I

v’là ke Baise ell’ revient elle est là dans ta haine
et suppure et ell’ pue kom bien pauvre sirène
kom un’ pipe un peu null’ kom koït pas gégène
kom un chuintant sournois ki parfume la chambre
ou ce poil incarné qui résiste au trépas
de koup de bite en hivers froid v’là k’Andouillette elle chavire
et soudain agrippe ton koeur ne le lâch’ pas
joue avec lui l’prend pour un kon glisse d’un pas
toujours d’un pas s’glisse vers toi et de son doigt
détruit le monde et bouff’ ta gueule et te disgrâce
te fout au trou puis te transforme en koup de grâce
te change en dieu puis en violents koups de boutoir
tu lui fais mal le ciel est d’or fait un peu froid
tout est si nul tout est normal rien n’est grandiose
et de névrose en chatte humide il n’y a k’1 pas
que tu franchis la verge triste kom les pierres
ô sombre pute ô songe affreux je désespèr' je ne m’aim' pas
te diras-tu dans peu de temps le temps de cracher kom on tait
l’est rien pour toi sur la durée mais ici-bas à l’instant T
tu komprendras k’amour est là fort k'amour est attentat
et k’il n’y a plus rien après
ke le silence des ange
la main à l’aine
ne sachant pas
ne sachant plus
ke haine est d’une douceur infernale
kan ell’ bande et fait du sale
sur les cheveux des bien-aimées

trop bizzare, je ne comprends pas
si vous voulez exprimer quelque chose, il y a manière et manière de le faire, HELLION vient d'en donner une illustration convaincante mais

"kom un chuintant sournois ki parfume la chambre"

à quoi sert de remplacer les c par des k?
et l'élision des e semble totalement arbitraire (je suis certaine que personne ne lit le e de parfume)

kom appartient sans doute à l'écriture sms, où il se justifie pour alléger les réseaux. Mais encore ?

Sans offense

J'ai beaucoup aimé jusqu'à la toute fin :


Je trouve qu'elle a un côté explicatif. J'ai aimé ce remous, cette vague d'avant en arrière, qui s'écrase sur le sable et raconte une histoire sans fin. Il y a donc du mystère, une berceuse et des attaques en plein front, les k pour les cycles de toutes les bassesses, et "tout est si nul tout est normal rien n’est grandiose" quand il s'agit de vraiment parler. Les derniers vers résument ce tiraillement, je comprends l'intérêt esthétique, presque narratif de ce procédé, mais j'ai aimé le tiraillement, moi, dans votre/ton poème, un tiraillement délicat entre deux vérités, grandiose, et l'autre pleine de contact avec les chattes humides qui font du sale, etc. Au fond, j'aurais aimé que tu ne résumes pas ce que tu avais décrit en faisant confiance à ton lecteur : suis-je clair ?

On sait déjà qu'on peut se perdre dans une conception noire, prosaïque de l'amour, réduite à une charpie sexuelle, ici tu en parles avec ta poésie (qui me touche toujours), et on se laisse aller à l'identification !

Bon dimanche,

Antoine

Yoni Wolf a écrit:
v’là ke Baise ell’ revient elle est là dans ta haine
et suppure et ell’ pue kom bien pauvre sirène
(…)

C'est de plus en plus coup de poing dans la gueule ton affaire !
Je ne viens plus, je fais d'autres choses.
Mais j'ai reçu ton texte en promo et je ne suis pas déçu.
T'es un peu trop puissant pour publier ici.
Prends mieux confiance de ta valeur et essaye de taper plus haut —je ne parle pas de l'écriture, ta patte est à a hauteur où elle doit être— je parle des lecteurs…
Tu as essayé de faire un recueil et de le proposer ?
Essaye les revues trash, punk, etc.
Il y a des centaines de revues de poésie et de textes transgressifs. Dans ce monde là, si tu trouves une porte d'entrée, tu devrais être vite accepté…faut voir, essaye.
…mais bon Dieu, échappe toi de ce purgatoire qu'est VE !
Je bosse trop en ce moment pour pouvoir correspondre sérieusement avec toi. Mais je reste très impressionné par tes textes.Tu devrais me les envoyer par mail au fur et a mesure que tu les ponds. Je te dirais ce que je ressens de temps à autre. Mais en privé ; et si tu veux.
Courage…

Et je suis bien d'accord avec toi que le K, c'est pas comme un C ;-)

Vraiment, si ce n'était pas clair, j'ai beaucoup aimé,

Antoine

Bonjour. Je vous remercie pour vos commentaires. Ce texte fait partie du recueil que je suis en train d'écrire. Narbah: j'apprécie tes encouragements, mais je ne suis pas d'accord sur un point: VE n'est pas un "purgatoire". Je suis sous contrat, j'ai déjà publié, mais je ne peux pas renier les forums de poésie, c'est grâce à ces forums que j'ai pu me faire la main, partager mon travail, recevoir des critiques, positives ou négatives, voire même me faire des amis. Et j'aime lire ici certains poètes, qui valent vraiment le détour, même si je commente peu. La poésie contemporaine est aussi sur les forums, tout comme il y a certains poètes que je suis sur facebook par exemple. Moi, je veux attenter gravement à la langue française, réveiller les morts, c'est mon but. De toute façon je ne peux pas m'arrêter, la machine est lancée, ça va saigner !

Encore merci.

Pierre

Yoni Wolf a écrit:Moi, je veux attenter gravement à la langue française, réveiller les morts, c'est mon but. De toute façon je ne peux pas m'arrêter, la machine est lancée, ça va saigner !

…alors à bientôt au rayon poésie de ma librairie,
amitié

Jand: je me rends compte que je n'ai pas du tout répondu à ton commentaire. Oui, ce tiraillement je le recherche, dans les niveaux de langues, dans cette façon de mêler amour et haine, et puis ce qui m'intéresse c'est que pour tous les lecteurs apprennent un mot ou un langage qui n'est pas dans leurs habitude. Du bourgeois au lascar. C'est ça mon but. Du coup c'est un va et viens entre pensée et images.