englouti

petit terrien dans ton cabinet
de curiosités c’est kekchose
l’enfance a laissé filer
le chien wouaff et les madeleines
maintenant tu collectionnes
les nombres et chiffres-providence
le lubrifiant pour avaler les couleuvres
la lysopaïne après pour calmer la gorge.
la foudre qui te faisait peur
menaçait l’arbre du jardin
elle s’appelle maintenant urssaf
caf, ameli (sans e), et brandit
sa menace tellurique
de disparition individuelle
de petit glissement de terre perso.

Héhé. Pas mal du tout. Voici ma version:


kekchose était là devant moi kekchose ne disait rien
mais je sentais sa présence comme madeleine rappelle marcel
kekchose avait du poil sous les bras le menton bas et l’air terrien
une bouche énorme un nez cassé les yeux bleu ciel

il faudrait mettre du lubrifiant sur les mots pour qu’ils passent mieux
kekchose pensait amour et moi je pensais ursaff
pensais cotiz et feuilles mortes je pensais taff je pensais dieu
je pensais crac je pensais boum je pensais paf je pensais wouaf

kekchose parlait fort d’oligarchie de PIB et du GRAND CAPITAL
kekchose était tellement de gauche qu’elle en devenait imprudence
avec ses kickers rouges son sac-à-dos et son sourire brutal
et ses baumes contre le mal de lysopaÏne en cocaïne en état providence

kekchose rêvait communauté projet commun révolution
voyait des barricades un grand orage l’émotion tellurique
mais dans mes yeux à moi mes yeux droitards et sans passions
kekchose manquait j’avais peur de déborder ou de finir mystique

je pensais crac je pensais boum je pensais paf je pensais wouaf
je suis ce sale clébard
galeux
mal nourri

et qui sourit quand il a soif

Ça me rappelle une chanson de Cohen :

"I left the lady meditating
On the very love whitch I do not wish to claim

I journeyed down the hundred steps
But the street is still the very same..."

Mon Dieu, ce Leonard... Quelque part j'ai l'impression de le comprendre. Très bon choix d'extrait.

englouti par ton texte, j'ai aimé

"l’enfance a laissé filer
le chien wouaff et les madeleines

ma contribution

kekchose me dit que
le lubrifiant
est la providence
un genre de madeleine
pour terriens sous camembert
quand la lysopaïne prie
pour les forces telluriques
et l’oligarchie despote
s’exclame wouaf, trop de la balle
ainsi meurt l’ursaff sentence

l'Urssaf est une oligarchie me dit la madeleine de Proust
je lui réponds de facto les terriens sous lysopaïne valent guère mieux
alors il ajoute , oui mais les forces telluriques influencent
ok lui dis je alors parlons de kekchose d'autres comme la providence
et la il crie wouaf comme une chiot pris au dépourvu
aussi dans un geste auguste je lui jette un lubrifiant pour s'exercer
sur ce je vais me coucher


kekchose à pris ses quartiers d’hiver dans un igloo
Oligarchie s’exprime sur tous les sujets à la mode
Urssaf fait son taf en sas de décompression sociale
Lysopaine, à l’élégance désuète d’une potion dans une cure thermale
Madeleine voue un culte à la condition des femmes gourmandes
Tellurique se verrai bien comme la chienlit Gaullienne
Providence a des envies coupables
Wouaf serait-il cet émigré dernière germination
Lubrifiant parade d’officines en maison closes
Terrien un mot emprunté à Mars dieu de la jungle urbaine

Chère seyne,

votre texte me fait froid dans le dos car j'ai très peur de bientôt ressembler à votre cafameliphobique (je le suis déjà un peu, et ne rigolez pas de cette condition que je m'apprête à faire reconnaître auprès des services compétents) !

D'ailleurs, vous pourriez me dire si c'est comme ça qu'on devient adulte ? Ou si vous rigoliez pour votre poème ?

J'espère que c'était une bonne blague, mais je crains que l'orage ne me fasse déjà plus peur...

Chère seyne,

votre texte me fait froid dans le dos car j'ai très peur de bientôt ressembler à votre cafameliphobique (je le suis déjà un peu, et ne rigolez pas de cette condition que je m'apprête à faire reconnaître auprès des services compétents) !

D'ailleurs, vous pourriez me dire si c'est comme ça qu'on devient adulte ? Ou si vous rigoliez pour votre poème ?

J'espère que c'était une bonne blague, mais je crains que l'orage ne me fasse déjà plus peur... que dois-je faire pour aller mieux ?

Antoine

Ah, la phobie administrative...elle m'a bien empoisonné la vie aussi.
Comment en sortir ?
D'abord ne pas être pauvre, c'est à dire menacé en permanence par la foudre, sans toit sur sa tête. Parce que là on n'est pas dans la phobie mais dans la peur, une peur légitime.

Le reste c'est du psychologique : moi, ce qui m'a à peu près guérie c'est un épisode d'immersion : quelques mois où j'ai changé de tout, de ville, de travail, de maison et où il a fallu remplir et envoyer des tonnes de paperasse, pour concrétiser ce projet qui me plaisait. J'ai découvert presque un plaisir à tout faire avec application, efficacité, continuité, bref à devenir quelqu'un d'autre...et depuis cette espèce de révulsion coupable qui me faisait tout remettre à plus tard a disparu.

Sinon, pas mal de participants ont une adresse mail sous leur "photo", c'est facile de s'écrire.

Et pour ma part j'aime bien le tutoiement sur les forums, monde à part des règles sociales.

A part ces 2 vers que je ne comprends pas
petit terrien dans ton cabinet
de curiosités c’est kekchose

c'est remarquablement décrire la situation
D'abord ne pas être pauvre
dans ce cas, l'écriture permet peut-être d'échapper à la morosité, mais ne résout rien.

j'aurais dû donner en fin de poème les dix mots imposés qui font son squelette :
Kekchose
-oligarchie
-ursaff-
lysopaïne
-madeleine
-tellurique
-providence
-wouaf
-lubrifiant
-terrien

Avec des mots pareils il faut bien lâcher la bride, et accepter quelque chose de burlesque, qui pour moi renvoie à la destinée humaine. Les premiers vers, donnaient une image de cela: chacun notre petit cagibi au contenu hétéroclite, chacun nos peurs d'allure enfantine, chacun notre manière d'accepter l'inacceptable , au jour le jour.

Chère Seyne

vous venez d'écrire " j'ai toujours un peu de mal avec l'oulipo"
mais écrire avec " les dix mots imposés" c'est une pratique dans le même esprit: s'imposer des règles pour mieux libérer son imaginaire.

je renouvelle mon admiration

Chère danie, oui, absolument, les contraintes ont un effet souvent magique pour l'inspiration, c'est à dire la liberté ; encore un paradoxe pas si incompréhensible que ça.
Non, ce qui me laisse un peu sur le bord dans l'oulipo c'est le côté formaliste, un jeu intellectuel un peu froid. Et puis souvent on sent dans les textes des références à déchiffrer, comme un jeu de piste savant. J'aime trop le lyrisme je crois pour adhérer à ce côté très réflexif, ou bien je suis paresseuse.

Mais intelligence et émotion se conjuguent toujours dans l'art, tout est question de la liaison entre les deux, et chacun a son dosage, selon son tempérament, sa pudeur.

Il fallait les poser ces mots. Pas simples car certains sont particuliers mais ça coule bien, ça raconte quelque chose et j'aime assez la vivacité que l'ensemble dégage. Sans oublier le contenu, plutôt percutant.
Toujours un plaisir de te lire seyne.