Rahan : Lucy

Cette histoire s'est déroulée il y a trois millions d'années, dans les âges dits farouches. Depuis quelques générations, les hommes venaient de découvrir la station debout, posture qui leur permettait de se nourrir plus facilement. Attraper plus facilement les fruits sur les hautes branches, la course à pied pour chasser plus aisément l'antilope. Un brin misogyne, les scénaristes de cette histoire préhistorique n'avaient prévu qu'un héros, nommé Rahan, valeureux et doté d'un esprit particulièrement inventif. De lui, on savait juste qu'il était le fils de Crao. Cet homme vigoureux a vécu maintes et maintes péripéties au cœur de sa savane natale. Des matchs acharnés de peau de bête ronde* avec ses amis; des aventures très chasse, très pêche contre la faune locale n'ont pas épuisé sa soif de découvertes. A vrai dire, Rahan avait soif de nouvelles découvertes et le paysage, qui s'offrait devant ses yeux, ne lui suffisait plus.

Un beau jour il partit donc vers l'Est, vers la Grande Vallée**, là où, dit-on, étaient nés ses ancêtres. Il cherchait quelque chose de précis mais ne savait pas dire quoi. Sensation bizarre. Il savait juste qu'il devait y aller maintenant, Ne pas regarder en arrière. Prendre tous les risques. Guidés par les étoiles la nuit et le soleil le jour, il avançait, imperturbable. Il traversa des forêts dangereuses et touffues, des plaines dans lesquelles l'horizon semblait inaccessible, des déserts où la fatigue et la soif le tenaillaient. Fourbu, il arriva enfin à destination. En dessous de lui s'étendait la Grande Vallée, avec des forêts luxuriantes et une rivière chatoyante qui s'écoulait paisible. Epuisé par la longue marche, il décida de gagner la rivière pour se rafraîchir et se désaltérer. Il progressait péniblement dans la forêt. Ses pieds nus et écorchés le faisaient atrocement souffrir. Courage! L'orée du bois était proche.

Il entendit du bruit qui venait de la rivière. Un mélange de borborygmes qui résonnait à ses oreilles comme une douce mélopée. Un chant aussi beau que touchant. Rahan se cacha au milieu de quelque fourré, cachette de fortune et observa la zone de laquelle provenait la mélodie. Devant lui, dans la rivière, il la vit. Une vraie beauté préhistorique. Rahan sentit que c'était pour elle et pour la mystérieuse sensation, qui irradiait en lui, qu'il avait traversé tous les obstacles. Pour cette femme doté d'un visage encore simiesque et d'un corps couvert d'une abondante toison. Que voulez-vous? Rahan les appréciait poilues! Il n'en pouvait plus de la regarder s'ébattre dans l'eau fraîche.

Soudain, Rahan entraperçut une ombre sombre et gigantesque, progressant sous la surface des flots. Elle se dirigeait subrepticement vers la jeune femme insouciante. L'ombre sortit ensuite des flots. C'était un serpent de rivière manifestement affamé. La jeune fille n'eut pas le temps de se retourner que les crocs impressionnants du monstre aquatique fondait déjà sur elle. Mais c'était sans compter sur la témérité de Rahan, mais aussi et surtout sur son fidèle arc à flèches qu'il banda en un tournemain. Jamais il n'avait visé si juste et la flèche alla se loger directement dans le front de l'hydre qui s'écrasa en un splash sonore.
Rahan se dirigea vers la jeune fille, toujours en état de choc, et qui ne savait pas à qui elle devait ce miracle. Rahan apprit qu'elle s'appelait Lucy et qu'elle avait perdu sa tribu. Rahan lui promit à cet instant de toujours veiller sur elle. Chose qu'elle accepta bien vite, la vie préhistorique n'étant pas si facile pour une fille seule, mais aussi et surtout parce qu'éblouie par la beauté de Rahan. Dans ses bras velus, Rahan fit la plus plus merveilleuse de ses découvertes : l'amour.

Le 30 novembre 1974, une équipe de savants venus des États-Unis et de France découvre un squelette, magnifiquement conservé, dans les collines desséchées de l'Afar, au nord-ouest de l'Éthiopie, non loin de Djibouti et de la mer Rouge. L'histoire n'a retenu que Lucy, oubliant que quelques mètres plus loin reposait son époux protecteur Rahan.

*Voir Rahan : Le ballon rond
** Nommée aujourd'hui le grand Rift

Alors ok, tu as déjà rédigé le premier épisode sans femelles, tu avais le droit de faire dans l'eau de rose, surtout en un jour pareil!
Encore très historique tout ça, et bien documenté comme il se doit.
Quelques répétitions seraient à revoir, qui alourdissent, sinon c'est sympa.
On va bientôt pouvoir faire un recueil avec tous ces textes sur l'épopée Rahan, et c'est pas fini!
;-)

Oui Mentor, je viens de voir les répétitions. J'ai voulu aller trop vite. Désolé! -)

C'est une belle histoire Not, quelque chose de charmant se dégage de ton texte.

Je ne sais comment tu as fait pour resister là "Que voulez-vous? Rahan les appréciait poilues!" (j'aurais écit "Que voulez-vous? Rahan les aimait à poil":-)

Si je vais creuser un peu plus loin: a moi la gloire!!!!!
Belle histoire d'amour....

Registre un peu différent cette fois pour toi Noth'. Un ton plus narratif, plus descriptif, absence de dialogue et de pointes d'humour ironique... une belle histoire au final. le début me paraît un peu trop austère, trop descriptif, mais à partir du milieu, jusque la fin, ça semble plus dynamique, je préfère cette partie. Et c'est pas mal cette invention de l'amour version Rahan!

Un texte qui raconte, et plutôt bien, mais qui ne suggère pas et ça me manque. C'est très descriptif, très narratif, tu plantes bien la trame de l'histoire mais ton texte me fait penser à une ligne droite: tu pars d'un point A pour arriver à point B, c'est nickel, droit et lisse mais moi j'aime bien les courbes! C'est une question de goûts après...
Et puis oui, les répétitions j'ai buté dessus aussi, il manque une relecture sans doute...

J'aime bien Not'! Ca se démarque des autres textes et puis ça donne à Rahan une touche de romantisme, ce qui n'est pas sans me déplaire. Le côté historique, loin d'être barbant, apporte de la crédibilité à ton texte.

Euh... un peu l'impression de regarder "L'Odyssée de l'espèce"... Pour le sujet, je pense que tu aurais pu te lâcher davantage, laisser tomber le ton narratif et un peu intellectualisé que tu emploies souvent, et rendre le tout plus dynamique.
L'idée de détourner la contrainte en utilisant Lucy est sympa, mais bon, ça manque peut-être un peu de piquant pour moi...

D'accord avec l'ensemble des remarques des commentaires précédents, cependant j'ai trouvé qu'il se dégageait de ton texte beaucoup de tendresse même si préhistorique.

Dis donc, c'en est presque émouvant la fin !
Il a tellement pris soin d'elle que voilà, parfaitement conservée !
Pour un peu tu me faisais pleurer (oui oui je sais... :0)

Un peu de mal au début, trop descriptif pour moi, mais ensuite ça se lance, et ça finit en beauté, et c'est bien pensé je trouve !