Belle jeunesse

Allez, dansez, belle jeunesse !
Hissez-haut, hohoy, et yandelele et larguez les amarres surtout !

Suis-je Burt, suis-je Georges ?

Partez sans moi : ...  pas que je ne vous aime pas, que du contraire, mais je vous rejoindrai plus tard. Ces terres sont trop fertiles en apparence, trop propices et pleines de fruits, allez-y, entamez le chemin mais commencez sans moi. Je vous attends ici, je suis blessé, disons, ou je préfère vous laisser la voie ouverte, hikez, parlez, causez, partez, créez : faites des choses, nulles ou bien, je vous attends ici. N'en faites point de nulles !
Faites moi rire, faites moi rêver, décidez qui nous sommes, faites moi savamment comprendre qui je suis ; écrivez une lettre à ma mère pour lui dire que je l'aime, bientôt 30 ans que j'y pense et n'y arrive pas, vous ferez mieux que moi peut-être.

Du haut de ma branche toujours, tout me touche et je le laisse aux autres, trop égoïste ou con je ne comprends plus rien.

La plage est lisse et blanche, allez-y, je vous regarde. Des fesses en pommes et des joues qui sourient, je ne pense qu'à la mort que je guette d'un œil triste, qui me fait faire tout faux. Je n'entends rien : quelle fatigue, imaginez-vous, que chaque instant fût une mort, la mienne, qu'en échapper m'en réjouisse mais me plonge instantanément dans la crainte de la suivante, la votre. Promenez vos belles pommes, je les regarde de loin et du fond de ma barque : j'ai peur de l'eau et je te regarde ciseler l'eau de tes jambes un peu sportives mais si belles et je me dis que c'est ennuyeux d'avoir peur de l'eau, alors que tu grimpes déjà dans les rochers.
J'ai peur de ta mort autant que de la mienne.

Hirondelle coquine aux pattes trop agiles, et souple et délicieuse, laisse-moi cajoler, lécher tes mandibules,
Tes petites mandibules, tes coquines mandibules
Ma langue de varan, si loin, si proche, si double, si douce que l'on dirait que nous sommes deux ; que nous sommes deux que nous n'entendons rien à rien.

C'est dans ma tête que tout se passe, c'est donc le lot creux de ceux qui ne pensent qu'à la mort. La peur de la leur et celle plus grande encore de ceux qu'ils aiment et les fait penser faux, sans doutes.

Grimpe, escalade avec tes jolies grandes pattes, ce n'est pas comme si je m'en fichais, que du contraire : ça me fait mal de te voir grimper, mais j'aime que ceux que j'aime s'élèvent et je ne veux pourtant jamais les voir partir.

Moi, ce qui me plait ? Mary Poppins, les vieilles chansons, le temps béni où tout était tellement si simple, aimer de toutes mes forces, ne jamais réfléchir, les insultes inconnues, aimer de toutes ma force et ne pas avoir peur c'est quand j'avais seize ans. C'est avant que je sois un vieux con. Quand je croyais aux gens, quand le monde puait moins, quand je croyais en toi, que je ne savais pas le mal que faisait l'aventure, le mal que fait le trop de bien, quand je croyais en moi, j'avais mes espérances.

On ne peut plus être poli, être gêné ou timide ? Ou énervé ? Quand on est plus joli... On est poète ? Des bonnes vieilles réactions de grand-père ou de grand-mère : je les ai ! On est poète ?

Je ne suis qu'un cow-boy de salon, je ne suis qu'un crétin des relations je n'y comprends plus rien d'autre qu'un peu de réconfort et de sautilleuses jambes et la crétine usine de mon cerveau débile qui ne peut qu’espérer un peu plus de meilleur.

Ah tout serait plus simple si j'étais Mozart ou presque, ou si cette époque de crétins pouvait seulement me dire si être les même c'est s'aimer.