Exercice éphémère : Les murs ont des oreillers

J'traine une solitude ce soir... Racontez moi une histoire d'oreillers, d'oreillons, d'oreillette, d'orée du bois, dorée au soleil, de pilule,
d'abricots, de ce que vous voulez en vous inspirant d'la photo. Prose , poésie, taille, faites comme bon vous semble.

Merci à tous.

Panda.

Très courte alors parce que ma douce moitié attend d'être nourrie de plus subtentielle façon qu'avec des mots :

Pesant son poids de solitude
Un oreiller broyait sa plume,
Noire de cafard.
Un oreiller, seul, ne s'assume
Qu'en se glissant dans l'air du soir
Sur l'aile d'un rêve
D'agrumes
Ou d'abricots à bécoter
Entre les draps d'une mutine
Câline.

Merci Véliens. Et mettez m'en quelques autres pour mon petit-déjeuner.

Pas génial mais pas H.S.



des mots qui se rayent

ou : le doux sommeil
faire l’autruche sous l’oreiller



L’oreille posée sur l’oreiller
Du bout des pieds chassant la veille
J’effeuille l’amour sur mes orteils
A la folie, toujours pareil
- et j’appareille


le corps au chaud dans sa corbeille
je suis des yeux vol d’une abeille
par les persiennes perce le soleil
je lui souris baye aux corneilles
- et j’appareille


Déshabillé un rien m’égaye
Même pas besoin des fruits de la treille
d’ergots de blé ou de méteil
Je suis si bien tout m’émerveille
- et j’appareille


Je sens venir doux le sommeil
De papayer en jus de groseille
Je jongle avec des mots qui s’ rayent
Dépareillés et qui bégayent
- et j’appareille

fatigue.
grosse fatigue.
je commence par une répétition, je sais. et ben tant pis, la flemme de me surpasser, on ne sortira pas du quotidien aujourd'hui.
enfin, ce soir.
bref.
éclaircissons-nous la gorge - bien que cela ne serve à rien puisque j'écris sans mot dire, et sans jeux de maux.
bon, ok, tout va de mal en pis.. de vache! ah que d'humour en ce mercredi soir! je ris! de veau! de ville! pin! pon! d'Avignon! (aïe besoin d'aspirine là, mots de tête en overdose..)
une nouvelle fois bref.
je pose mon stylo un instant avant de voler dans les plumes de mon inspiration, qui semble friser le zéro absolu. ça me laisse froid.
je crois que je vais aller me reposer un instant, mes propres mots me donnent mal au crâne, un cérébral coup de barre m'entrave les neurones, je décode.

sommeil, prends-moi
sommeil, emmène-moi

plonge-moi dans les bras de Morphée
au son de la lyre d'Orphée
transporte-moi au pays des fées
chaussé de sandales ailées
défie le ciel et les nuages
toise les anges sans âge
survole tempêtes et orages
prends sur ton dos un enfant sage
et berce-le tout en douceur
avec tendresse sèche ses pleurs
égaye sa nuit, balaie ses peurs
écoute battre son petit coeur
puis couche-toi près de lui
protège-le de la pluie
sois son étoile et luit
en songe il te dira "merci"

Un souvenir d’enfance.
On est dans le jardin de ma résidence, sur la pelouse, devant les fenêtres du premier étage. Ma copine me demande :
- Tu préfères recevoir un kilo de plume ou un kilo de plomb sur la tête ?
- Un kilo de plume.
Grand éclat de rire de ma copine.
- C’est pareil…
- Mais non, c’est pas pareil.
Haussements d’épaules de la copine. Elle lève même les yeux au ciel. Elle m’énerve.

Plus tard, je demande (je ne sais plus à qui) :
- Tu préfères recevoir un kilo de plume ou un kilo de plomb sur la tête ?
La personne répond :
- Un kilo de plume.
J’éclate de rire :
- Mais non, c’est pareil.

Je le refais (plusieurs fois). Les enfants aiment bien la répétition.

Les mères ont des zozos réveillés :
- Fait pas de bruit, tu vas réveiller papa !
- Mais dans ce cas, on a le droit de jouer à quoi, alors ?
C'est un peu comme si le Grand Horloger faisait tourner les aiguilles à contresens, interdisant les jeux d'adulte pendant la sieste du petit.
- Au scrabble, on n'a qu'à jouer au scrabble...


Les Mir ont des cosmos rêvés :
Les cosmonautes qui s'endorment en navette, sur un coucher de terre, ils doivent rêver qu'ils se retrouvent tout nus à courir dans la rue, qu'ils se cassent la gueule dans un trou sans fond, un peu comme tout le monde ; ou que la meilleure amie de leur femme porte décidément une jupe trop courte - ceci probablement sous l'influence de Venus - ...


Les morts ont des heures ailées... :
Quand je pense à tous ces morts qu'on enterre, un couffin de satin sous la tête, même à considérer qu'ils se retrouvent à pioncer la tête entre deux nuages, je crois pas que ça les console tout à fait des siestes qu'ils ont ratées du temps où ils travaillaient.


Les murs ont des oreillers :
Encore des histoires à dormir debout...

Spécial Chef :

Les confits dansent sur l'oreiller.

C'est pourquoi l'on dit qui dore dîne.

:0)

.

Ce soir, tes désirs seront des ordres, ô Panda Géant. Que ton réveil te replonge aussitôt dans les affres de la nuit qui t'est offerte.

Et en prime... toutes les vraies fausses contraintes, bien sûr.


Noir sur Blanc


La lumière, enfin. Pour l'instant, juste un rai, mais après cette nuit interminable, quel bonheur que cette zébrure chaude et rayonnante sur ma peau. Depuis quand n'ai-je pas vu le jour ? Je ne sais pas. Un an ? Trois ans ? Enfermé dans le noir, je le sais bien, on perd petit à petit la notion du temps. Sans parler des odeurs de renfermé. De moisi. Moi qui étais propre du lundi au dimanche.

Des voix. D'abord indistinctes, au rez-de-chaussée, plus précises, ensuite, dans l'escalier. Les timbres s'éclaircissent. Une musique de tourments, pour moi, à laquelle je ne crois pas pour l'instant. Pourtant, maintenant qu'elles résonnent dans la pièce d'à côté, le doute n'est plus permis. Ils sont revenus. En maîtres. L'homme parle de grands projets. Abattre la cloison. Un home cinéma. La femme parle de jacuzzi. De salle de fitness.

Les salauds. Ils ont gagné. S'ils sont là, c'est qu'ils ont réussi. Ils le disent d'ailleurs. Ils le crient. Ils dansent. Ils chantent. Ordures ! Qu'y puis-je ? Je suis enfermé. Ce que je dis est idiot. Enfermé ou pas.

Je maudis les flics. Ceux qui se sont occupés du corps de la tante Ophélie. Des guignols. Des incapables. Tout ce temps à mitrailler au Nikon dans tous les angles. Et le légiste, avec ses prélèvements in situ. Le con, il ne s'est pas occupé de moi. Personne, d'ailleurs. Ni lui, ni les autres. Une erreur monumentale, j'en reste convaincu. Je suis persuadé que j'étais la solution. Une pauvre chose comme moi rendre un jour, un seul, le plus grand des services à la tante Ophélie, rendez-vous compte !

Il ne me reste plus qu'à me souvenir de la joie qu'elle se faisait de retrouver ma douceur. Pas comme ces petits galopins débarqués un jour de je ne sais où, et qui se sont pris à moi pendant des heures, me causant mille tortures, me souillant ensuite la nuit de leurs humeurs, otites, oreillons, je n'y connais rien. Pas comme son amant d'un jour, se dorant la pilule sur la terrasse avec moi, sous un soleil à me délaver, sur un sol salissant comme c'est pas permis. Alors que la seule fois où la douce Ophélie avait fait tomber de la confiture d'abricot sur mon satin, elle s'était précipitée à la salle de bains et était revenue avec une éponge. Après avoir vérifié que j'avais retrouvé mon teint habituel, elle m'avait mis à sécher sur un radiateur. En une heure, j'avais retrouvé mon éclat. À ce souvenir, je pleurerais bien, comme vous, mais il ne me sera jamais donné de goûter ce frisson.

Si je pouvais verser des larmes, j'en aurais versées d'avantage pour ce que ces deux petits merdeux m'ont obligé à faire. Pourquoi ne se sont-ils pas emparés de mes voisins ? Celui d'à côté, celui de dessus ou de dessous. Le hasard est cruel. Pourquoi m'avoir extirpé, moi, au beau milieu de mes semblables, et m'avoir transformé en instrument de mort ? J'ai connu l'horreur indicible du cri, inextinguible, de la pauvre femme, tout contre ma peau. Son souffle y est comme gravé. J'ai connu les postillons du bourreau, qui criait aussi, pire que dans un asile d'aliénés, sa bouche pleine de saletés. Peut-être pour se donner du courage.

C'est pour ça que j'ai parlé de l'enquête bâclée des flics. Je porte sur ma peau, j'en suis sûr, les preuves de ce crime abominable. L'homme et la femme, que dis-je, Sodome et Gomorrhe, devraient être au fond d'un trou. Au lieu de ça, pourquoi me faire si mal à l'avance ? ils se vautreront sur moi peut-être chaque jour sans que je n'y puisse rien, absolument rien. J'aurais pu être édredon. Coussin. Je n'aurais rien vu. J'aurais à peine entendu. La chambre d'amis est au bout du couloir. Le salon est en bas.

Ça y est, ils sont partis. Juste un petit tour de propriétaire, cette fois-ci. Je vais désormais haïr la lumière, je le sens, et aimer passionnément l'obscurité. Qu'elle puisse durer éternellement et que j'apprenne un jour que deux âmes, noires comme le fond des abîmes, se sont désintégrées quelque part, à plus de cent cinquante kilomètres à l'heure.

.

.

Crotte de bique : j'ai oublié "orée du bois". Je m'en veux. Si, si.

Voici deux oreiller, un blanc et un gris.
Le premier invite la tête à se poser, là. Il invite à l'abandon, au sommeil, à l'oubli. On pose au second cette question :
A quoi tu sers, au fond ?
Il est vrai qu'il se contente de gésir sur ce matelas, en petit tas de cendres.

..........................petit...... petit......petit

Je les vois.

...Ils reposent, côte à côte, sur ce lit dont ils sont les hôtes.

Je les frôle.

...L'un est doux au toucher : coton satiné.
...L'autre est tiède et glacé : peluche de luxe / ersatz d'être aimé.

Je les écoute.

Ils en savent, des choses sur les pensées secrètes les plus moroses.
Ils ont essuyé des larmes
...ont écopé des blâmes
......ont su porter des drames

Oh ! Mais attendez, que je vous dise ! Hum, c'est ça.
Et voici deux oreillers, l'un est blanc, l'autre gris.
Je pose ma tête sur le premier, étends mon bras vers le second...
.........sur le second...
............le second
Redresse-toi, corps fatigué ! Encore une fois, tu t'es laissé prendre car :
Voici un oreiller. Il est blanc.
Voici un oreiller.
Les yeux voient un coussin. Le coussin gris est petit.
Dans mon lit, un oreiller. On ne va pas toujours par paire. Parfois, un coussin peut faire l'affaire, surtout quand il s'agit d'étouffer l'Ennui. Etouffer l'Envie, au creux de la Nuit.

Voici deux oreillers, un blanc et un gris.

Pour vous servir mon brave,

Deux vieilles sont assises autour d’un énorme sac en toile de jute. C’est le soir, la pénombre à envahi la pièce, seulement éclairée par une lampe à pétrole. De toute manière l’obscurité la plus totale n’y changerait rien tant leurs gestes sont mécaniques, rodés à un exercice mille fois répété. Plongeant et replongeant les mains dans le sac, en retirant de grosses poignées de plumes blanches comme le lait, elles remplissent patiemment des housses de coton.

L’air s’emplit d’une odeur forte de café. Sur le poêle, une bouilloire hurle à s’en éventrer la panse d’acier. Une des vieilles, pas la plus grande ni la plus mince, se lève après avoir posé l’ouvrage aux pieds de sa chaise et s’affaire quelques instants. Elle revient alors s’assoir et, sans un mot, tend un gobelet bouillant à sa comparse.

Sans briser le silence, elles conversent mentalement, inventant une conversation qu’elles pourraient avoir à voix haute. Mais cela briserait le charme, la magie de l’instant.

Dans cette pièce, basse de plafond, pauvrement meublée mais investie d’une riche plénitude, deux veilles célibataires, deux vieilles filles en fait, fabriquent des coussins en rêvant aux devenirs de ceux-ci.
Celui-là, dans une chambre d’amoureux fougueux, sera serré en une douce étreinte par le corps nu d’une fille aux cheveux bruns.
Celui-ci, sur lequel, la tête d’un moribond reposera tandis que ses proches viendront lui murmurer des adieux insipides.
Ou un autre encore, qui accueillera les larmes d’un vieil homme barbu qui ressasse ses souvenirs de voyageur.
Et pour finir, celui qui hante depuis deux soirées les pensées de la veille la moins petite, celui avec lequel, cette nuit, elle en est certaine, elle étouffera son amie pour qui elle entretient en secret un amour inavouable.

Un poids bien difficile à porter, se dit-elle, que je préfère laisser le matin, m’attendre sur l’oreiller.

Allez savoir pourquoi ces deux coussins m'inspirent...


- Chef, chef, vous savez votre collègue, à L..., ils ont fini par les avoir

- Qui ça ?

- Ben, le couple de belges, vous savez Jojo Crapoussin et Julie la souris

- Ah oui, et alors

- Ben, ils ont fini par trouver où ils mettaient la daube

- Pas trop tôt, au bout de 15 ans. Alors, accouche…

- Ils la planquaient dans deux coussins, à l’arrière de leur bagnole

- Et comment ils ont fini par s’en apercevoir, à L... ?

- Ben, ils ont eu l’idée de découdre les deux boutons au milieu. Ils ont pu récupérer la poudre sans abîmer les coussins.

- Ah, ah, .beau travail de pro.… Vraiment pas bêtes, les potes…

Ô reillers, ô des espoirs !
Ô plume !

(n'importe quoi !!!!!! je me connecte 5 mn et tombe là-dessus...de sommeil sur l'oreiller bien sûr... )

Si le poids des mots prononcés me hantent jusque sur l'oreiller alors il ne sert à rien de disputer si chaque nuit l'on est contraint d'affronter le tribunal du jugement dernier.
En rêve.
Car les mûres ont des orteils.
Et les plumes de mon oreillers au contact de mes cauchemars se sont froissées.

Petits poèmes pour plumes pesantes ou audacieuses oppositions entre oreillers trop orgueilleux.

Cliquez sur l'image… La légende surprenante de celle-ci me suggère quelques réflexions :
"Signalez un contenu offensant ou obscène"

Alors oui, je dénonce cette exhibition éhontée de deux oreillers dénudés sans la moindre taie pour voiler leur anatomie joufflue. Je dénonce ces deux rotondités jumelles, vautrées sous le poids du péché, en pleine lumière.
Vous me répondez:
"On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans"
Insolence de la jeunesse qui va jusqu'à montrer les fesses de sa literie désinvolte et qui voudrait nous faire aiguiser nos plumes pour célébrer son impudeur! Non, nous ne serons pas complices de l'étalage de vos vices, jeune homme et votre âge n'est pas une excuse!
Plutôt que de couvrir votre propre fondement d'un tutu rose, Je vous recommande instamment d'aller rhabiller vos oreillers.
En un mot comme en cent:
"Cachez ces coussins que je ne saurais voir"
Tartuffette

"Signalez un contenu offensant ou obscène"...
mort de rire ^^

Ça c'est de l'éxo éphémère ! Merci à tous, ne vous gênez pas pour en remettre une couche. Je vous commenterai à la fin des haricots.

Quand on aime, on ne compte pas...

« Extrait de la Dépêche de Paris, du 1er mai 2008 »

La SNCF a porté plainte contre Madame Paulette Epanda- Multispire , née à Savigny sur Orge, le 1/04/1958. Cette femme de 50 ans était enceinte depuis 20 ans !

Pour pouvoir trouver place assise aux heures de pointe dans le métro parisien, elle avait trouvé l’astuce de placer deux coussins sous sa robe pour simuler une grossesse. Ainsi, cette banlieusarde sans scrupule utilisait un statut de femme enceinte en arborant sa bedaine ostensiblement, afin de faire lever des voyageurs assis pour prendre leur place.

C’est un fin observateur qui voyageait sur la même ligne qu’elle depuis plusieurs années qui a débusqué son manège, étonné qu’elle ne désenflât jamais. Il a prévenu les vigiles qui ont découvert les deux coussins maintenus par une ceinture.

A la question du policier « Pourquoi deux petits coussins et pas un gros ? », cette quinquagénaire aurait répondu, paraît-il, d’un air goguenard : « Et pourquoi pas deux ? ».

Un grand merci pour vos textes, qui rivalisent en qualité, partis de rien ou presque. Vive Ve et Vive Vous !
Et la chansonnette de Ph qui me trotte dans la tête:
- et j'appareille. merci. :-)

Les murs ont des oreillers
plus personne ne veut écouter;
Les murs ont des oreillers
et le silence pour se reposer.

Un cri a résonné
par la vie vite étouffé;
Un cri a résonné
en mur vite transformé.

Les murs ont des oreillers
au moins on peut s'y accoter;
Les murs ont des oreillers
pratique pour s'y aimer.

aprés relecture, bof... par rapport à ce que j'ai écrit