mouvement
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Yoni Wolf
Éclaircie
seyne
7 participants
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mouvement
des rêves de ruissellements, de choses qui rebondiraient
s’écrouleraient en très petite quantité
et dont rien ne s’accumulerait
dans les creux
pleins de graviers.
des mains dont les doigts seraient repliés
sans que l’esprit le sache
pouces cachés à l’abri des paumes.
des vierges vêtues de blanc jusqu’au cou
dont la sueur doucement imbibe
de fines étoffes de coton
secrètes.
des dentelles brunes de feuilles au bord d’une poubelle malodorante.
le fantôme de l’eau pompée par les racines d’un bosquet d’arbres
en halo transparent, en nimbe de molécules au-dessus de leurs têtes vertes.
le bruit des forêts que le sirocco pénètre et remplit
tièdes et geignant un peu comme un grand corps de bétail qu’on emmène.
la brume qui cache le rebord de l’horizon, très loin, sur la mer plate.
l’été comme une éternité qu’on retrouverait.
la soif des enfants : un verre bu d’un trait
puis un demi encore – le reste jeté dans le lavabo.
une odeur de résine une odeur de terre sèche
mêlées quand on monte en haletant entre les pins.
l’odeur, l’odeur incroyable du soir moite
quand on sort sur la terrasse au-dessus du jardin sombre.
et tout ce qui s’est décroché du temps,
tout ce qui n’existe plus que comme une fumée
tout ce qui n’aura plus jamais lieu – en été.
une branche qui s’est penchée vers l’eau
vers la mare brune traversée de lumière.
le temps penche et sa sève ralentie
commande encore quelques éclosions et mûrissements.
alors
un flux qui remonte
dans une main d’homme
sang invisible et violet, veines
sur le dos du poignet, l’éminence du pouce
appelé par la pompe du temps
encore et encore
pour tout le reste du voyage
en circuits
en arborescences
en recommencements.
et tandis que le flux remonte,
l’automne derrière la main se déplie
flux des sèves descendantes
vers les racines, l’humus noir.
s’écrouleraient en très petite quantité
et dont rien ne s’accumulerait
dans les creux
pleins de graviers.
des mains dont les doigts seraient repliés
sans que l’esprit le sache
pouces cachés à l’abri des paumes.
des vierges vêtues de blanc jusqu’au cou
dont la sueur doucement imbibe
de fines étoffes de coton
secrètes.
des dentelles brunes de feuilles au bord d’une poubelle malodorante.
le fantôme de l’eau pompée par les racines d’un bosquet d’arbres
en halo transparent, en nimbe de molécules au-dessus de leurs têtes vertes.
le bruit des forêts que le sirocco pénètre et remplit
tièdes et geignant un peu comme un grand corps de bétail qu’on emmène.
la brume qui cache le rebord de l’horizon, très loin, sur la mer plate.
l’été comme une éternité qu’on retrouverait.
la soif des enfants : un verre bu d’un trait
puis un demi encore – le reste jeté dans le lavabo.
une odeur de résine une odeur de terre sèche
mêlées quand on monte en haletant entre les pins.
l’odeur, l’odeur incroyable du soir moite
quand on sort sur la terrasse au-dessus du jardin sombre.
et tout ce qui s’est décroché du temps,
tout ce qui n’existe plus que comme une fumée
tout ce qui n’aura plus jamais lieu – en été.
une branche qui s’est penchée vers l’eau
vers la mare brune traversée de lumière.
le temps penche et sa sève ralentie
commande encore quelques éclosions et mûrissements.
alors
un flux qui remonte
dans une main d’homme
sang invisible et violet, veines
sur le dos du poignet, l’éminence du pouce
appelé par la pompe du temps
encore et encore
pour tout le reste du voyage
en circuits
en arborescences
en recommencements.
et tandis que le flux remonte,
l’automne derrière la main se déplie
flux des sèves descendantes
vers les racines, l’humus noir.
Re: mouvement
Une pépite, à mes yeux.
Ce matin, j'ai relu certaines pages de Virginia Woolf.
Ma lecture ici prolonge bien l'atmosphère, descriptive, détachée, nuancée, méticuleuse.
Un "mouvement" à la fois imperceptible, que le poète parvient à écrire, et le temps allant de l'été à l'automne.
Merci du partage.
Éclaircie
Ce matin, j'ai relu certaines pages de Virginia Woolf.
Ma lecture ici prolonge bien l'atmosphère, descriptive, détachée, nuancée, méticuleuse.
Un "mouvement" à la fois imperceptible, que le poète parvient à écrire, et le temps allant de l'été à l'automne.
Merci du partage.
Éclaircie
Re: mouvement
Une pépite, oui, c'est le mot. Je me souviens du lavabo et de la poubelle malodorante. Une justesse dans le détail, un cisèlement de l'écriture, cette main d'homme, à la fin, avec ces veines saillantes, le bruit des sèves, l'humus, la matière, la lumière, cette branche qui se penche, l'eau, ce pouce caché, bien à l'abris, au creux de la paume... putain. Que j'aime ce poème, c'est toute la quintessence de ton oeuvre poétique. Ce sens du détail, mêlé à une trame narrative, donnerait un roman magnifique. Enfin je dis ça j'dis rien.
Re: mouvement
Je dois avoir l'esprit mal tourné mais les deux derniers paragraphes m'ont fait penser à l'évocation d'un acte masturbatoire. Relisez-les avec cette image en tête et vous verrez que l'analogie n'est pas si incongrue, je suppose cependant que ce n'est pas ce que vous vouliez dire. On n'est pas toujours maître du message qu'on veut faire passer...
Sinon le découpage du poème m'a semble artificiel, histoire de faire genre. Il aurait fallu l'écrire tout simplement en prose.
Sinon le découpage du poème m'a semble artificiel, histoire de faire genre. Il aurait fallu l'écrire tout simplement en prose.
Jano- Nombre de messages : 1000
Age : 54
Date d'inscription : 06/01/2009
Re: mouvement
Je dois reconnaître que depuis que j'ai lu le commentaire de Jano ma lecture du dernier paragraphe à pris un autre sens. Mai il est parfois des interprétation qui rejoignent des projets inconscients de l'auteur. Cela dit, je ne trouve pas cette lecture dérangeante.
HELLION- Nombre de messages : 477
Age : 74
Date d'inscription : 19/08/2017
Re: mouvement
Rhôôô, Jano !!! Tu aurais l'esprit encore plus mal tourné que moi ?
coline dé- Nombre de messages : 353
Age : 24
Date d'inscription : 24/12/2019
Re: mouvement
Bonsoir à tous. Je suis frustrée de ne pouvoir répondre aussi précisément que je l’aimerais à toutes vos remarques et commentaires si intéressants, je le ferai quand je serai dans de meilleures conditions. Juste un mot sur cette main d’homme, qui bien sûr dans un poème écrit par une femme en appelle à l’émotion amoureuse. Qu’elle amène Jano, qui est un homme, à l’idée de la masturbation renvoie de façon vraiment frappante au fait que lecteur et auteur, dans leur différence, écrivent et lisent des poèmes différents.
Ce poème inspiré au départ par un texte très rapide, à la limite de l’écriture automatique, est guidé par la pensée associative, ce qui explique le conditionnel du début : ça me fait penser à...etc.
Sinon, j’ai cherché à dire la vie, avec ses fluides, ses cycles, ses ralentissements, ses arborescences et son déclin, et tout simplement ce que j’aime.
Ce poème inspiré au départ par un texte très rapide, à la limite de l’écriture automatique, est guidé par la pensée associative, ce qui explique le conditionnel du début : ça me fait penser à...etc.
Sinon, j’ai cherché à dire la vie, avec ses fluides, ses cycles, ses ralentissements, ses arborescences et son déclin, et tout simplement ce que j’aime.
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