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Sensations (suite)

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Sensations (suite) Empty Sensations (suite)

Message  gaelle Mar 6 Juin 2017 - 9:22

Senteurs givrées, effluves parfumées, rire de l'aurore
Amertumes désirées, amants jetés, larmes en pétales d'or.
C'en est fini du ciel bleu qui s'abat sur ta joue, comme sur un champs de blés
C'en est fini de ta main qui monte, des jours nouveaux, révolutionnaires.
Tu peux tracer avec ta main des lignes dans l'air pur, sur la courbe des hanches.
Un fleuve de vie s'écoule entre les reins, la nuit sourde s'est enfuie au galop dans les près sauvages, verdoyants.


" Reste là mon âme, ne bouge surtout pas ", dit-elle allongée, " un froissement risquerait de t'abîmer, mon âme, mon coeur ". Elle disait cela pour que le sommeil ne tombe pas trop bas, pour que la grâce l'emporte pendant que les images se tairaient, fébriles. L'aubépine est montée haut sur les arbres, tandis que mon âme doit rester là, en paix, épouse du bleu, du ciel de l'air, droite dans ma robe bleue, je tends les mains dans l'air qui ne fait pas l'aumône. Substituer la confiance à la peur est le plus dur pour un être vivant.

0383802115. Mamie, c'est le numéro de ta chambre d'hôpital, je n'ose pas te le dire, je ne veux pas aller te voir parce que j'ai peur de te savoir morte, de voir la maladie ronger la vie, ce qu'il en reste, à petit feu. Cette peur me paralyse. C'est comme si la mort descendait dans mes entrailles et menaçait de m'engloutir avec toi. C'est comme si tous les moments passés ensemble, toi, ton sourire bienveillant, ma main sur ton épaule quand je te fais la bise, partaient en cendres, comme si tu n'avais jamais existé. Je te veux immortelle. Je ne veux pas te voir tracer dans mon être la marque de la mort, de ta disparition. Je t'en voudrais.

Troisième chapitre

La vie nous tourmente de bien des manières. Pourtant ça n'est pas faute de faire en sorte d'aimer, et d'être aimé. Il faut s'acharner à vivre et à désirer, à choisir pour ne pas subir. Le Grand Choix. Je le cherche, le grand choix qui me sortira de cette merde, qui me libèrera d'un monde contraignant, et ennuyeux ; qui me libèrera de moi-même. Celui qui veut me suivre, qu'il renonce à lui-même. Il faut renoncer à soi pour être libre. Trop dur et trop facile à la fois.
Pas envie de penser, pas envie d'une chose ou d'une autre. J'écrirai sur la ligne que tu voudras, j'effacerai l'horizon, l'intervalle entre ciel et mer, la séparation entre toute chose, l'incompréhension, la guerre, les érudits, les pauvres et les pauvres. Je suis un peintre sans couleurs, un sculpteur sans marbre. Je m'apitois sur mon sort et j'écris. Je ne fais pas de l'art. Je me promène entre les mots pour échapper au vide, à l'absence de pesanteur. Qu'elle est loin l'époque cruelle où je rêvassais pour chercher la perfection de ma vie, le métier, le vêtement idéal. Maintenant je m'en fous. J'ai compris que la perfection n'existe que pour le malheureux qui épuise son temps à la chercher où elle n'est pas, où elle ne peut être, où elle ne sera jamais. J'ai appris que les troubles maniaques correspondent à un désir de toute-puissance.
J'ai passé trop de temps à regarder le vide dans l'herbe verte, le vide dans l'espace. J'ai oublié de regarder le monde. Désintéressée, indifférente. Je voulais plaire. Je me voulais incisive, fière, distante. Brillante. Une envolée d'oiseaux sortie d'un corps de femme.
L'herbe verte hypnotise le ciel bleu-gris, les nuages ont des joues pour carresser mes rêves. Le monde est grand et je n'en ai rien vu. J'ai refusé de voir. J'ai refusé le tourisme au bord des choses. J'ai préféré me contenter des lieux. J'ai préféré épier leur beauté sournoise. J'éspérais dérober leur charme. J'étais trop occupée à me mirer pour voir. J'avais des yeux comme la galerie des Glaces, j'étais un lieu pour moi-même, une caisse de résonnance. Qu'on me mange ou qu'on me donne la liberté. Vivre pour travailler ne vaut pas le coup, ni même travailler pour vivre. Assise à côté d'une rivière, je sentais les cailloux s'enfoncer dans ma chair tendre de petite fille ( ai-je déjà été une enfant ? ), je voyais un monde dans l'eau verte et stagnante aux reflets opaques, indolores.
J'avais peur de me perdre dans ces étendues de champs, de forêts, dans le sillage inquiétant des arbres, dans leur superbe toison effeuillée par le temps. J'ai eu peur de perdre mon orgueil entre les nuances jaunes et vertes qu'apporte la lumière en perçant les branches, le silence. J'ai cru qu'une étoile, dans sa magnifique simplicité, allait me redonner confiance. J'ai balayé le ciel dans un regard et je n'ai vu qu'une toison noire au-dessus de ma tête, comme une tente géante que personne n'aurait tendu, un ventre sans contour. Ce n'était pas la foi. C'était les doutes, les incertitudes perdues au milieu du ciel, les rouages nocturnes et mystérieux du cerveau.
Pas la foi. Pas encore. Il y a trop de couleurs dans les arbres et dans le ciel, et sur notre peau, pour croire. C'est un dû. Nous et le monde. Le monde et nous. Grave tandème pour notre peu d'emprise, et notre manque de maîtrise. Chemin jaune avec du sable. Gazon, grillage, grouillement, gazouillis. Tombe penaude au milieu d'un cimetière, une rose au mileu des émeraudes, un arbre s'éveille sur la terre ; il projette ses branches comme nous projetons nos désirs, pour nous affirmer.
Je trouve dommage qu'on doive revendiquer une personnalité à travers ses vêtements. C'est pesant. C'est un espace de liberté, à petite dose. La plupart du temps je dois me forcer à ne pas m'en soucier. Mettrais-je ce débardeur blanc avec ce pantalon beige ? Ou une chemise à carreaux ? Peu importe, il s'agit juste de se vêtir. Mais la chemise me donnerait un air plus masculin, avec mes cheveux court. Si je mets le débardeur blanc je n'ai pas de style. Le style vestimentaire est un casse-tête permanent. Plus on a de vêtements moins on arrive à s'habiller.
J'imagine une scène. Il entre chez moi. Je veux lui montrer ma chambre, je lui demande de photographier ma chambre en désordre. Un désordre pareil à une montagne de choses dont on ne sait pourquoi elles sont là. Je les ai tassé. On ne sait plus où poser son pied tellement le sol est couvert de choses, surtout de vêtements. C'est la robe du sol, il faut la lui laisser. Il me regarderait avec étonnement, bien qu'il me connaisse, il regarderait ma chambre sans étonnement, parce qu'il me connait. Je lui citerais un de ses poèmes dont il ne se souvient pas, juste pour l'aimer : " Parfois le désordre exhale l'harmonie. L'hétéroclite ramène à l'unique. " Son étonnement. Je lui dirais c'est de toi. Son incompréhension dans la compréhension. Je m'accouderais et je le regarderais, une dernière fois, puis il disparaîtrait.
Il y a des personnes qui sortent de notre vie comme ils y sont entrés. Sans prévenir. Finalement je suis contente de ne pas l'avoir revu. Ma foutue poésie gâche tout. Fantasme. Il s'en fout, de ma chambre.

Mes yeux sont habitués à la nuit quand ils imaginent nos retrouvailles. Le noir m'habite profondément, pour mieux voir la lumière de ton visage. Amour de tout ce qui est nôtre, l'absolu est une rose au fond d'un verre que j'ai failli boire. Minuit sonne des douceurs infinies quand tu viens me chercher. Tu ne veux pas être mon prince, tu me l'as dis à plusieurs reprises. Je t'imagine sur un cheval blanc. Ma soif d'amour est un affront à ta volonté. Minuit viendra et notre silence sera l'enlacement des dernières minutes. La pénombrera éclairera tout : les baisers qu'on ne se donne pas, les mots en fuite dans le couloir sans issu de notre désarroi, de notre déception. Tu dis que tu es amoureux. Moi je dis que l'amour revient à la négation de l'amour. C'est comme un jeu de l'oie où il faut sans cesse revenir à la case départ. Parce que les émotions fortes n'ont pas d'issue à l'intérieur. L'immobilité est de mise dans ces moments dramatique où deux êtres comprennent que l'union les sépare davantage, qu'il y a une séparation inévitable entre deux êtres qui ne sont pas la même personne.

gaelle

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Message  gaelle Dim 23 Juil 2017 - 10:52

Je viens de m'apercevoir qu'il y a des fautes dans le texte, je m'en excuse.

gaelle

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