La sieste

Un peu de calme. Il est temps de s’arrêter et d’écouter. Cet enfant sur le bout du mur finit sa glissade et fournit l’image du soir. Tout le monde s’arrête pour savourer ce trouble dans l’air rose et plié. Au bout d’un moment, ils regardent d’un bout à l’autre du petit espace autour d’eux et se tripotent dans tous les sens, la gravité s’exerce comme une lourdeur « habituelle », ou plutôt, à laquelle ils se sont habitués, bien blottie, installée, qui n’épargne plus rien. Je n’ai aucune idée de ce qu’ils racontent à l’autre bout de l’arène, ils sont tristes et alertes comme les chats dans les poubelles derrière eux. Et si je me pointe comme un fantôme, et que je leur fais peur, lorsqu’ils sentiront le fouet vibrer dans leur intimité, subitement réunis par leur surprise, détroussés de l’ensemble de leurs blagues de merde, on tomberait amoureux d’eux. C’est l’Heure mais on fait mine de l’ignorer. L’Heure, l’Heure, c’est l’Heure précise du soir qui annonce l’extinction des feux, la vie veille après elle.
Je l’emmène dans les cubes dispersés de ma chambre, du cube désespoir, au cube ennui, au cube de ma sexualité, au secours d’un ami, d’une passion inventée, saisie salement, comme un steak. Je n’ai qu’une fenêtre. Derrière elle, toutes les perspectives. Quand on a honte, l'horizon est coupée d'une limite. Une toute petite queue de comète me dirait « je t’aime, » et à nouveau, les gens tous ensemble pourraient rigoler, ce ne serait plus affreux.

Bonsoir Jand,

Un texte particulièrement intrigant.
Il faut l'appréhender la tête vide, je pense.
Je lis
de la violence
du sexe
du désespoir
de l'espoir

"Quand on a honte, l'horizon est coupée d'une limite." coupée ? est-ce un coquille et ce serait "coupé"

Je lis aussi un texte immature, ou plutôt d'un être immature qui poserait tout ce qui lui pèse depuis l'enfance, presque en vrac [sauf pour l'heure qui ponctue (le vieillissement ?)]
"après l'extinction des feux, la vie veille après elle" ? Après la Vie, après l'Heure ?
Tout paraît possible dans cette prose

j'espère la comète, j'attends la comète.
(combien de temps pour l'écrire, le relire et le mettre enligne ?)




merci du partage,
éclaircie

Bonsoir Eclaircie, je profite que mon texte soit en haut pour vous répondre.
"coupée", c'est une coquille, même après plusieurs relectures, je ne l'ai pas vu ! Je suis vraiment désolé, je n'aime pas les fautes, je comprends !


"(combien de temps pour l'écrire, le relire et le mettre enligne ?)" : Je vais vous répondre, sûrement pas assez ! Je voulais apporter une petite contribution au site ce soir ! le relire et le mettre en ligne vont assez vite, quoique la relecture était insatisfaisante ! Et l'écrire : j'ai commencé en milieu d'aprem en voyant cet enfant glisser, et le voici ce soir ! Je ne fais pas d'écriture "automatique", mais j'aurais pu y consacrer plus de temps, on peut toujours !
"Je lis
de la violence
du sexe
du désespoir
de l'espoir"

Je ne dirais pas que le narrateur est violent, précisément ! Il fantasme sur sa violence, mais réellement, je le voyais seulement envieux ! Et vous avez raison pour l'espoir !


Merci d'avoir pris le temps, bonne soirée !

Antoine

Je suis gênée pour commenter car je ne comprends pas de quoi il s'agit.

c'est la sieste tu bulles tranquille

C'est un texte qui effectivement vous saisit bien loin de la rationalité et vous entraîne dans un sentiment profond, qu'on a tous vécu mais qu'on serait bien en peine de qualifier. C'est comme ce sentiment d'exil qu'on a parfois devant les autres, qui vivent.
Dans un premier temps j'ai pensé que c'était une écriture "impressionniste", avec ses taches de couleurs lumineuses et cette émotion qui baigne un moment précis du temps, unique, un spectacle devant les yeux ; mais on pourrait tout aussi bien dire "cubiste", avec ces arêtes dures, intérieures.
Tu as l'art d'amener le lecteur dans un vécu qu'il ne peut définir, mais où il vibre avec un souvenir de lui-même, avec toi sûrement. Et c'est l'art, dire ce qu'on n'arrive pas à dire, sans rien écraser de l'indicible.

Pour ce qui est de se rencontrer, j'habite bien loin de Paris, mais j'y vais parfois...voilà bien longtemps que je n'ai pas rencontré "en vrai" des gens croisés sur les forums. C'était une étonnante expérience.

C'est par là qu'on dort ?
Attendez-moi, j'arriveeeee

Ironiconirique, comme du Satie.