Prière à Sainte Lucie

Gitan de bronze et d’améthyste
redonne moi la rivière
profil des générations
et donne des fruits aux enfants
qui ne savent pas la neige et ses jeux.
Les enfants tournent à la patinoire
l’étang cajole ses noyées.

Chouette aveugle médiatrice
conduis moi sur le chemin des paupières
au delà de la compassion
des poulets morts, des hommes bleus
de froid, de faim, de coups.
Sur le chemin du lézard fils de l’éclair
si fragile qu’un regard le foudroie.

Étoiles, roses, beautés autistes
sœurs muettes des équations
rendez-vous au couchant.
Le citron grince des dents
l’orange foyer de lumière
m’abreuve de douceur amère.

je ne suis pas un pro de la prière , j'aime néanmoins

conduis moi sur le chemin des paupières
au delà de la compassion

voila un chemin surement pleins d'imprévus

Sur le chemin du lézard fils de l’éclair

belle comparaison de vélocité réciproque

sœurs muettes des équations

Anne ma sœur Anne ne vois tu rien venir

La deuxième strophe et les premiers vers de la troisième sont assez exceptionnels (et exigeants). Leur rythme marche, ce qui n'est pas le cas pour moi du reste, notamment :
"qui ne savent pas la neige et ses jeux.
Les enfants tournent à la patinoire
l’étang cajole ses noyée"
Problème ici pour moi d'un vers libre qui n'a pas su assez trouver son rythme et sa musicalité. Mais le reste, exceptionnel comme je le disais, rattrape plus que bien que poème.

la compassion des poulets morts, notamment, ça me prend ; "beautés autistes" aussi, c'est magnifique, la suite fait penser aux maths ou à la physique quantique, assez proches de la poésie paraît-il.

Très beau poème, où le sens affleure sans jamais s'imposer, dans ses multiples affluents, et où se dessine à la fois une ville en hiver et une figure tutélaire, "au-delà" de la compassion.
La beauté des images se répond, dans le souffle d'un lyrisme puissant et mesuré.

...ou pour dire autrement : "À la lumière..."

de belles lignes pour la main

Merci amis lecteurs.

Oui, la lumière. Après avoir écrit le poème, je lui ai cherché un titre.
La thématique qui s'est imposée, de la lumière et du regard est représentée dans le folklore nordico-chrétien par la figure de Sainte Lucie.
Puis le ton, qui est celui de la demande, de la quête, m'a évoqué la prière.

Inutile de dire je ne suis pas touchée par la foi, sinon en des dieux, nombreux, qui ne sont pas révélés. Qu'il nous faut découvrir.

Trop de morbide et d'images de mort pour que ce texte me capte. Je ne comprends pas trop ce thème alors qu'il s'agit de la lumière, Ste Lucie fête anté-chrétienne du solstice d'hiver, à l'entrée, dans les pays nordiques, de la nuit quasi permanente. Entrée dans l'usage de la lumière fabriquée par l'homme (huile ou graisse animales) ou chant pour que les jours de lumière longgue veillent à bien faire retour, je ne sais.

Je recommande la belle chanson de Francesco De Gregori, parue en 1974 dans l'album Buffalobill - ici dans une version postérieure et légèrement plus nostalgique mais toujours avec sa belle voix riche de tonalités chaudes, à écouter ici :
Santa Lucia – di Francesco De Gregori :

Santa Lucia, per tutti quelli che hanno occhi
e gli occhi e un cuore che non basta agli occhi
e per la tranquillità di chi va per mare
e per ogni lacrima sul tuo vestito,
per chi non ha capito.

Santa Lucia per chi beve di notte
e di notte muore e di notte legge
e cade sul suo ultimo metro,
per gli amici che vanno e ritornano indietro
e hanno perduto l’anima e le ali.

Per chi vive all’incrocio dei venti
ed è bruciato vivo,
per le persone facili che non hanno dubbi mai,
per la nostra corona di stelle e di spine,
per la nostra paura del buio e della fantasia.

Santa Lucia, il violino dei poveri è una barca sfondata
e un ragazzino al secondo piano che canta,
ride e stona perchè vada lontano,
fa che gli sia dolce anche la pioggia delle scarpe,
anche la solitudine.

Plutôt une douceur qui voudrait se répandre sur les souffrances des autres. Une chanson qui dans son esprit ou ses accents rappelle le Je vous Salue Marie de Brassens