Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Une de perdue - 3

3 participants

Aller en bas

Une de perdue - 3 Empty Une de perdue - 3

Message  Reginelle Ven 11 Avr 2008 - 7:26

Où, pendant que la Testarossa (jaune... oui ! Jaune !) roule vers Forest Park, nous faisons un peu plus connaissance avec Grima...

*************************************



Un petit retour en arrière, pas très loin dans le passé. Quatre ans, seulement. Jusqu'à ce vol qui m'emmenait aux Etats-Unis pour la première fois. Je ne saurais dire pourquoi et comment je m'étais laissé convaincre par un ami de quitter l'armée. Peut-être parce que sa proposition survînt lors de l'un de ces moments de lassitude qui arrivent à tout un chacun.

Ces périodes de doute et de remise en question. Des interrogations du genre "Qu'est-ce que je fous encore ici… A quoi je sers… Qu'est-ce que je fiche de ma vie… "… Lors de l'un de ces écoeurements qui serrent la gorge et tordent les tripes pour trop de corps mutilés par des bombes, pour trop de cadavres gonflés de décomposition, arrachés à des eaux boueuses à l'aide de gaffes, mauvais harpons pour une macabre pêche au gros, pour trop de charniers pestilentiels, cimetières sans tombe de chairs anonymes, pour trop de regards de femmes terrorisées et d'enfants affamés. Pour trop de feu, de mort et de ruines. Pour se défaire d'une puanteur de sang qui colle aux narines au point d'en perdre le sommeil nuit après nuit.

Militaire de carrière… "carrière"… quel mot stupide ! Qui serait assez vain pour s'enrôler dans l'armée avec l'unique ambition d'y faire "carrière" ?… Et comment ? Sur un champ de bataille, face à la mort ? Alors que la première balle rencontrée, le premier affrontement au corps à corps peuvent envoyer ad patres avant même que de dire ouf ! Que s'en sortir debout et indemne, ou couché et agonisant, ne dépendent que de la précision du tireur ennemi ou de la force et de l'habileté d'un adversaire.

Etre soldat, que ce soit dans la marine, l'aviation ou l'infanterie, ce n'est pas une profession ordinaire. Non… ce n'est pas une "profession".

J'étais gamin et quelques mots entendus au cours d'un film. Je ne m'en souviens plus, du film, de l'histoire qu'il racontait, des acteurs. Sinon ces deux hommes discutant à la nuit, sur un arrière fond de bataille. Un civil et un officier. Et au premier qui dénonçait la guerre et son inanité, fustigeait l'armée et l'accusait de tous les maux qui le frappaient, lui, qui ne désirait pas davantage que "vivre tranquille du produit de sa terre et y dormir en paix", j'entends encore l'officier répondre calmement, froidement, lui désignant les silhouettes des sentinelles vigilantes autour d'eux : "Si vous, vous pouvez dormir en paix dans votre lit, c'est parce que ceux-là veillent sur votre sommeil. C'est parce que ceux-là se dressent entre vous et votre agresseur, lui font obstacle de leurs corps, tombent et meurent sous ses coups, que demain, vous, vous vivrez tranquille, cultiverez vos champs et verrez grandir vos enfants. Ces soldats, qui veillent sur les frontières sont l'ultime rempart qui préserve l'humanité de la folie des hommes".

"Ultime rempart"... Je me suis engagé dans l'armée de terre, dans les paras. Pour protéger et servir.

Et j'y ai récolté des médailles et pris du galon. Les premières pour des ennemis abattus, le second qui donne le pouvoir sur la vie de compagnons. Des actes de bravoure affichés sur le torse et l'épaule comme autant d'entailles sur la crosse d'un révolver.

Quinze années d'engagement pour combattre "la folie des hommes", et au bout, cette horrible interrogation : La combattre ou la servir ? avec la pénible sensation de n'être plus que son fossoyeur. Et au bout... ne plus savoir si oeuvrer dans l'intérêt d'une nation ou dans celui de ceux qui la gouvernent, ne plus savoir si être au service d'un peuple ou aux bottes de quelques-uns...

J'ai quitté l'armée. Ou plus exactement, je l'ai abandonnée. Car c'est bien un sentiment d'abandon que je ressens lorsque je pense à mon départ. Une désertion, la livrant ainsi sans défense aux instincts cupides d'ambitions sans scrupules.

Oui, lorsque cette offre d'association se présenta, je l'accueillis telles la réponse et l'issue que m'offrait le destin. J'avais des économies conséquentes, l'affaire me parut saine. Je l'acceptai et m'embarquai pour les US.

Six mois après avoir posé le pied sur le sol américain, la société partait en faillite, l'"ami" disparaissait corps et biens, et moi… livré aux créanciers et lessivé jusqu'à mon dernier cent.

Bien sûr, j'aurais pu rentrer en France et y reprendre du service. Mais je ne me voyais pas revenir à l'armée comme auprès d'une ancienne maîtresse délaissée pour une plus belle, la queue basse, contrit et vaincu.
Alors, je décidai de rester à New York et je m'accrochai. Mais il faut croire que je n'ai su trouver que des branches pourries. J'acceptais tous les boulots qui se présentaient, plongeur… docker… videur… n'importe quoi, jusqu'aux plus modestes. Que je ne gardais jamais longtemps. Une résistance de quelques mois que j'entretenais à coup de doses de mauvais alcool… De plus en plus d'alcool. Trop. Jusqu'à n'en plus vider que des verres dans des gargotes de plus en plus mal famées.

Entre deux jobs, je passais le plus clair de mon temps à traîner dans le West Side. Du haut des quais de l'Hudson, je confiais mes amertumes aux marées montant à l'assaut de Manhattan, et les pigeons de Central Park me distrayaient de mon ennui. Je promenais mes désillusions le long de la 7th avenue, de Harlem à la lisière du Bronx. A la nuit tombante, j'écumais les bars. J'aimais bien ceux où on pouvait jouer au billard dans des salles sombres et enfumées. Je m'installais au comptoir, commandais un verre, puis un autre… et encore un autre… et je demeurais ainsi, suivant d'un œil de plus en plus hagard des boules rouler et s'entrechoquer sur des tapis verts, dans des cercles de lumière crasseuse. Anesthésiant whisky après whisky un reste de conscience.

Elle se décline lentement la pente qui mène aux Enfers. Elle est jalonnée de chambres de plus en plus minables dans des hôtels qui n'ont d'hôtel que le nom. Jusqu'au soir où je n'ai plus eu en poche de quoi m'offrir même le plus sordide.

Cela faisait deux ans que j'étais dans cette ville.

Seulement deux ans pour me retrouver sur un trottoir de la 126th rue, un sac éculé dans une main, quelques pièces dans l'autre, avec une barbe de plusieurs jours et dans des vêtements que je n'aurais pas même offerts à un clodo.

Il y avait un pub à quelques mètres, où j'entrai avec juste de quoi payer deux ou trois verres.

C'est bizarre la vie. Les yeux noyés dans un fond de scotch, je ne pensais à rien. Juste passer le temps, retarder l'instant où il me faudrait affronter la nuit.

J'allais commander mon troisième et dernier verre quand une main se posa sur mon épaule.

- Lieutenant Grima ? Lieutenant ? C'est bien vous ?

Un coup de poing à l'estomac ne m'aurait pas sonné autant que de m'entendre ainsi interpeller par mon nom, par mon grade et en français !

Dans le miroir qui me faisait face, je voyais ma gueule de pochard, mes épaules affaissées, mes bras sur le zinc, et à côté ce grand type blond, qui me regardait intensément. Un visage qui ne m'était pas inconnu, que je situais dans le passé. Cela remontait à loin. Très loin. Dans une autre vie.

- J'en crois pas mes yeux ! Continua l'homme !

Je me tournai lentement vers lui fouillant fébrilement dans ma mémoire, comment s'appelait ce légionnaire croisé lors d'une opération quelque part en Afrique. Oui… c'était bien en Afrique. En Somalie… ou bien au Soudan. C'était au Soudan !

- Ne cherchez pas, lieutenant, me dit-il comme s'il lisait dans mes pensées, celui que vous avez rencontré autrefois n'existe plus. Ici, maintenant, je suis Daniel Miller. Et vous pouvez m'appeler Dan ! Précisa-t-il avec un clin d'œil amusé.
- C'est vrai, je suis désolé, articulai-je péniblement, mais votre nom m'échappe. Alors va pour Dan Miller ! Quant à moi, oubliez le "lieutenant", et contentez-vous de Robert… Mais, par pitié, épargnez-moi le "Bob" !

Il éclata de rire et s'accouda au comptoir tout en faisant signe au barman de nous servir "la même chose".

Mal à l'aise, j'allumai une cigarette.

- Pardon, me repris-je aussitôt en lui tendant le paquet froissé auquel il se servit.
- Je n'y crois pas encore, bafouilla-t-il tout en exhalant un nuage de fumée ! Après tout ce temps, vous trouver ici !
- Je n'en reviens pas moi-même d'être là, c'est tout dire ! Affirmai-je, sarcastique.
- Ouais… Je vois ça. Répondit-il sur un ton soudain sérieux.

Ce type s'avérait plus clairvoyant que je ne le supposais et je m'en agaçai.

- Ouais… Une mauvaise passe, ça arrive à tout le monde, reprit-il après un petit silence. Tenez, moi, lorsque nous nous sommes connus, eh bien, je n'étais pas un légionnaire comme les autres. Je veux dire, que ce n'était pas un vrai choix mais plutôt une solution.
- Une solution ?
- Ouais… Fallait absolument que je change d'air. Faut dire aussi que, à cette époque, j'étais encore un peu tête brûlée, j'aimais bien cogner. En plus j'avais vraiment envie de voir du pays. La Légion satisfaisait à tout ça alors j'ai signé pour trois ans, le temps de me faire un peu oublier, ici, à cause de… disons quelques erreurs de jeunesse.
- Ça a l'air d'aller maintenant.
- ouais… Ça roule bien… Et vous, Lieutenant ?
- Y'a plus de Lieutenant, Dan. Rien qu'un pauvre con qui s'est fait avoir par un soi-disant ami dans une affaire bidon et jusqu'au trognon !
- Ouais… ça arrive ces choses-là ! Mais y a pas eu mort d'homme, non ?
- Ouais… l'imitai-je.

Nous nous regardâmes et partîmes simultanément dans un long et tonitruant fou rire. Dans le bar, les clients, imperturbables, n'en continuèrent pas moins de se pencher sur les tables et de frapper les boules. Nul ne semblait nous prêter attention, et, en dépit de l'affluence, aucun ne se risqua à occuper le vide qui s'était nettement formé autour de Dan et moi, nous isolant dans une sorte de bulle d'intimité.

Enfin calmé, Dan essuya ses yeux larmoyants, et prenant son whisky l'éleva entre nous pour un toast silencieux. J'en fis autant de mon côté, encore secoué de spasmes joyeux, et nous éclusâmes nos verres en chœur jusqu'à la dernière goutte.

- Ah ! Que c'est bon de rire, comme ça, déclarai-je, en reprenant souffle. Ça faisait longtemps !
- Vous en voulez un autre ? Me proposa-t-il en désignant la bouteille posée près de son coude.

Oui… Elle est bizarre la vie. Très bizarre. A ce "un autre", je me vis tel que j'étais devenu. Pas une épave, non… pas encore. Aussi longtemps que je restais dans ce bar, je n'en étais pas une. Mais je savais que, aussitôt la porte franchie je ne serais plus rien. Sans argent, sans domicile, sans boulot. Rien. Et je refusai son invitation.

- Non merci, c'est assez pour ce soir, je crois.
- Ouais… Ok ! Se reprit-il aussitôt, en riant encore.

Dans le silence qui s'installa entre nous, et devant ma gravité toute reconquise, il sortit un étui plat de sa poche et me le tendit ouvert. J'en retirai un cigarillo et nous partageâmes la flamme de son briquet.

- Et maintenant ? Vous en êtes où ?

Cette question, trop directe à mon goût, m'irrita mais je m'efforçai d'y répondre avec détachement.

- Eh bien… je suis ici, en train de savourer un excellent Davidoff en bonne compagnie…
- Lieutenant !
- … et c'est un très agréable intermède dans mes emmerdes actuelles. Complétai-je à contre cœur.
- Ouais… bon… je vais faire le point pour vous. Pas de boulot, donc, je suppose pas une fortune dans vos poches. Et vous logez où ? A l'hôtel ?
- Jusqu'à ce matin… pour cette nuit, je n'ai pas encore décidé quel palace à ciel ouvert j'honorerais de ma présence.
- Ok. C'est parfait ! J'ai justement une suite qui est libre dans le mien.
- Le vôtre ? Le questionnai-je, ébahi !
- Ouais… M'assura-t-il en partant à rire de plus belle. Mais j'veux pas que vous soyez déçu, alors j'avoue que "la suite", c'est seulement une chambre, chez moi.
- Ecoutez, Dan… c'est très aimable de votre part, mais…
- Erreur, lieutenant. J'suis pas "aimable"… et j'n'ai rien d'un "bon garçon", bien au contraire. Tenez, ce bar, continua-t-il après quelques secondes d'hésitation, il est à moi…
- Et alors ?
- Alors… vous n'approuveriez pas les affaires traitées en coulisses. Ouais… Vous voyez, j'suis pas un type recommandable. La seule période "propre" de ma vie se résume en ces trois années de Légion. Et j'y ai appris aussi pas mal de choses. En particulier, qu'on ne laisse pas un compagnon d'armes dans la mouise. Alors, vous ramassez votre sac et on s'arrache d'ici !

Je ramassai mon sac.

Dan Miller résidait dans un immeuble cossu qui dressait ses façades de briques ocre et jaunes à l'angle de la 7th avenue et de la 118th rue. L'inévitable gardien veillait dans sa cage vitrée en compagnie d'un bouquin. Il leva la tête lorsque nous déboulâmes dans le hall et nous le saluâmes alors qu'il nous fixait de ses yeux ronds, étrangement muet, sans doute à cause de mon allure.

Un appartement spacieux, au luxe confortable. J'y demeurai trois semaines, le temps de faire peau neuve.

Et puis un soir Dan rentra plus souriant encore que d'ordinaire.

- Vous commencez lundi prochain à la Stacy corporation, m'annonça-t-il tout de go.
- A la… Stacy ? Répétai-je pris de court.
- Ouais… C'est une boîte d'import export qui travaille particulièrement avec l'Europe et vous y prendrez en charge le secteur "France". Ils ont un titre très ronflant pour ce poste, je suis sûr qu'il vous plaira !
- Qu'importe l'étiquette qu'ils me collent pourvu que, moi, je leur convienne !
- Ouais… Et là, c'est à vous de jouer. J'ai appris ce matin que la personne qui occupe ce job, les lâche sans plus de préavis, alors j'ai foncé. Dans le passé, je leur ai amené quelques grosses affaires, je n'ai même pas eu besoin de le leur rappeler pour qu'ils acceptent de vous prendre à l'essai.

Et ce fut ainsi que je rentrai à la Stacy corporation.

Nous mîmes à profit les quelques jours que j'avais devant moi pour organiser ma future vie. Et si avant cela Dan n'avait jamais abordé la question "argent", il insista pour m'avancer les quelques centaines de dollars nécessaires pour me constituer une garde robe décente, louer et équiper un petit appartement, et avoir un minimum de réserves devant moi. Somme que je lui remboursai scrupuleusement jusqu'au dernier cent dès les premiers salaires.

Et tout au long de ces deux dernières années, je me fis une place confortable dans cette boîte alors qu'une amitié discrète mais solide se tissait entre Dan et moi.

Nous nous retrouvions parfois dans son bar, le Bloody's, ou bien à celui du club de golf, à Forrest park. Il s'était en effet mis en tête de m'initier à ce sport. Parfois il m'entraînait pour un week-end de pêche à Montauk beach. Des rencontres espacées mais toujours appréciées.

Cela faisait maintenant trois semaines que je n'avais plus de ses nouvelles.

Il était temps que j'en prenne.
Reginelle
Reginelle

Nombre de messages : 1753
Age : 73
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008

Revenir en haut Aller en bas

Une de perdue - 3 Empty Re: Une de perdue - 3

Message  Invité Ven 11 Avr 2008 - 11:40

Grima serait-il assez naïf pour s'être fait blouser par Dan l'ancien légionnaire ? Voir ...

Cet épisode est bienvenu à ce moment du récit pour casser un peu le rythme, présenter le personnage principal et le situer... et puis un (ancien)militaire philosophe et philantrope ça ne se refuse pas !

Invité
Invité


Revenir en haut Aller en bas

Une de perdue - 3 Empty Re: Une de perdue - 3

Message  Reginelle Ven 11 Avr 2008 - 17:40

Oui... il était temps de "casser" pour éviter de "lasser"...
et il est temps aussi de faire rentrer d'autres personnages dans l'histoire... juste donner à Grima le temps de se défaire de ses menottes, d'un semblant d'organisation... et on y va...
Reginelle
Reginelle

Nombre de messages : 1753
Age : 73
Localisation : au fil de l'eau
Date d'inscription : 07/03/2008

Revenir en haut Aller en bas

Une de perdue - 3 Empty Re: Une de perdue - 3

Message  Sahkti Mar 15 Avr 2008 - 13:07

Cette introspection chez Grima permet au récit de respirer un peu, de faire une pause bienvenue dans ce rythme haletant que l'épisode 2 avait imposé.
Le retour en arrière est intéressant, même si par moments trop long ou détaillé; je pense que ça pourrait être aéré.
Le personne de Dan Miller me semble par contre un brin maladroit, pas assez abouti. Tu en traces les grandes lignes de manière un peu rapide, condensant en quelques phrases l'ensemble d'une vie et d'un mystère autour de l'honnêteté du bonhomme... dommage; mais ça complète l'histoire.
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Une de perdue - 3 Empty Re: Une de perdue - 3

Message  apoutsiak Mar 15 Avr 2008 - 19:05

.

Judicieux, en effet, de souffler un peu, et on est intéressé d'ouvrir un grand pan de voile du passé de Grima.

Plus subjectivement, je te préfère dans l'action. Je trouve les laïus moralistes sur la guerre, sur la carrière, en particulier, un peu scolaires dans la forme. Sur les trois récits, je trouve l'écriture un peu sage, manquant d'un peu de folie, tout en étant, il est vrai, très agréable.
apoutsiak
apoutsiak

Nombre de messages : 1214
Age : 63
Localisation : Chantilly - Oise - France
Date d'inscription : 18/01/2008

http://www.encyclopedie-universelle.com

Revenir en haut Aller en bas

Une de perdue - 3 Empty Re: Une de perdue - 3

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum