MARIAGE : Sur le parvis de Saint François

Le jeune Patrick était accoudé à la rambarde de fer forgé. Il regardait les mariés sur le parvis. Il voyait un homme souriant de fierté et de suffisance. La jeune femme lui semblait un peu perdue au milieu des invités lançant des poignées de riz. Sur les visages voilées au sortir de l’église Saint François, il aimait souvent à imaginer des solitudes et des fragilités comparables à la sienne. Ces inconnues l’accompagnaient de leur mystère, des jours durant.

Reflet de vitrail,
Sur ses joues empourprées,
Mariage célébré.

Cette ville était belle, il aimait ses canaux, ses ponts sur le Thiou, son lac turquoise, mais il y était seul, pensionnaire ordinaire, lycéen éloigné. Errant dans les méandres de ses ruelles, il cultivait l’intemporelle lenteur poétique qui allait faire de lui un brillant écrivain. Quelle influence aura eu sur le jeune homme cette période annécienne ? Ne peut on y voir, justement, l’apparition dans la vie de Patrick d’un temps noir et blanc d’une ville de province figée dans un après guerre qui ne l’a pas touché, ou si peu. Loin du Paris souterrain, effervescent et inquiétant, tout entier de cris et de drames larvés. Et pourtant, Paris, il aurait aimé y retourner, vivre à nouveau dans l’appartement du quai Conti, juste à l’endroit où la seine ouvre ses bras pour enlacer l’île de la cité.

Ces mois là, les journaux titraient tous sur l’arrivée de De Gaulle au pouvoir, sur les « désordres » en Algérie. Tout cela devait sembler terriblement lointain depuis Annecy. Souvent je repense à ce jeune écrivain et je me demande s’il a, un dimanche de juin, aperçu ma mère, sortant de cette église, au bras de mon père. Peut être y a-t-il un peu d’elle dans l’une de ses héroïnes féminines, bien qu’héroïne soit un mot un peu exagéré s’agissant de Modiano.


PS : juste un p'tit clin d'oeil histoire de participer tout de même malgré le manque de temps et d'inspiration ;-)

Je ne voyais pas trop où vous vouliez en venir... La fin remet les choses en place, éclaire le texte et lui donne un ton doux, plaisant.

Charles a écrit:La jeune femme lui semblait un peu perdue [...] et je me demande s’il a, un dimanche de juin, aperçu ma mère,

Pôv' ta mère.
J'espère que t'auras à coeur d'écrire le paragraphe où elle se dit qu'avoir fait un môme qui pense à elle n'était pas une vie perdue ?-)

à tchaoum a écrit:

Charles a écrit:La jeune femme lui semblait un peu perdue [...] et je me demande s’il a, un dimanche de juin, aperçu ma mère,

Pôv' ta mère.
J'espère que t'auras à coeur d'écrire le paragraphe où elle se dit qu'avoir fait un môme qui pense à elle n'était pas une vie perdue ?-)

Euh ... pas sûr d'avoir bien compris le sens de la remarque ! :-)) mais juste une remarque, le "je" ne me correspond pas, c'est juste le narrateur. Ma mère était loin d'être mariée à la fin des années 50 ... ;-)

Charles a écrit:c'est juste le narrateur.

C'est à lui qu'je cause !

à tchaoum a écrit:

Charles a écrit:c'est juste le narrateur.

C'est à lui qu'je cause !

Parfait alors, je lui transmets le message :-))))

le pont des amoureux traversant le canal du Thiou avant son abandon dans le lac à l'eau si pure, donne au lieu, le charme désuet de cette ville de province dont tu parles si bien.
Ton histoire à la nostalgie de l'endroit, pour lequel tant d'artistes ont voulu épouser les paysages alpins.

CHARLES"il aimait souvent à imaginer des solitudes et des fragilités comparables à la sienne. Ces inconnues l’accompagnaient de leur mystère, des jours durant."

La phrase qui donne le ton de ce petit bijou mélancolique et tendre comme une aquarelle. J'ai l'impression que je garderai longtemps cette image d'un jeune homme accoudé devant le spectacle d'une noce anonyme.

Nostalgie nostalgie, il y a de belles prases c'est plein de poésie, mais je sais pas si t'y étais à cent pour cent, un peu comme moi d'ailleurs. C'est un sujet le mariage... quand tout se passe bien c'est là que je sors mon pistolet.

Loin du Paris souterrain, effervescent et inquiétant, tout entier de cris et de drames larvés.

Bonjour la réputation!

pandaworks a écrit:

Loin du Paris souterrain, effervescent et inquiétant, tout entier de cris et de drames larvés.

Bonjour la réputation!

:-)))) En fait, c'était surtout en rapport avec son "enfance" à Paris. Son père avait apparement des activités pas très claires et l'emmenait avec lui dans ses lieux de trafic ...

Me manque un petit quelque chose que la chute ne comble pas (et non non, ce n'est pas parce que je n'aime pas trop Modiano :-))
On ne sait pas trop où tu veux en venir, mais en soi, ce n'est pas très grave, pas obligé d'avoir une histoire qui commence par A et se termine par Z, mais j'aurais aimé une tranche d'ambiance, une part d'émotion, une portion de désillusion, bref un petit quelque chose en plus pour épicer le tout :-)

Sahkti a écrit:Me manque un petit quelque chose que la chute ne comble pas (et non non, ce n'est pas parce que je n'aime pas trop Modiano :-))
On ne sait pas trop où tu veux en venir, mais en soi, ce n'est pas très grave, pas obligé d'avoir une histoire qui commence par A et se termine par Z, mais j'aurais aimé une tranche d'ambiance, une part d'émotion, une portion de désillusion, bref un petit quelque chose en plus pour épicer le tout :-)

A vrai dire, je ne savais pas non plus où je voulais en venir !

assez peu inspiré par la contrainte mariage et peu de temps pour y réfléchir plus d'où une fois l'idée "modiano" à Annecy trouvée, pas beaucoup de pistes pour la développer ....

J'aime l'intention, le début. La seconde partie me semble pas mal digresser, un peu trop.

Pour la fin, je m'attendais à lire "bien qu’héroïne soit un mot un peu exagéré s’agissant de ma mère", ce qui aurait pu éventuellement être une belle ouverture pour continuer le texte...

Voilà, fait sans doute un peu rapidement, mais dans un "bon esprit" à tous les sens du terme.

Ce n'est pas ce que j'ai lu de mieux de toi. Ne suis pas fan de ce texte. Mais j'ai cru comprendre que tu n'avais pas eu le temps. C'est déjà mieux que moi, je n'ai rien écrit.

On a lu d'autres choses bien meilleures de toi, certes. Le texte est écrit un peu rapidement, mais l'idée est vraiment bonne.