, le premier indiquant l’étage (comme dans les hôtels, mais pas avec le même confort) et souvent précédés d’une lettre indiquant le bâtiment quand il y en a plusieurs.

OBI :

Est-ce à cause du pseudo ? Le Japon, ou plutôt l’esprit japonais, transpire entre ces lignes. On y trouve ce lent déroulé du temps typique des récits initiatiques japonais, et aussi ce soin du détail qui rapproche ce texte de l’art de la calligraphie. Sans parler du hara-kiri. Le Japonais sait dire stop. Juste la mise en forme de tour Eiffel qui n’apporte pas grand-chose et se révèle fort difficile à déchiffrer. Faut savoir dire stop.

Bon bref, merci à Isa pour avoir assumé le boulot de MC. La contrainte des chiffres, curieusement, a produit des narrateurs quasi centenaires, mais pourquoi pas ?
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Message  obi Jeu 8 Mai 2014 - 8:41

Sahkti: Comme Polixène j'ai eu des doutes sur l'identité de la femme. Il tue sa mère ou je n'ai rien compris? Sinon c'est glaçant à souhait. Dérangeant aussi parce que tu lui donnes la psychologie de quelqu'un de malheureux et d'affectivement en manque (d'amour maternel je suppose) alors ça cadre mal pour moi avec quelqu'un qui l'étrangle même par dépit. Il devient alors quelqu'un de très froid et calculateur et méchant. Mais je répète que je n'ai pas tout saisi. Le format était trop court pour tout expliquer(pour moi c'est souvent ce qui pose problème).

Alice: De belles expressions. Merci pour "marcescent" mais je ne comprends pas ton texte qui part dans trop de directions. C'est peut-être bête mais j'ai besoin de comprendre pour apprécier vraiment. Je crois aussi que le format était trop court.

Gobu: J'aime toujours tes jeux de mots. Peut-être parfois trop appuyés..."Mais qu'importe de jaunir quand on est chinois" était de trop vue la phrase précédente et la suivante mais pour un exercice fait en direct(et pas comme moi en retard) c'est de la haute voltige. On en reste baba! Bravo!
P.S: Pour la tour Eiffel, j'ai eu du mal avec le dessin du calligramme  Je n'ai fait que recopier la disposition d'Apollinaire (en modifiant un peu quelques mots) C'est vrai que quand c'est Gallimard et la N.R.F qui impriment ça a une autre gueule!
Polixène: Très tonique et décidée ton héroïne. Un peu maso aussi! Bref, une femme redoutable qui peut fasciner un amant sans perdre le recul sur elle-même et sa nunucherie. Ton texte a beaucoup  d'allant et de peps!

Rebecca: Je me rends compte que finalement,dans l'inspiration au moins, nos textes ne sont pas très éloignés mais le traitement et le ton sont très différents. Tu as cette capacité à donner du relief à ton écrit par l'acidité des jeux de mots. Doux-amer...et très élégant: "Rajouter un dentier, un sonotone pour que l'histoire soit moins monotone" Bravo Rebecca!

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Message  Polixène Jeu 8 Mai 2014 - 13:08

Obi, je n'avais pas laissé de mots sous ton texte, ce n'est pas un oubli mais un manque de temps;
Une belle plongée dans un monde de délicatesse et de dignité.
Pour moi non plus, le calligramme n'ajoute rien. Ton texte se lirait avec un même plaisir hors contexte exo. Chapeau.
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Exo live mercredi 30 avril 2014 à 20h30 - Page 4 Empty Re: Exo live mercredi 30 avril 2014 à 20h30

Message  Pussicat Jeu 8 Mai 2014 - 18:09

j'ai mis de côté tous vos textes, je les lirai quand j'aurai un petit temps d'insomnie...
obi : bien vu l'anagramme tour Eiffel de Apollinaire Exo live mercredi 30 avril 2014 à 20h30 - Page 4 Apolli10
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Exo live mercredi 30 avril 2014 à 20h30 - Page 4 Empty Re: Exo live mercredi 30 avril 2014 à 20h30

Message  Pussicat Jeu 8 Mai 2014 - 18:12

Gobu a écrit:
OBI : "...Juste la mise en forme de tour Eiffel qui n’apporte pas grand-chose et se révèle fort difficile à déchiffrer. Faut savoir dire stop."
Gobu ???!!!
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Exo live mercredi 30 avril 2014 à 20h30 - Page 4 Empty Re: Exo live mercredi 30 avril 2014 à 20h30

Message  Rebecca Sam 10 Mai 2014 - 5:39

Désolée de ne pas vous avoir encore tous lu et pas eu le temps de vous commenter...
Dés que j'ai une soirée où je ne m'écroule pas de fatigue à 21h après des journées passées à courir et à régler des tas de problèmes pro et familiaux je m'y colle. Là j'ai encore un week end boulot mais trop (et pas assez dodo) en prévision donc soyez patient, je ne vous oublie pas ! Mais besoin d'avoir un temps de cerveau disponible et détendu pour vous lire tranquillement ...
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