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Émile

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Jonjon
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Message  Jonjon Jeu 9 Fév 2006 - 17:59

Il était assis par terre, comme un enfant, à deux pas de son lit, les jambes croisées, le dos courbé, la tête penchée vers ses bras tout maigres, vers ses frêles mains qui tenaient quelque chose, un petit objet auquel je ne portai tout d'abord pas attention. Je crus que le pauvre homme était tombé en allant pisser et que, trop faible pour se relever, il avait attendu que quelqu'un vienne. Depuis combien de temps attendait-il ? Je m'approchai de lui et tentai de l'aider, mais il me repoussa faiblement en marmonnant des paroles incompréhensibles.
- Que faites-vous là, Monsieur Anderson ? demandais-je doucement. Êtes-vous tombé ? Vous êtes-vous cassé un membre ? Mais répondez, dites quelque chose...
Il me lança un regard noyé de larmes, dans lequel se mêlaient regrets et reproches. J'avais vu ce regard des dizaines de fois, au moins, chez d'autres de ses co-résidents qui, à la fin de leur vie, se détournaient de la mort en pleurant amèrement leur passé et en blâmant les jeunes générations pour toute leur souffrance.
- Tais-toi, pauvre enfant, me dit-il dans un long soupir, et laisse-moi réfléchir un peu.
- Vous ne pouvez pas rester ici, répliquais-je. Le plancher est si froid que vous vous rendrez malade.
- N'as-tu pas d'autres croulants à soigner ? Laisse-moi seul, je t'en prie, quelques minutes, le temps de bien me souvenir de tout.
Dans le sentiment d’impuissance qui me gagnait, je trouvai suffisamment de courage pour m’asseoir auprès du vieillard. Je me rappelai alors la fiche d’information détaillée que j’avais reçue à son sujet. Il s’appelait Émile Delaume, était né en octobre 1929, en plein coeur de la crise économique, d’un père gendarme et d’une mère secrétaire médicale, puis avait toujours vécu à Sainte-Acarie, village qu’il n’avait quitté que pour s’installer à la maison de retraite Bael-Roi où il mourrait selon toute probabilité. Il avait épousé en 51 Madeleine Poulin, fille de fermiers, qui donna naissance, entre 52 et 55, à trois garçons qui furent tous tués dans un violent accident de la route en Californie au milieu des années 70. Émile, qui occupait alors un poste important au sein d’une entreprise de textile, se retira, écrasé par le deuil de la mort de ses trois fils. Puis Madeleine mourut à son tour, au début des années 80, de causes naturelles vraisemblablement, abandonnant derrière elle un homme désormais sans famille et sans emploi. Émile pratiqua plusieurs métiers jusqu’au début des années 90 où il prit finalement sa retraite, épuisé. Il vécut seul chez lui pendant trois ans avant d’être amené ici de force par d’anciens collègues qui le voyaient perdre de plus en plus son autonomie. J'étais l'un des préposés du deuxième étage de Bael-Roi depuis la même année que son arrivée ici. Il était d'ailleurs le seul de cette année-là encore vivant.
Il tenait dans le creux de sa main, je le voyais maintenant, un vulgaire sous noir, un penny américain, comme j'en avais vu souvent. Pourtant, il semblait captivé par lui, comme s'il s'agissait d'un précieux trésor auquel, visiblement, il rattachait de nombreux souvenirs.
- J'ai tué l'homme à qui cela appartenait, chuchota-t-il.
- Que dites-vous ?
- C'était à la fin des années 50. Madeleine et moi avions de la difficulté à rembourser nos emprunts à nos créanciers. Je n'étais encore qu'un simple employé de bas niveau chez Fiber Inc. et Madeleine devait rester à la maison pour s'occuper du jeune dernier qui n'allait pas encore à l'école. Nous avions tenté de trouver une solution, mais nous accumulions les dettes à une telle vitesse que je ne parvenais même plus à rembourser les intérêts. Puis je me suis lié d'amitié avec des gens pas très honnêtes.
- Quel genre de gens ?
- Des voyous, des minables qui défiaient la loi et l'autorité pour le plaisir, qui se croyaient supérieurs au reste du monde. Une petite pègre de chemins de travers qui volaient, fraudaient, marchandaient armes et drogue. Mais une bande qui avait du fric. Qui savait surtout comment m'en faire gagner. Un jour que j'étais avec eux, ils m'ont fait une proposition.
- Êtes-vous certain de vouloir me raconter ça ?
Il poursuivit sans me répondre.
- Ils avaient entendu dire qu’un Américain, un certain John Andrew Turner, serait en visite à Sainte-Acarie la semaine suivante pour acheter Fiber Inc. Un milliardaire, qu'ils me racontaient, bien vêtu et les poches toujours pleines de billets. Ils eurent l’idée de le surprendre, en groupe, eux et moi, cagoulés, pistolets à la main, et de lui voler son portefeuille. Sans en parler à Madeleine, évidemment, j’ai accepté et me suis soumis à leur plan. J’étais désespéré, tu comprends, je n’avais pas d’autre solution. Si je ne rapportais pas un peu d’argent chez moi, nous crèverions de faim. Alors nous avons attendu patiemment dans le stationnement de l’usine, cachés pendant presque deux heures, jusqu’à ce qu’il sorte finalement. Et là les choses ont mal tournées.
J’étais à présent suspendu à ses lèvres et me foutais bien qu’il fut assis par terre ou sur le lit.
- Turner a refusé de rendre l’argent, nous traitant de petits merdeux, menaçant de nous faire mettre en prison si on approchait. Il ne paraissait aucunement affecté par les cinq canons pointés sur lui. Plus le temps passait et plus je devenais nerveux. Quelqu’un pouvait arriver à tout moment, appeler les frics et alors là, derrière les barreaux, je perdrais Madeleine à tout jamais. C’est alors qu’il a fait un pas vers moi, comme s’il voulait m’arracher mon arme. J’ai fait feu. Turner a essayé de s’accrocher à moi, mais son corps a basculé vers l’arrière et il est mort. Mes quatre complices s’enfuirent en courant. Et moi, comme un lâche, j’ai fouillé dans ses poches pour lui prendre son fric. Et tu sais ce que j’y ai trouvé ? Un vulgaire sous noir.
- Vous avez fait de la prison ?
- Non. Je me suis enfui à mon tour et on ne m’a jamais retrouvé.
- On ne vous a jamais puni pour votre crime ?
- Tu ne vas quand même pas aller me dénoncer à la police, presque cinquante ans plus tard ?
- Vous avez tué un homme.
- Et je vais mourir bientôt moi aussi. J’ai toujours caché mon secret à Madeleine, mais il n’y a pas une seule journée où je ne regrettais pas mon geste. Même après sa mort.
Je ne pouvais taire une telle chose. C’était d’un meurtre dont il me parlait. Je voulus me lever, mais Émile s’accrocha à moi.
- Non! Reste ici!
- Lâchez-moi!
Je me dégageai facilement de lui et il s’effondra sur le sol. Il sanglotait.
- T’as pas le droit de faire ça! Petit con! T’as pas le droit! Je t’ai fait confiance! Reviens!
À chaque cri, je sentais ma gorge se nouer, des larmes me brûler les yeux. Mais je sortis quand même en verrouillant derrière moi la chambre d’Émile
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Message  Jonjon Jeu 9 Fév 2006 - 18:02

évidemment, on appelle les FLICS, pas les FRICS. ;-P
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Message  mentor Jeu 9 Fév 2006 - 22:28

Pas très gai jonjon... Où voulais-tu en venir exactement? Il y a une morale? un message? A part que c'est bien écrit, précis, construit, pas ennuyeux à lire, je reste dubitatif. Interrogateur sur ta démarche, voilà. Je ne peux guère en dire plus...

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Message  Jonjon Jeu 9 Fév 2006 - 22:52

bof. je devais écrire une histoire à propos d'un sous noir.
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Message  mentor Ven 10 Fév 2006 - 9:17

jonjon21 a écrit:bof. je devais écrire une histoire à propos d'un sous noir.
ah ben voilà! Y avait une contrainte! C'est pour ça que je ne sentais pas vraiment que tu te sortais ça des tripes, tu comprends?! ;-)
Et un sou est un sou, et plusieurs sous c'est mieux qu'un seul sou.
Tu le feras plus celle-là svp?! :-)))

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Message  Invité Ven 10 Fév 2006 - 21:33

J'ai trouvé ça un peu rocambolesque. Comme quoi les petits vieux à la maison de retraite, ils ont vécu des trucs qu'on imagine même pas ;o)))
Ce que je n'ai pas aimé c'est le coup du soignant qui va tout raconter. Ce n'est pas crédible car interdit.

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Message  Giny Ven 10 Fév 2006 - 21:51

Bon, je le dis franchement: j'ai pas accroché. C'est trop plat, je trouve, il n'y a pas vraiment de style affirmé, c'est plutôt une suite monotone de faits, de dates et d'actions molles.Aucune émotion ne se dégage particulièrement, c'est ça qui m'a gêné en fait.
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Message  Jonjon Sam 11 Fév 2006 - 3:33

Lileene a écrit:J'ai trouvé ça un peu rocambolesque. Comme quoi les petits vieux à la maison de retraite, ils ont vécu des trucs qu'on imagine même pas ;o)))
Ce que je n'ai pas aimé c'est le coup du soignant qui va tout raconter. Ce n'est pas crédible car interdit.

C'est interdit? Je ne crois pas que le personnel des maisons de retraite soient sous le secret professionel. En tout cas, pas ici...
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Message  Krystelle Lun 13 Fév 2006 - 12:19

Jonjon je ne suis pas emballée par ce texte et a priori tu ne l’étais pas tellement par le sujet :
bof. je devais écrire une histoire à propos d'un sous noir.
L’histoire est racontée d’une manière claire et assez agréable mais je trouve certaines formules maladroites (ou peut-être sont-ce des tournures très usitées au Québec !:)), j'en cite ici quelques unes:
"Émile pratiqua plusieurs métiers"
"mourut à son tour, au début des années 80, de causes naturelles"
"et me suis soumis à leur plan".
"J’ai toujours caché mon secret à Madeleine, mais il n’y a pas une seule journée où je ne regrettais pas mon geste"

D’autres passages sonnent un peu faux, notamment lorsque tu introduis ainsi la biographie d’Emilie : « Je me rappelai alors la fiche d’information détaillée que j’avais reçue à son sujet »; ce qui suit ne s'apparente pas vraiment au souvenir d’une fiche… Et puis des phrases telles que celles-ci « Vous êtes-vous cassé un membre ? » ne me semblent pas très naturelles à l'oral.
Voilà, je pense que tout cela m’aurait moins frappée si la narration avait eu une trame forte et prenante mais ce n’est pas réellement le cas.

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Message  Sahkti Lun 20 Fév 2006 - 11:22

Vous êtes-vous cassé un membre?: qui s'exprime comme cela?!

Suis restée complètement en dehors Jonjon. D'abord à cause du style que tu emploies, une langue d'un autre temps, éculée, ampoulée, rien de vivant, tout cela est trop académique et figé.
Ensuite parce que ton histoire est trop hachée. Le petit vieux il raconte, mais rien n'est fluide, il y a trop de cassures.
Pour ce qui est de la fin, c'est une question de choix: ne rien dire ou alors jouer les mouchards merdeux. Perso, l'histoire aurait été plus belle si le secret avait été emporté en même temps que le petit vieux qui serait mort peu de temps après de chagrin et de remords. Mais là, ça tombe presque à plat en fait. Ce n'est même pas de la révolte que je ressens, c'est un sentiment d'inachevé, dans l'écriture du texte et dans l'histoire.
Tu semblais pas très inspiré hein?
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Message  Lyra will Mar 28 Fév 2006 - 13:36

pratiquer un métier, ça se dit ça ? :0)

Pas trop aimé ce texte Jonjon, je vais répéter les commentaires sans doute, mais je l'ai trouvé plat, et puis la fin est trés étrange, l'aide soignant qui va tout raconter, où il aurait fallu lui donner une personnalité, de la profondeur, que l'on comprenne mieux son choix ! Pas assez d'émotion non plus, ça chamboule pas, j'ai lu qu'il l'avait tué comme j'aurais lu qu'il avait mangé des pâtes, sans grand intérêt. Pourtant la situation est plutôt original, à retraiter peut-être.
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