Heures,

Ici il n’y a d’heure qu’un soleil joueur. Le réveil se remonte paisible depuis des siècles, ses angles minutieusement calés vers l’oreiller, travaux d’aiguilles – branches basses des sapins, dentelles du Puy- qui en défendent l’embrasure de pierre noire

Midi est une hauteur où toucher un ciel de lait. La montagne le sait et en rit, qui reverse ses torrents. On est heureux comme l’insouciance des troupeaux, rassemblés, désassemblés

Toits de frênes, d’érables et de pierres plates, longues et parlantes. Têtes noires courant jusque sous la terre comme les nouvelles du monde, pensées sauvages et  rayons verts. Il faudrait s’arracher, là, de suite, rejoindre les herbes des prés de fauche. S’y révolter

Le soir est une stèle, elle se dresse dans la lumière du plateau. L’ombre la dissocie d’anfractuosités. Plus tard, peut-être, un glacier en dispersera les pierres et la nuit veillera sur leur identité perdue

Dans de hautes maisons, écouter le craquement des charpentes comme on entend le bois de mine prévenir qu’il est peut-être temps, que le sol est lourd de sens

en attendant qu’il n’y ait ici d’heure qu’un soleil joueur


(heures, autour de la Bergerie du Grand Crouzet)

Me plaît infiniment cette heure étale brodée de contrastes féconds.
Car le soleil aussi a ses marées.

j'aime bien cette heure,
quelques longueurs peut-être... mais le temps s'étire, s'étire...
je retiens les deux premières strophes magnifiques.
à bientôt de vous lire,