Dans l'eau de là
+6
Polixène
Jano
hi wen
minuit
So-Back
Rebecca
10 participants
Page 1 sur 1
Dans l'eau de là
Elle jeta d’abord tout espoir de retour en arrière.
Elle jeta aussi un sourire mais celui-ci revint aussitôt se poser sur ses lèvres.
Alors elle jeta un regard.
La mer était calme, étale, comme si on l’avait posée là il y a bien longtemps et que jamais, jamais elle n’eut connu le vent, l’amorce d’une tempête, la houle venue de loin, les craquements souterrains des fonds océaniques , comme si jamais ne s’y était joué le moindre drame, bateaux en perditions, pirateries, fureurs de vivre, duels de dieux belliqueux, noyades d’enfants aux yeux camaïeu ou d’adolescents orgueilleux, elle jeta un regard et la mer le prit.
Elle dégrafa sa mémoire, et comme d’une armoire mal rangée, vite refermée , son enfance tomba à terre. Quelques images, le visage de son père, de sa mère, deux ou trois énigmes, sa collection de coquillages, quelques pots de confiture, déjà le goût de la lecture. Elle fit rouler le tout vers le doux rivage.
Elle avança sur la jetée, son adolescence en bandoulière, premières amours, baisers langoureux, feux de paille, et peu de failles hormis le cœur qui défaille. Ecorces gravées, lettres enflammées, incendies sauvages, déjà le goût des voyages, elle rendit tout aux nuages.
Plus loin, elle dégrafa son corsage, elle avança dans le soleil, radieuse, à ses côtés, Dimitri, épris. Ils connurent le goût de l’aventure. Bonheurs et malheurs à la devanture , rires à gorge déployée, corps sous les caresses ployés, elle offrit à l’océan son horizon magnifié.
Quelques pas, quelques guerres, quelques enfants plus tard, quelques larmes et son corps sage pour tout bagage, immobile devant la mer, mais pas amère, elle décida qu’il était temps de lui rendre les armes comme on rend ses hommages, comme on se rend quand la vie, les décès , les décennies, vous ont forgé un paysage qui désormais vous submerge. Elle s’inclina sur la berge.
Elle jeta encore quelques mèches blondes, des souvenirs de cavalcade, des étés radieux , de longs hivers gelés, quelques histoires enjolivées, sur la jetée, ses vies rêvées, son œuvre achevée.
Grandie, son ombre pour paysage, et puisqu’il fallait bien se jeter à l’eau, elle déposa ses valises, et dans l’eau de là, elle jeta ses balises.
Elle jeta aussi un sourire mais celui-ci revint aussitôt se poser sur ses lèvres.
Alors elle jeta un regard.
La mer était calme, étale, comme si on l’avait posée là il y a bien longtemps et que jamais, jamais elle n’eut connu le vent, l’amorce d’une tempête, la houle venue de loin, les craquements souterrains des fonds océaniques , comme si jamais ne s’y était joué le moindre drame, bateaux en perditions, pirateries, fureurs de vivre, duels de dieux belliqueux, noyades d’enfants aux yeux camaïeu ou d’adolescents orgueilleux, elle jeta un regard et la mer le prit.
Elle dégrafa sa mémoire, et comme d’une armoire mal rangée, vite refermée , son enfance tomba à terre. Quelques images, le visage de son père, de sa mère, deux ou trois énigmes, sa collection de coquillages, quelques pots de confiture, déjà le goût de la lecture. Elle fit rouler le tout vers le doux rivage.
Elle avança sur la jetée, son adolescence en bandoulière, premières amours, baisers langoureux, feux de paille, et peu de failles hormis le cœur qui défaille. Ecorces gravées, lettres enflammées, incendies sauvages, déjà le goût des voyages, elle rendit tout aux nuages.
Plus loin, elle dégrafa son corsage, elle avança dans le soleil, radieuse, à ses côtés, Dimitri, épris. Ils connurent le goût de l’aventure. Bonheurs et malheurs à la devanture , rires à gorge déployée, corps sous les caresses ployés, elle offrit à l’océan son horizon magnifié.
Quelques pas, quelques guerres, quelques enfants plus tard, quelques larmes et son corps sage pour tout bagage, immobile devant la mer, mais pas amère, elle décida qu’il était temps de lui rendre les armes comme on rend ses hommages, comme on se rend quand la vie, les décès , les décennies, vous ont forgé un paysage qui désormais vous submerge. Elle s’inclina sur la berge.
Elle jeta encore quelques mèches blondes, des souvenirs de cavalcade, des étés radieux , de longs hivers gelés, quelques histoires enjolivées, sur la jetée, ses vies rêvées, son œuvre achevée.
Grandie, son ombre pour paysage, et puisqu’il fallait bien se jeter à l’eau, elle déposa ses valises, et dans l’eau de là, elle jeta ses balises.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Dans l'eau de là
belle progression de sa vie,
la description des étapes
les sentiments éprouvés
la lucidité avérée
le parti-pris d'accepter
l'envie de continuer
la vie ne s'arrête jamais il suffit de l'aimer
j'ai apprécier ce partage
la description des étapes
les sentiments éprouvés
la lucidité avérée
le parti-pris d'accepter
l'envie de continuer
la vie ne s'arrête jamais il suffit de l'aimer
j'ai apprécier ce partage
So-Back- Nombre de messages : 3652
Age : 100
Date d'inscription : 04/04/2014
Eau céans
Sans yeux
ni coeur
ni cervelle
s'inscrivent
dans la nuit du temps
ceux qui n'ont pas
souvenir d'ailes,
la portabilité du vent
mémoire
travelling
et goéland.
ni coeur
ni cervelle
s'inscrivent
dans la nuit du temps
ceux qui n'ont pas
souvenir d'ailes,
la portabilité du vent
mémoire
travelling
et goéland.
minuit- Nombre de messages : 420
Age : 65
Date d'inscription : 24/05/2014
Re: Dans l'eau de là
dans l'ennui du temps.
minuit- Nombre de messages : 420
Age : 65
Date d'inscription : 24/05/2014
Re: Dans l'eau de là
offrandes, je prends.
c'est plein de un mot pour un autre, c'est déconcertant. le résultat en est un message indéfinissable. j'comprends rien? auto-crucifixion en hommage à la mer? bon..
c'est plein de un mot pour un autre, c'est déconcertant. le résultat en est un message indéfinissable. j'comprends rien? auto-crucifixion en hommage à la mer? bon..
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: Dans l'eau de là
Une sorte de poésie en prose où vous insistez sur les jeux de mots avec une réussite inégale. Certains sont réussis, d'autres un peu tirés par les cheveux : "et peu de failles hormis le cœur qui défaille"
Il y a une atmosphère mélancolique dans ce texte je trouve, un abandon des bonheurs passés.
Il y a une atmosphère mélancolique dans ce texte je trouve, un abandon des bonheurs passés.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 54
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: Dans l'eau de là
Belle histoire qui se déballe, mais pas à vau-l'eau ! Eau de vie!
Epitaphe d'écume pour celle qui vivait sous un nom d'embruns?
Epitaphe d'écume pour celle qui vivait sous un nom d'embruns?
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
re : Dans l'eau delà
Il y a un beau sujet : aller vers le dépouillement, le moins, l'enlèvement, une essence... Mais malheureusement comme le souligne très bien Jano, trop de jeux de mots, des effets faciles. C'est dommage, car cet attirail phonétique te fait passer à côté de ton sujet. On aurait envie de plus de sincérité, simplicité, justement puisque le thème pour moi est l'élimination, la recherche d'un silence, d'un vide. Choisir une écriture rase, au couteau, aurait peut-être permis de découvrir une recherche d'être différemment. Je pense à Annie Ernaux, Charles Juliet, Philippe Jaccottet etc. Sensations, pensées, sentiments, nomination personnelle et intime du réel... Hélas ce fatras de jeux de mots obstrue une perspective à reprendre plus tard à mon avis.
Merci beaucoup pour ce bref aperçu.
Merci beaucoup pour ce bref aperçu.
Raoulraoul- Nombre de messages : 607
Age : 63
Date d'inscription : 24/06/2011
Re: Dans l'eau de là
il y avait et puis... il n'y a plus, rien, ni personne.
un beau sujet, une belle matière, un beau décor, une belle langue, mais...
peut-être, à jouer avec la langue on se la noue.
j'aime pourtant ce texte,
beau et sensible,
terriblement beau.
un beau sujet, une belle matière, un beau décor, une belle langue, mais...
peut-être, à jouer avec la langue on se la noue.
j'aime pourtant ce texte,
beau et sensible,
terriblement beau.
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Dans l'eau de là
Version bis, j'ai tenté de virer un peu de mon "attirail phonétique" :-))
La jetée
Elle jeta d’abord tout espoir de retour en arrière.
Puis un sourire mais celui-ci revint aussitôt se poser sur ses lèvres.
Alors un regard.
La mer était calme, étale, comme si on l’avait posée là il y a bien longtemps et que jamais elle n’eut connu le vent, l’amorce d’une tempête, la houle venue de loin, les craquements souterrains des fonds océaniques , comme si jamais ne s’y était joué le moindre drame, bateaux en perditions, pirateries, fureurs de vivre, duels de dieux belliqueux, noyades d’enfants aux yeux camaïeu, naufrages d’adolescents orgueilleux, la mer était calme, Léa sereine.
Elle dégrafa sa mémoire, et comme d’une armoire mal rangée, vite refermée, son enfance tomba à terre. Quelques images, le visage de son père, de sa mère, une secrète blessure, deux ou trois énigmes, sa collection de coquillages, quelques pots de confiture, le goût de la lecture . Le tout glissa vers le rivage.
Elle avança sur la jetée, son adolescence en bandoulière, premières amours, baisers langoureux, feux de paille, cœur qui défaille. Ecorces gravées, lettres enflammées, incendies sauvages, le goût des voyages. Sans nostalgie, elle jeta son bagage.
Elle progressa radieuse, sous le soleil, exactement. A ses côtés, Dimitri, épris. Bonheurs et malheurs à la devanture, rires à gorge déployée, corps sous les caresses ployés, leur goût de l’aventure, tout disparut à l’horizon.
Encore quelques pas, et quelques combats, quelques guerres, quelques joies, quelques enfants plus tard, elle s’inclina sur la berge et noya ses regrets. Et puis ses remords.
Elle jeta encore quelques mèches blondes, des souvenirs de cavalcade, des étés trop courts, de longs hivers gelés, quelques histoires enjolivées, ses souvenirs morts. Sur la jetée, couronnant le tout, on vit s’envoler ses mots, ses vies rêvées, ses amours, ses révoltes, son œuvre achevée.
Ainsi grandie, son ombre pour paysage, sous le soleil couchant, Léa, toujours souriante, enfin se jeta à l’eau.
La jetée
Elle jeta d’abord tout espoir de retour en arrière.
Puis un sourire mais celui-ci revint aussitôt se poser sur ses lèvres.
Alors un regard.
La mer était calme, étale, comme si on l’avait posée là il y a bien longtemps et que jamais elle n’eut connu le vent, l’amorce d’une tempête, la houle venue de loin, les craquements souterrains des fonds océaniques , comme si jamais ne s’y était joué le moindre drame, bateaux en perditions, pirateries, fureurs de vivre, duels de dieux belliqueux, noyades d’enfants aux yeux camaïeu, naufrages d’adolescents orgueilleux, la mer était calme, Léa sereine.
Elle dégrafa sa mémoire, et comme d’une armoire mal rangée, vite refermée, son enfance tomba à terre. Quelques images, le visage de son père, de sa mère, une secrète blessure, deux ou trois énigmes, sa collection de coquillages, quelques pots de confiture, le goût de la lecture . Le tout glissa vers le rivage.
Elle avança sur la jetée, son adolescence en bandoulière, premières amours, baisers langoureux, feux de paille, cœur qui défaille. Ecorces gravées, lettres enflammées, incendies sauvages, le goût des voyages. Sans nostalgie, elle jeta son bagage.
Elle progressa radieuse, sous le soleil, exactement. A ses côtés, Dimitri, épris. Bonheurs et malheurs à la devanture, rires à gorge déployée, corps sous les caresses ployés, leur goût de l’aventure, tout disparut à l’horizon.
Encore quelques pas, et quelques combats, quelques guerres, quelques joies, quelques enfants plus tard, elle s’inclina sur la berge et noya ses regrets. Et puis ses remords.
Elle jeta encore quelques mèches blondes, des souvenirs de cavalcade, des étés trop courts, de longs hivers gelés, quelques histoires enjolivées, ses souvenirs morts. Sur la jetée, couronnant le tout, on vit s’envoler ses mots, ses vies rêvées, ses amours, ses révoltes, son œuvre achevée.
Ainsi grandie, son ombre pour paysage, sous le soleil couchant, Léa, toujours souriante, enfin se jeta à l’eau.
Rebecca- Nombre de messages : 12502
Age : 65
Date d'inscription : 30/08/2009
Re: Dans l'eau de là
C'est Rebecca dont les entrées en eau se font avec le poids des galets et des sables. On prend ou on laisse.
Le constat demeure : la vie de lune se perd dans les dunes.
Bien dit.
Essentiellement dit.
Le constat demeure : la vie de lune se perd dans les dunes.
Bien dit.
Essentiellement dit.
Ba- Nombre de messages : 4855
Age : 71
Localisation : Promenade bleue, blanc, rouge
Date d'inscription : 08/02/2009
Re: Dans l'eau de là
La mer, surtout, toujours.
Et la mémoire dégrafée, j'aime ça.
Beaucoup.
Et la mémoire dégrafée, j'aime ça.
Beaucoup.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|