Il y a quelque chose de pourri

« Il y a quelque chose de pourri
Au pays des roses flétries »
Me dit mon amie Rose de Paris
Sans la moindre minauderie

« Où sont donc les vertes prairies
Où les mots chantaient tels des colibris ?
Les immenses jardins fleuris ?
Ma poésie erre, cherche un abri

Phrases clouées au pilori
Echappées d’un cerveau endolori
Folie douce à jamais tarie
Démence en vue comme piège à souris

Ma prose, mon jeu favori
Est  névrose sous ma peau équarrie
Mon vocabulaire s’appauvrit
Car la nécrose à mes mots  se nourrit

Henri mon ami de Paris
Je me prépare à la métamorphose !
Il n’est nulle fleur qu’on arrose
Dans cet EHPAD où l’on fane, meurtri

Fantômes indigents, moroses
Aux paupières en attente d’être closes
Une vaste supercherie
De sa jeunesse enfuie, nul ne guérit

Mon avenir je recompose !
La morphine et l’amitié  en symbiose
Je bois à ma santé Henri
Laisse- moi partir, s’il te plait,  souris !

J’emporte juste mes écrits
Ma muse m’attend et déjà compose
Sur ma tombe qu’on ne dépose
Ni prières , regrets, larmes ou cris »

Je te laisse partir  ma Rose
Au pays tranquille des fleurs écloses.
Il n’y a plus rien de pourri
Au pays joli des roses péries

Je sais déjà que dans mes rêveries
En périphérie des ciels gris
Dans les bras de  ta muse virtuose
Je te retrouverai, grandiose

Touchant, et plus d'un ou d'une ici doit se sentir directement concerné
Comme exercice de versification, c'est quand même longuet.

il y a quelque chose d'houri dans cet écrit
un style qui affranchit les plus aguerris
un récit sans ambages ou flirtent nuages
et la fin annoncée d'un si beau voyage


comme Annie je suis con cerné

N'est-ce pas le regret d'une âme que de connaître parfaitement son corps une fois qu'elle n'en a plus besoin pour exister vraiment? C'est un texte émouvant.

Que dire ?
Que l'auteure nous régale de son imagination, heureusement toujours débordante, sur un sujet qui nous attend tous, mais avec l'humour qu'on lui connaît, que j'apprécie beaucoup.

(côté technique : la variation sur une ou deux rimes à chaque paragraphe aurait pu être soit plus régulière (toujours -ose et i- soit plus différentes)

On se félicite que VE tente une résurrection...