Déserte, la rue

Déserte, la rue

Déserte la rue
Calme le vent dans ses cheveux
         Déserte la rue
Mais pas comme le désert
Hérissé d’oasis de serpents de dromadaires
Et de mirages de mirages

Déserte la rue
         Bleus les nuages au miroir de ses yeux
Déserte la rue
Pas comme la plaine de l’infini
Où courent en tous sens les ombres
Fantômes de nos fantasmes

Déserte la rue
         Doux le pavé sous l’arc de son pied
Déserte la rue
Mais pas vide comme le verre qu’un gosier sec a séché
Pas vide d’un vide sans vide
Que nul ne peut emplir

Déserte la rue
        File le chat pressé entre le nu de ses chevilles
Déserte la rue
Mais pas tant que le creux au creux
De la main tendue du mendiant
Le creux au creux du fond de son ventre

Déserte la rue
        Close la grille de l’école
Déserte la rue
Pourtant d’attente frissonnante
Des rires et des cris des enfants
Et du soleil des soleils de son cœur

Gobu

est ce une description de la mort latente, du a la fin d'un cycle
un big bang again
l'absence de solutions , où la mise place de celles ci posent problèmes aux humains
désertes deviennent alors les rues

Tu commences à me connaître un peu, Gobu, et tu sais que je ne peux pas rester indifférent à ces anaphores. J'aime beaucoup ce travail sur les répétitions et leur effet hypnotique, le rythme qui s'installe comme hésitant, haché, comme celui d'un témoin qui peine à croire à ce qu'il voit. La syntaxe est à l'avenant, dans le flou, laissant le lecteur se forger ses propres lectures.
Les images que tu transmets, au fort relent d'actualité, ne peuvent pas non plus laisser indifférent mais elles sont traitées, et je le déplore, presque d'une façon convenue. Tu évites l'écueil du pathos, mais pas de très loin. L'espoir final, porté par les derniers vers, peut étonner ou décevoir ; je l'ai accueilli avec beaucoup de plaisir toutefois grâce à ton splendide "et du soleil des soleils de son cœur".

Une belle réussite. Merci.

Silence écrit

[
Bonjour Gobu,

J'espère que vous repasserez par VE partager à nouveau.
Puisque VE veut revivre, je remonte le fil des poèmes et, bavarde, je laisse une trace de mes passages.

J'aime le titre avec sa virgule.
La mise en page, soignée et de bon aloi.
Dans le texte, la virgule a disparue, laissant le lecteur lire "déserte" comme un adjectif ou un impératif.
Et j'ai aimé la série de personnages défilant dans cette rue déserte. Un constat mais aussi des espérances.
Un bien beau poème, à mes yeux.
Éclaircie

Poème aux belles images... J'aime surtout les répétitions, les anaphores, les paronomases.

Tout cela crée un effet incantatoires et l'on se laisse bercer, transporter, dans ton univers.
La mise en page est réussie, on sent le travail syntaxique.... un bon moment pour moi.