La jeune fille
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La jeune fille
j’ai toujours voulu être passionné par une jeune fille
c'est à dire à la fois par ses opinions et ses battements de cils
et que ce soit toujours l'été
dans le hasard de ses paroles
toutes les choses qu'elle effleure
mettre ma tête sur ses genoux
ou l'inverse
dormir dans l'idée du confort comme font les chats
flâner avec elle pour que sans cesse
s'ouvre des terrasses au hasard du regard
puis regagner le coeur des chambres
sa chevelure ouverte comme des volets
corps balbutié des ricochets
sur la surface de l’étendue
sa peau une eau qu’on trouble
un langage ses lèvres connues
il suffit qu’elle fasse un geste
pour voir dans moi toutes les fenêtres ouvertes
y entrant l’une après l’autre
les paroles
les cigarettes
et on pourrait se dire
qu'il est l'heure de dormir
c'est à dire à la fois par ses opinions et ses battements de cils
et que ce soit toujours l'été
dans le hasard de ses paroles
toutes les choses qu'elle effleure
mettre ma tête sur ses genoux
ou l'inverse
dormir dans l'idée du confort comme font les chats
flâner avec elle pour que sans cesse
s'ouvre des terrasses au hasard du regard
puis regagner le coeur des chambres
sa chevelure ouverte comme des volets
corps balbutié des ricochets
sur la surface de l’étendue
sa peau une eau qu’on trouble
un langage ses lèvres connues
il suffit qu’elle fasse un geste
pour voir dans moi toutes les fenêtres ouvertes
y entrant l’une après l’autre
les paroles
les cigarettes
et on pourrait se dire
qu'il est l'heure de dormir
Cerval- Nombre de messages : 286
Age : 32
Date d'inscription : 09/09/2012
Re: La jeune fille
Longtemps que je n'avais lu du véritable Louis! . Certes il y a deux fois "hasard" (c'est voulu ce hasard?) mais le texte a bien fait d'être né rien que pour ce
et que ce soit toujours l'été
dans le hasard de ses paroles
Je trouve d'ailleurs que Cerval exprime profondément les filles. Il joue de la limite/fil du rasoir entre un potentiel sexisme et un profond respect amoureux quasi adolescent ou primo-amoureux. En effet un passage tel que "à la fois par ses opinions et ses battements de cils" pourrait risquer une supposée futilité féminine dès lors qu'on lirait les battements de cils comme une chose anodine, sans substance et qui contamine les "opinions" ramenant celles-ci peut-être à des paroles futiles, dénuées de sens ou d'intérêt. Mais ces battements de cils, pour moi pulsation vénusienne, trait fin dû au pinceau des Dieux, est à voir bien plutôt comme un battement de coeur, un frémissement de vie, comme l'expression (papillon) de l'éphémère de l'amour, fragile et toujours guetté par le temps, ces battements sont à percevoir comme ce regard qu'on lira plus avant, un regard qui exprime le monde, qui vaut le monde et tous ses moments, toutes ses terrasses. Le risque de la futilité est tout entier démenti, décontaminé, par ce qui suit. Cerval nous amène au plus intense, au plus profond toujours à partir de petits rien.
Il brise un risque de ridicule amoureux ou sa crainte d'une (en réalité impossible) emphase ou surcharge poétique (qui ferait "poésie bien sûr, c'est écrit-là, ça ce sent de suite") par des trébuchements d'image ou de narration : il n'est pas "passionné par une jeune fille", il "a toujours voulu être passionné par" , mêlant alors une volonté incongrue à la passion, contaminant de volonté ce qui ne peut qu'être un mouvement instinctif. L'aspect "canal St Martin" du passage central pourtant nettement plus charnel que la première strophe procède selon moi du même procédé de contamination par les petits riens : cette ardeur suggérée par une peau (la juxtaposition "sa peau une eau" fait immanquablement lire "sa peau nue eau"), associée à des frissons, des lèvres, le coeur des chambres, Cerval se plaît à nous la dédramatiser, à la banaliser, presque la désexualiser, par un côté "plan d'eau devant des promeneurs" qui s'amusent à des ricochets. Mais ôtez ce brouillage de petites choses, de petites images cache-cache et vous obtenez :
dormir
...avec elle pour que sans cesse
s'ouvrent ... au hasard du regard
puis ... le coeur des chambres
sa chevelure ouverte ...
corps balbutié ....
...surface ....étendue
sa peau nue .... trouble
une langue ses lèvres ...
Pur bonheur et j'en ai sans doute trop dit.
et que ce soit toujours l'été
dans le hasard de ses paroles
Je trouve d'ailleurs que Cerval exprime profondément les filles. Il joue de la limite/fil du rasoir entre un potentiel sexisme et un profond respect amoureux quasi adolescent ou primo-amoureux. En effet un passage tel que "à la fois par ses opinions et ses battements de cils" pourrait risquer une supposée futilité féminine dès lors qu'on lirait les battements de cils comme une chose anodine, sans substance et qui contamine les "opinions" ramenant celles-ci peut-être à des paroles futiles, dénuées de sens ou d'intérêt. Mais ces battements de cils, pour moi pulsation vénusienne, trait fin dû au pinceau des Dieux, est à voir bien plutôt comme un battement de coeur, un frémissement de vie, comme l'expression (papillon) de l'éphémère de l'amour, fragile et toujours guetté par le temps, ces battements sont à percevoir comme ce regard qu'on lira plus avant, un regard qui exprime le monde, qui vaut le monde et tous ses moments, toutes ses terrasses. Le risque de la futilité est tout entier démenti, décontaminé, par ce qui suit. Cerval nous amène au plus intense, au plus profond toujours à partir de petits rien.
Il brise un risque de ridicule amoureux ou sa crainte d'une (en réalité impossible) emphase ou surcharge poétique (qui ferait "poésie bien sûr, c'est écrit-là, ça ce sent de suite") par des trébuchements d'image ou de narration : il n'est pas "passionné par une jeune fille", il "a toujours voulu être passionné par" , mêlant alors une volonté incongrue à la passion, contaminant de volonté ce qui ne peut qu'être un mouvement instinctif. L'aspect "canal St Martin" du passage central pourtant nettement plus charnel que la première strophe procède selon moi du même procédé de contamination par les petits riens : cette ardeur suggérée par une peau (la juxtaposition "sa peau une eau" fait immanquablement lire "sa peau nue eau"), associée à des frissons, des lèvres, le coeur des chambres, Cerval se plaît à nous la dédramatiser, à la banaliser, presque la désexualiser, par un côté "plan d'eau devant des promeneurs" qui s'amusent à des ricochets. Mais ôtez ce brouillage de petites choses, de petites images cache-cache et vous obtenez :
dormir
...avec elle pour que sans cesse
s'ouvrent ... au hasard du regard
puis ... le coeur des chambres
sa chevelure ouverte ...
corps balbutié ....
...surface ....étendue
sa peau nue .... trouble
une langue ses lèvres ...
Pur bonheur et j'en ai sans doute trop dit.
teverino- Nombre de messages : 460
Age : 67
Date d'inscription : 23/05/2014
Re: La jeune fille
très bizarre accroche, longtemps je me suis couché de bonne heure, j’ai toujours voulu être passionné par une jeune fille, c' celaaa, wuiii.
l'impression d'une profonde nonchalance au milieu d'un coeur de poète, le tout bercé par un narcissisme léthal. vive la couette
l'impression d'une profonde nonchalance au milieu d'un coeur de poète, le tout bercé par un narcissisme léthal. vive la couette
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: La jeune fille
très beau poème.
le thème de l'ouverture, qui revient comme un leitmotiv (enfin ne plus être une maison fermée, enfin lire le monde comme un livre ouvert) ; d'une nouveauté perpétuelle ("et que ce soit toujours l'été/dans le hasard de ses paroles") ; la peau comme cette surface sensible et réfléchissante qui sépare deux états (j'ai lu un poète qui parlait d'une pierre "traversant la peau de l'eau")....et j'en oublie beaucoup. L'autre comme un monde à découvrir passionnément.
c'est plein de respect, et de la sensation du repos, comme si on était là où on doit aller, là où on peut enfin être.
le thème de l'ouverture, qui revient comme un leitmotiv (enfin ne plus être une maison fermée, enfin lire le monde comme un livre ouvert) ; d'une nouveauté perpétuelle ("et que ce soit toujours l'été/dans le hasard de ses paroles") ; la peau comme cette surface sensible et réfléchissante qui sépare deux états (j'ai lu un poète qui parlait d'une pierre "traversant la peau de l'eau")....et j'en oublie beaucoup. L'autre comme un monde à découvrir passionnément.
c'est plein de respect, et de la sensation du repos, comme si on était là où on doit aller, là où on peut enfin être.
Re: La jeune fille
seyne a écrit: L'autre comme un monde à découvrir passionnément.
... là où on peut enfin être.
vs etes sûr? j'ai cru lire le contraire :"pour voir dans moi toutes les fenêtres ouvertes", l'autre comme support à etre
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
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