Espaces courbes

Espaces courbes


des pierres, debout, ou allongées ; reposant, inactives
et le vent, par bourrasques

Il a remonté le col, pour se protéger des rafales. Il me demandera si j’ai remarqué la disposition des pierres.
- Oui. Je t’ai amené, ici.

On se tait, en considérant les lieux.
On embrasse l’endroit

J’ai dit qu’avant le vent, il y avait la poussière. Et avant que le vent n’ait emporté la poussière,
il y avait une histoire.
J’ai dit qu’avant ces pierres, debout ou allongées, il y avait des murs. Ou un campement. De la fumée, une ville, ou peut-être un pays. Des hennissements de chevaux, des voix humaines, étrangères, parfois. Des vies.

Au dessus du col je ne voyais plus guère que son front, tourné vers les pierres.
Il a dit « - une histoire… »

Maintenant nous marchons, ensemble.
Et nul ne sait qui prononcera le prochain mot.

Beau rendu de ces moments intenses en pointillés, où on échange à pas feutrés, sur la pointe des mots.
Ça me touche.

Evocation fantomatique de l'histoire, de l'Histoire ; vent, poussière et pierres, deux qui marchent ensemble et parlent (peu), avec une histoire commune.
La beauté du poème souffle dans ses vides, comme souvent.

Tu as raison, il faudrait imaginer un poème fait uniquement de silences si lourds de sens qu'on n'oserait pas les rompre :-)
Je dis :-) , mais j'imagine que ça doit être possible !!!

Tu dis ailleurs ne pas être venu depuis longtemps, tu as bien fait (de venir).
Je découvre ton écriture avec joie.
J'aime ta mise en page, ta présentation en italiques, l'intervention de ces deux personnages, la manière qu'ils ont de se fondre au décor, d'en être "poussière" parmi la poussière, l'économie de leur mots laissant place à l'histoire/l'Histoire.