Rencontre VE

Je suis dans ma petite voiture, une AX blanche tout pétaradante. Et elle, dans les bouchons. Ça n’avance nulle part ; le périph, les quais, les avenues, les trottoirs, je suis bloqué. Quelque chose veut que j’arrive en retard. Comme à chaque fois ; sauf que là, vraiment, c’est pas de ma faute. Ça fait une heure que je suis parti de mon Val-de-Marne.



Paris est incroyable. C’est une grosse ville comme les autres, surpeuplée, pressée, qui ne sait plus où donner de la tête, vieille folle qui parle toute seule. Mais il y a quelque chose d’autre. Au-delà de ses lumières, au-delà de ses vieux bâtiments crâneurs, au-delà même des écharpes et des bérets. Et autour de la gare Saint-Lazare, où je cherche cette foutue rue du rocher, ce truc est palpable. Je le respire.
Je sens que la soirée va être bonne.

Ce serait un film, ça ferait cliché ; mais une place se libère sous mes roues. La musique dans mon ipod se fait un peu plus délicieuse. Le volant, moqueur, me rappelle que la direction assistée, c’est pour les fillettes. Ça tombe bien, je suis un dur à cuire. Et j’ai autre chose à faire que perdre mon temps : j’ai un forum sur le feu.
Sur le trottoir, juste devant un bistrot déglingué, fume un banc d’exclus, des hommes et des femmes qui luttent contre le froid et le ridicule pour quelques bouffées de nicotine. Je les plains un peu, même s’ils me font rire. Pas comme tous ceux qui attendent la soupe populaire sur la petite place juste en face. Je la traverse, plein de honte. Les volontaires qui servent le bouillon sont des gens bien. Moi, j’ai des habits propres, blanc et beige et des chaussures sans trous.
Soudain j’ai peur.
Peur de passer pour un ignare, d’être incapable de suivre la conversation.
Alors je me dépêche. Plus vite j’y serai, plus vite je saurai.
Comme elle est apparue, la place des miracles disparaît de mes pensées.



J’arrive devant le Rocher Saint Lazare. Un troquet rouge, crème et or ; un de ces bars anonymes qu’on trouve à chaque coin de rue, avec ses habitués, le serveur et sa gouaille, le chiffon sur l’épaule du patron et les télés qui retransmettent, dans le désordre, le quinté plus, le rugby, le cinq et l’as.
Je me sens tout con, observé et pas à ma place. Un touriste, en somme.
J’ai dix minutes de retard. Rapide coup d’œil. Où sont-ils ?
Il y a des dames ce soir, oublions le comptoir.
Je cherche une table quand un crâne, nu comme un œuf, me sourit.
T-shirt orange, l’œil rieur, petit anneau à l’oreille gauche, le rasoir en grève, une poigne franche et chaleureuse : c’est Yali. Entouré de trois femmes. Je commence, gêné, à personne en particulier :
— Bonjour…
— Kazar, me coupe-t-il en souriant.
— Oui, c’est moi.
Il est assez fidèle à la photo qui traîne sur son site — mais ce soir il ne pose pas. Ses yeux sont bleus et disent qu’ils en ont vu. Son visage, qu’il a vécu. La gentillesse pousse sur ses joues en une barbe poivre et sel ; ses dents confessent un amour immodéré pour le tabac. Il a une gueule, pour sûr ; et en y regardant de plus près, quelques cheveux, aussi. Sur le côté, à l’arrière. Rasés comme pour faire oublier la peau qui gagne du terrain. Il en avait fait tout un plat, avec Kill, de ses cheveux. Mais c’est pas la cata.

J’embrasse les filles qui se présentent une à une.
Socque est brune. Avec des yeux noirs qui transpercent. Elle a le regard direct et amical, ce petit quelque chose qui me fait me sentir bien. Peut-être parce qu’elle a le même âge que ma mère. Marrant, de mettre un visage sur un pseudo. Et puis maintenant, je peux la tutoyer.
Il y a ensuite Krystelle. Elle, est blonde ; et pour faire complet, ses yeux sont bleus. Je pense à Coline et à sa description imaginaire et je me dis qu’un débardeur, c’est tellement plus joli qu’un jogging de grande sportive. La modératrice n’est pas beaucoup plus vieille que moi et me rappelle une amie d’enfance.
Puis Lucy et son sourire perpétuel. On dirait qu’elle est bloquée, qu’elle a une sorte de tétanie des zygomatiques. Sa voix est douce, fluette, et en tendant bien l’oreille, je découvre que ses « a » sont un peu fatigués et s’affaissent en « o ». Vestiges du Canada à n’en pas douter. Elle est petite, paraît fragile ; je me demande comment elle fait pour vivre là-bas, dans sa campagne sauvage et enneigée.
Je m’assois et commande un verre. Un coca : j’attaque fort.
Premiers échanges. Un peu formels, pour délier les langues. Je taquine Yali sur Balthus ; il ne marche pas, reste cool, prend une deuxième bière.

Un grand mec arrive, sourire accroché sous une perruque bouclée. C’est Killgrieg. Il est sympa, très, un peu volubile et remonte les manches détendues de son pull beige. Ses yeux plissent aux coins. Il s’assoit en face de moi en découvrant son crâne. Je vais aimer ce type, c’est sûr.
C’est confirmé quelques minutes plus tard : il sort un bouquin, en arrache les cinq premières pages et les tend à Lucy :
— Tiens, lis ça.
Une histoire d’écrivain qui parle comme un gamin, ou quelque chose comme ça. Puis il se tourne vers moi :
— Quand je l’aurai fini, dit-il en agitant son livre, je te le filerai. Pour que tu voies ce qu’est la sobriété.
Il a fini sa pression.

Il fait faim. Les frites de Lucy ont disparu sous les doigts chapardeurs. Faut dire que le septième nous a rejoints : Loupbleu, l’ingénieur mystère que-personne-n’a-su-m’expliquer-ce-qu’il-fait-dans-la-vie. Il est timide et reste au chaud près de ses vieux amis, Krystelle et Yali. Il a l’air si gentil, avec ses yeux doux éclos d’un visage tout rond et son bouc noir comme le jais. J’ai envie de lui parler mais il est trop loin : les autres clients braillent de partout.

Dans la rue nous cherchons, quelque part au milieu du froid, un endroit où manger. Mon t-shirt et les bras nus que je trimballe intriguent.
— Il est pas normal, celui-là ! j’entends derrière moi.
— J’ai des problèmes de thyroïde !
J’ai répondu comme d’habitude. Mais les blagues de médecins ne font rire que les médecins. C’est nul.

Je me sens terriblement bien. Nous avons trouvé une terrasse chauffée et mangeons avec appétit, buvons sans soif. On parle de littérature, évidemment ; je suis inculte mais ils ont le tact de ne pas m’en vouloir. Les goûts s’échangent ; Krystelle est fâchée avec les polars tandis que Kill raconte tout en américain. On le prend pour Tommy Lee Jones : je ne suis pas d’accord. Socque me traduit la conversation quand je suis trop perdu et Lucy, là-bas, griffonne tout ce qu’elle entend d’intéressant. En souriant, bien sûr. Loup, débonnaire, m’explique que le livre écrit « seulement avec des e » comporte aussi des consonnes. Idiot que je suis. Ça doit pas être facile à lire, un truc en Eèeéeeê.
Fred Loiseau s’installe avec nous et chacun le voit différemment. Débat.
Tout le monde fume. Yali également, quand il martèle qu’Into the wild est une critique ratée de la société américaine.
C’est faux, mec. C’est juste beau.

Les desserts sont avalés, les cafés bus. Minuit et demie ; Socque, à la hâte, file vers son métro. Loup est fatigué. Trop d’Oulipo tue. Lucy la Normande a raté son dernier train pour Rouen ; avec Kill, ils votent nuit blanche. Cinq heures d’alcool ne sont pas si longues que ça. Yali acquiesce. Krystelle a du boulot, des concours à réviser ; mais la promesse d’une nuit tamisée remporte bien des suffrages. Moi, je vais bien. Je reste aussi.

L’AX est aussi lourde que nos estomacs. Je conduis la troupe au repère de Kill — un bar sans nom, sans enseigne. Derrière, les deux échevelés et la petite, comme ils l’appellent, ont les genoux sous le menton et des fourmis plein les jambes. Lucy, sur le siège passager, rigole doucement. Il n’y a pas de musique dans ma voiture mais Kill s’en charge ; il ne devrait pas.

— Y’a plus de livraison à cette heure-là, lâche Yali.
Vrai. Alors je me gare sur la grande croix jaune.

Le bistrot est invisible. Pas un néon, pas une lettre, rien. Juste deux immenses fenêtres et une petite porte d’où débordent les fumeurs. On entre, tassés ; le chemin jusqu’à la table du fond n’est pas facile. Une heure du matin et les gens mangent encore des fondues savoyardes, spécialités de la maison.
J’ai faim.
Nous nous asseyons. Kill connaît tout le monde ici, du patron, rond comme les coins de table qu’il prend dans les cuisses, jusqu’aux types accoudés.
Je suis fasciné par le lieu. La lumière est fatiguée, maintenue éveillée par des bougies et une lampe cabossée. Les grosses pierres des murs sont tapissées de posters défraîchis, de photos jaunies, de babioles poussiéreuses ; il n’y a aucune unité dans ce fouillis, tout se mélange au petit bonheur la chance mais cela donne, sans le vouloir vraiment, une ambiance particulière. La musique passe de Hugues Aufray à Sheila en n’oubliant pas Corona. C’est juste surréaliste.
La clientèle se divise en deux camps bien distincts : les tables, venus pour l’atmosphère et les comptoirs, venus pour oublier. Ceux-là ont toute mon attention. Des poivrots édentés, des mecs aux gueules cassées, aux corps chancelants, qui noient je-ne-sais-quoi au fond de leur verre. Ils s’embrassent, se gueulent dessus, essayent de danser et vont pisser de travers. Mais ils sont seuls. Chacun se bat contre lui-même et demande à l’autre d’en être témoin.
Je me sens incapable de décrire tout ça. Bukowski est passé par là, selon mes amis.

Yali est fait. Kill aussi, mais ça se voit moins. Ils font des allers-retours d’ici au trottoir, pour se goudronner les poumons. Avec les filles, on parle beaucoup : voilà à quoi ça sert de ne pas fumer ni boire. On fait des photos. Encore ratées comme dit l’autre. C’est pas grave, elles existent. Je les regarde et elles me plaisent.

On discute mais on oublie. Enfin, ils oublient. On rigole beaucoup, on se chambre, on s’entend bien, je crois. Dingue ce que le hasard amène sur les berges de la vie. On me raconte une version païenne des anges qui se retrouvent. C’est beau.
La nuit n’est pas finie mais je regrette déjà l’aube approchante.
J’arrêterais bien le temps, moi.

Ces dames grimpent dans un taxi. Trois heures du matin, je dis au revoir à Lucy : elle retourne bientôt au Saskatchewan. Elle va passer ce qui reste de la nuit chez Krystelle qui — la pauvre petite ! — se lève dans un peu plus de deux heures.

Je reste un peu avec mes potes. Je vais bien.
Kill dit que ce que j’écris, ce n’est pas de la littérature. M’en fous. Ce que je bois n’est pas de l’alcool, moi, mônsieur. Avec Yali, ils pestent contre mes cheveux blonds, plus longs que les leurs et façonnés par le vent d’Ouest. C’est vrai que je ferais la gueule à votre place, les mecs !
Je suis peut-être un peu naïf, mais j’ai l’impression de les avoir toujours connus.

C’est l’heure.
Je me lève demain.
Alors je les embrasse et monte dans ma petite AX.

Dans mon lit, il est cinq heures. J’écrirais bien le début de tout ça.



Je m’arrête.
Oui, je déguste.

Bonne nuit, vous.

On discutait depuis un moment déjà.
Il y avait là, la petite : une blonde au yeux très bleus. La petite, à peine plus âgée qu’un autre qui se pointera en retard, comme on s’y attendait, la petite qui porte ce surnom parce que je le lui ai offert voilà quelques années déjà, tellement d’années que je ne me souviens plus trop si c’était au coin du feu ou sur un coin d’oreiller ? Il y avait Lucy, que ladite petite avait été chercher sur une banquette lui disant, «  Bonsoir Socque, moi c’est Christelle ».
Ridicule.
Lucy au sourire extatique, au regard d’une douceur sans limite, pile le genre de regard et le genre de minois à réconforter un troupeau de condamnés à mort tandis qu’ils grimpent à l'échafaud désormais sereins, tranquilles, limites innocents, d’être graciés quelque part sur terre ou aux cieux rien qu’en la regardant. Puis il y avait Soques, arrivée un peu plus tard, mais rejoignant notre table d’emblée, comme s'il ne pouvait y avoir d’autre table que celle-ci. Socques : paroles décidées, alertes, intelligentes, et yeux chassant alentours, fouillant le paysage de bistrot et nous fouillant nous, sans perdre la discussion d’un bout.
De quoi parlions nous ?
Nous parlions du talent d’un certain nombre et de la paranoïa oisive d’un précis.
À partir de là, je ne vous la fais plus dans l’ordre.
Pierre s’est pointé, comme à son habitude théâtrale, comme à son habitude et comme je l’aime : toujours placé entre l’humour brillant et le grossier, entre caresse et godemichet. Jugez plutôt : perruque sur la tête et distribuant les pages d’un bouquin, quelques unes parce qu’elles étaient belles, quelques unes seulement parce que le reste, il l’avait pas encore lu.
Puis vint Loup.
Faut que je m’arrête quelques mots sur Loup.
Loup, c’est une intelligence qui se contraint dans un costard. Loup, c’est notre héros, le seul capable de conduire une Alpha Roméo équipée d’un GPS cent pour cent italien et à la voix aguicheuse pour ne pas dire salope. Le GPS se nomme Jullieta. Loup c’est le plus doué des trois. Et Loup explique le bicarré latin comme personne, tellement comme personne que personne ne comprend. Alors on se tourne, alors on hausse les épaules histoire de dire et on commande une bière parce qu’on sent bien qu’on est pas à niveau.
Mais revenons à nos moutons.
À cet autre dont je vous causais tout à l’heure.
Remarquez qu’il y a pas d’urgence vu qu’il est en retard.
Mais tout de même, après avoir vérifié watt-millions de fois sur des montres que nous ne possédons pas, il est en retard.
Je cherche.
Chaque fois que la porte s’ouvre, je m’intrigue comme dirait Pagnol.
Un poivrot.
Deux poivrots.
Trois poivrots
Je fais pas le tour de table, là, vu que ni Pierre ni Loup ne sont là.
Suivez un peu !
Une jolie fille.
Ça peut pas être ça.
Deux jolies filles.
Encore moins.
Ah ?
Non !
Non !
Non, je vous dis. Celui-ci ne rentre pas dans un bar mais dans un Manga.
Enfin, je me le dis à moi. Il semble tout droit tiré d’un épisode de Naruto, et, parce que, sûrement, les bistrots aux antipodes sont pas les mêmes que chez nous, il semble un peu gêné, un peu gauche.
En même temps, peut-être que c’est le première fois qu’il fait la couverture d’un Manga.
Alors ça ce comprend.
Surtout pour la coupe de cheveux.
Ça gèle la haut, ça s'irise au soleil, ça se blondine.
Il commande un Coca.
Doit me regarder au travers parce qu’il me trouve les yeux bleus.
Lucy se penche, me dit :
— Tu trouves pas qu’il a un air de Horst Buchholz.
— Version Naruto alors.
Elle acquiesce.

Ils étaient sept, ce soir-là, donc.

D’abord, lui :

Yul, c’est celui qui mène. Il vous entraîne à travers les rues, dans la nuit parisienne, ( oui, ils en avaient marre du Mexique, les sept mercenaires ! Alors, ils ont voyagé. ) il vous guide et vous, vous suivez. Qu’est-ce que vous pouvez faire d’autre, d’abord ? Pas beaucoup de cheveux sur la tête, qu’à cela ne tienne : une perruque fera l’affaire. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Pour quoi faire, ces cheveux ? Yul était bien mieux sans, de toute façon.



Le proche, au regard perçant :

Steeve. Il vous torche les mots, vous sort des trucs de dingue avec un sourire à tout casser et vous, vous suivez. Qu’est-ce que vous pouvez faire d’autre, d’abord ? On écrit comme on respire, au pays des mercenaires reconvertis. Les flingues, c’est plus le meilleur moyen de se faire respecter. Alors, pourquoi canarder ? Il faut que je vous dise que Steeve aime le cinéma.



Pour compléter le trio de tête, voici venir :
Brad. Il est discret Brad, mais quand il parle, ce n’est jamais pour dire tout et n’importe quoi. Oui, quand il parle, vous l’écoutez avec attention. Qu’est-ce que vous pouvez faire d’autre, d’abord ? Il sait se faire respecter et partage les passions de ses deux compères. Il aime l’italien, entendre parler l’italien. Il pourrait aller jusqu’au bout du monde au volant de sa voiture, pourvu qu’on lui parle italien. Puis, regardez-moi ce sourire !



Ah, voici Robert. Robert, c’est l’éloge de l’élégance. Plein de douceur et de gentillesse, on aime discuter avec « lui ». Il est invitant, Robert. Courageux, aussi. Vous ne pouvez vous empêcher de l’admirer. Qu’est-ce que vous pouvez faire d’autre, d’abord ? Un sourire affiché sur un joli visage, Robert vous surprendra par son savoir mâtiné de modestie.



Celui-ci, je l’admire depuis toujours. C’est James. Déjà, ce prénom ! Je ne peux que m’incliner. Les lanceurs de couteau, dans les westerns, j’adore. Mais, celui-là, c’est mon préféré. Il manie les mots comme personne, fait toujours mouche. Il en connaît un rayon et vous impressionne toujours. Qu’est-ce que vous pouvez faire d’autre, d’abord ? Quand on le rencontre, la réserve des premiers temps fond comme neige au soleil pour révéler un caractère fort aimable et « un compagnon » fort agréable.



Le petit dernier, le jeune premier, c’est lui, évidemment : Horst. La mèche classieuse ( rousse, évidemment ! ). Tout fou, enthousiaste, c’est du vif argent. Je ne vous dis que ça ! Sa bonne humeur est communicative et vous passez votre temps à avoir la banane, comme lui. Qu’est-ce que vous pouvez faire d’autre, d’abord ? Sourire, c’est mieux que de tirer une tête longue comme le bras. Pas vrai ?



Lui, c’est Charles. On sait pas grand-chose de « lui », si ce n’est qu’il s’occupe des enfants des autres. C’est son métier. Depuis qu’il a visionné Le Voile bleu, il se demande s’il ne finira pas comme l’héroïne : mourir pour sauver un enfant, ça le dérangerait pas ( il l’a déjà fait, une fois, au Mexique ! ). Il sourit beaucoup, Charles, et il s’en rend même pas compte. Mais bon, qu’est-ce qu’il peut faire d’autre, d’abord ? Surtout quand il pense à…



Eli. Malgré son absence, Eli était là, avec les sept, tout au long de la soirée. De la nuit, peut-être ? Campé dans son QG, « il » était pas content de ne pouvoir venir avec les autres, écumer les bars ( mais non ! Mais non ! ) et il a pensé si fort à eux qu’il s’est retrouvé là. Rêver, il sait faire. Qu’est-ce qu’il peut faire d’autre, d’abord ? C’est en rêvant qu’on invente les plus belles choses et, Eli, il en a fait de belles. Il s’est affranchi. Regardez : il en fait partie :