L'enfant qui cherchait la Mer

L’enfant qui cherchait la Mer


C’est un enfant appelé Invente
et demandant à l’orange
simple et ronde et posée,
dehors sur une table de bois
« - Parle-moi de l’Amour et de la Mort »

Invente et suis
le chemin creux, temps fossé
Invente et cours
temps boueux, mâché
Invente et saute talus,
griffe chemise et genoux et cherche
le bruit de la mer

Champs d’herbages mais la rumeur
champs de grains mais la rumeur
- Elle
qui te noue la pensée t’enserre les chevilles
les poignets la gorge
Brillante lourde insensible ignorante étrangère
qui te néglige puis t’étrille entre sables et galets
épuise en toi toute résistance te corrompt
t’énerve te domine t’épouse
- noces/ elle te nuit
Son chant est profond et adverse
elle t’arrache t’éprouve
elle te solde une survie contre mille révoltes naissantes
te jette aux oiseaux de mer et leurs cris
allonge ton ombre jusqu’à la dissoudre
Te nomme « Marin »
Puis s’en retourne, rasant les digues, et c’est
la nuit, et c’est rumeur.

Heureux les poissons barbus et leur roi sans serviteur

L'entrée du poème ne fonctionne pas à mon sens, elle fausse tout le reste;
Plusieurs fois j'ai lu ce texte sans ce début, et, franchement, ça devient fort.

Un peu absent ces jours-ci ...

...

Je conçois.
- c'est comme un papier cadeau en kraft, finalement, non ?

...

Ceci dit, où fais-tu se finir l'entrée et commencer le texte lui-même ?

...

Le projet était , au delà de la fraction spécifiquement marine, et que seule, je trouverais "décorative", de montrer une trajectoire, un cours, dans la suite des 4 parties.

Avec l'aboutissement vers ce qui resterait de plus enfant, de plus joueur, de ce qui était au début dans l'interrogation vaguement existentielle, au moment où le cours prend sa source, avant d'aller diluer le sel beaucoup plus loin. Là aussi deux aiguilles tournent, dans un sens inverse l'une l'autre.

Je pense que quand on travaille ce genre de montage, c'est difficile de trouver la cohérence. Peut-être ce n'est pas l'entrée qui est de trop, mais il manque une transition avant la mise en route. Je vais laisser dormir ça, pour plus tard.

...

Merci de m'aider à laisser mes textes inaboutis....

Difficile parfois de lire les textes publiés sans lire les commentaires postés, après... après sa/ses lecture/s...
Difficile de ne pas rejoindre Polixène... j'ai l'impression de lire deux, trois textes, qu'il aurait fallu, peut-être, mettre en valeur en soulignant leur liaison... or, j'ai envie de commencer à lire ce texte à partir de :  
Champs d’herbages mais la rumeur
Je trouve la première strophe un poil lourde avec ses répétitions "et"
La deuxième - anaphore Invente - où le jeu de mot prénom/verbe se veut actif, vibrant et nerveux, fonctionne (argh, quelle vilaine expression !), la liaison entre les deux strophes apparaissent.
La troisième plus sombre, lourde, heurtée, étouffante dans l'expression, voulu par la présence de : "tu" "toi" "te", rompt avec la quête entreprise au départ.
Adjectifs ? vous avez dit adjectifs ? ouah !
Brillante lourde insensible ignorante étrangère
profond et adverse
Je pousse le bouchon toM, je pense que l'utilisation abusive de ceux-ci dans le vers : Brillante lourde insensible ignorante étrangère a un sens, comme celui de peser encore et encore... chacun sa lecture.

Je lis deux textes : les deux premières strophes liées, et la troisième.
Je repasserai pour écrire un mot sur le style, la musique, la lecture...
à bientôt,

Pour répondre à ta question 'toM, je commencerais le poème à  "invente et suis", en prenant soin de virer également le titre.

Je vais tenter de m'expliquer.
titre
"L'enfant", l'enfant indéfini, l'enfant-tout-le-monde, l'enfant universel, soit; "qui cherchait" cet imparfait dans un titre renvoie à la quête, au pays mystique et fantastique de l'imaginaire, soit; "la mer" ... l'amère, la mère ?  la mer, mot-monde .
Ce qui fait un titre-programme, très alléchant, très conte. Très Rudyard Kipling. Mais très inadapté à ce texte -ou le contraire-.

Entrée du poème
"c'est un enfant" présentatif ok "appelé Invente" déjà ça se gâte , il manque les guillemets à cette appelation trop ou trop peu loufoque, trop ou trop peu enfantine, mais, soit.
Le présentatif "c'est" appelle "qui", et "demandant" m'a heurtée .
Tu nous le présentes, tu nous le donnes à voir dans une  attitude et un décor qui pour moi sonnent faux. "l'AAAmour et la MMMort", ainsi couplés, appartiennent à une imagerie d'adulte. A un souvenir de soi-même enfant, embelli par la nostalgie. Beaucoup trop pour moi  mais admettons.

La suite  comporte un problème de cohérence: si l'enfant se nomme Invente, alors tu continues le film en nous décrivant ses actions, donc Invente devient le sujet: il suit, il court, il saute...
Je ne te pense pas capable d'un contresens aussi énorme, donc c'est que tu es passé sur un autre registre. Tu es rentré en ton enfant intérieur et tu te parles en lui parlant, tu te vois en le voyant, tu nous le montres en te désignant, d'où cette ambiguité filée sur la deuxième "strophe" jusqu'à  "bruit de la mer". Admettons.

Vient ensuite le vrai propos de ce texte, l'énormité de "la rumeur", la musique de la mer; Mais voilà que le "narrateur" passe au "tu", s'adressant peut-être à lui-même, peut-être au lecteur, peut-être à son enfant intérieur, peut-être à ... peu importe. C'est vraiment puissant ce passage sur la rumeur. C'est pourquoi je pense qu'il serait mieux valorisé en enlevant l'idée de recherche/quête/aventure, en renonçant à la mièvrerie du début, et ne gardant que le côté effréné, échevelé, l'urgence de la confrontation avec LE bruit.

Ainsi dans ma vision

Invente et suis
le chemin creux, temps fossé
Invente et cours
temps boueux, mâché
Invente et saute talus,
griffe chemise et genoux et cherche
le bruit de la mer

devient le parfait prélude (humain, grotesque, habité) à cette superbe tirade sur le "bruit" de la mer... et comme les mots paraissent pauvres tout-à-coup, inaptes à décrire cette sensation d'ensevelissement sonore, la vraie drogue des "gens de mer"!

Bref, je cesse là, ce qui n'est que ma sensation, et me semble être un galimatias plus qu'un commentaire utile...(j'envoie sans relire de peur de tout effacer)
Désolée, pas la fibre littéraire ces temps-ci.

Mais que j'aime ce dernier vers!!!

Ma première lecture et première impression : le début dévoile quelque chose trop vite, je l'aurai mieux vu à la fin.
A mesure de lectures, il me semble qu'il suffirait d'enlever le premier vers et de commencer par « Et demandant à l'orange...
J'aurais aussi bien vu le dernier vers au début ou comme un prologue....

Et puis j'aimais bien la seconde version disparue.:)

http://www.vosecrits.com/t14244p600-discussions-autour-de-nos-textes#428132

Oups! Merci